A 17 ans Antoine Huby (VCP Loudéac) a déjà un beau palmarès de crossman; Champion de France cadets, champion de Bretagne juniors, 2ème de la 2ème manche de coupe de France juniors à Pierric le mois dernier, 1 top 20 à Coxyde en coupe du monde cette saison, vainqueur à Lanarvily la semaine dernière, le Breton va remettre son titre régional en jeu demain sur le circuit de Camors. Même si la victoire reste son objectif principal, Antoine Huby cherchera surtout à se faire plaisir comme sur chaque cyclo-cross. Un moment de pur « délire », de sensations fortes saupoudrées d’une bonne dose d’adrénaline. Le cross est bel et bien un art à part, un autre monde que celui des routiers. C’est aussi l’occasion pour ces « dirty bikers » de se retrouver entre potes et de se tirer la bourre dans les sous-bois, sur ces chemins plus généralement empruntés par les sangliers dans cette nature sauvage. Ca tombe bien Antoine Huby est un amoureux de ce monde, de cette faune, il en a même fait ses études en préparant un bac pro « Gestion des milieux naturels et de la faune. » Et ce milieu, il le gère de bien belle façon…
Antoine Huby, comment es tu arrivé au cross?
Antoine Huby; « Je viens d’un famille de cyclistes. Mon père, mes oncles, tout le monde étaient trempés dans ce milieu autour de moi. Et donc naturellement, je suis venu à enfourcher moi aussi un vélo. Au début, le cross venait compléter ma formation en hiver après la saison route mais je me suis réellement senti bien au sein de cette « famille ». Depuis, je suis devenu un adepte, un « crossman » (rires). »
Que ressens tu avant le départ d’un cross?
« Je ne peux pas le décrire je pense. Tu es dans ton « truc », tu sais ce que tu dois faire et tu te remémores le circuit. Oui, tu montes un peu en pression et quand le coup de feu part, tu lâches les gaz, tu es vraiment en mode « full gas » jusqu’à la ligne d’arrivée, tu ne penses à rien d’autre, tu n’en pas pas le temps, ni l’envie par ailleurs… »
De plus en plus de jeunes arrivent au cyclo-cross. Dernièrement, à Lanarvily, il y avait beaucoup de jeunes enthousiastes dans le public pour vous soutenir.
« Oui, j’ai remarqué ça au fil des cross. C’est vrai que l’on a tous des copains qui viennent nous encourager et c’est super sympa de les avoir avec nous, ça nous motive encore plus mais c’est vrai que de plus en plus de gars de mon âge y viennent. Ca dure une heure, une intensité incroyable, jamais de temps morts et je pense que c’est pour ça que nous, les jeunes, on aiment ça. Et on a des bons ambassadeurs comme Théo Thomas, Antoine Besnoit ou Mickaël Crispin entre autre. »
Pas encore la fièvre que l’on trouve en Belgique ou aux Pays-Bas?
Non, pas encore ça (rires) mais on y arrive doucement je pense. Là bas, ce sont des monstres dans tous les sens du terme. Non seulement ils savent mettre l’ambiance avec tout un tas de trucs comme des DJ, mais c’est aussi leur véritable culture le cross. Ils ont des équipes avec des véritables champions car ils y ont mis les moyens financiers, c’est une autre planète. En France, certains cross se sont rajeunis et des équipes ont été créés comme celle de Steve Chainel avec « Chazal Canyon ». Ils ont des très bons coureurs comme Antoine Benoist qui cartonne en coupe du monde et Mickaël Crispin qui sont aussi mes amis. Steve a permis à notre génération de nous retrouver dans le cross. C’est un début et je pense que ça va monter en pression au fil des ans.
Nous sommes des potes avant et après la course mais durant l’épreuve, c’est du chacun pour soi
Pourquoi le cross t’attire plus que la route?
Le feeling peut-être. Dans le monde du cross, on ne se prend pas le « chou ». On se connaît tous, nous sommes tous des potes. Quand on en court pas pour nos équipes respectives, on se retrouve sous le maillot de l’équipe de France. Oui, c’est ça, nous sommes des potes avant et après la course mais durant l’épreuve, c’est du chacun pour soi mais avec un grand respect pour chacun d’entre nous. On ne se fait pas de cadeaux durant un cross. Quand la ligne d’arrivée est franchie, on se retrouve et on se congratule mutuellement, on redevient les potes du départ. C’est ça le cross! Sur la route, c’est différent. Même si la course est terminée, les gars se comparent avec leurs places, ils restent toujours en compétition. Pour ma part, je ne retrouve pas cet esprit de cohésion et familial sur les courses sur routes. Dans le cross c’est différent, on ne se prend pas le chou, oui!
Il nous faut rêver à ces grands rendez vous, sinon sans rêve que nous reste t-il?
Le premier champion du monde était Jean Robic en 1950. Qu’est ce que cela t’inspire ?
Je ne savais pas pour Jean Robic… Ca m’inspire la matérialisation d’un rêve. Champion du monde… C’est énorme. Il faut toujours avoir des rêves mais si on sait qu’ils sont très difficiles à atteindre. J’aimerai, un jour, revêtir ce maillot. Mais désormais des Français peuvent y accéder avec des gars comme Antoine Benoist qui a un grand potentiel, il fait plusieurs podiums en coupe du monde et il peut battre Tom Pidcock j’en suis sûr. Il y a aussi Théo Thomas qui a fait 4ème chez les juniors à Coxyde. Oui, il nous faut rêver à ces grands rendez vous, sinon sans rêve que nous reste t-il?
Ton coureur de référence?
Pffff…. Comme pas mal d’entre nous, c’est Mathieu van der Poel. Il a une classe folle et il sait ce qu’il veut. Il court bien et gagne en patron. Il est capable de tout sur tout les terrains. Mais plus proche de moi, je m’inspire aussi d’Antoine Benoist. Je ne suis pas omnibulé par Antoine (rires) mais il a aussi une certaine classe et une envie d’aller chercher la gagne, il se donne à fond tout le temps sans ne rien laisser au hasard.
Tes objectifs pour le championnat de Bretagne à Camors?
Conserver mon maillot, je l’aime bien celui là. On va tout faire pour ça. De toute façon, ce sera une beau cross demain à Camors
Photo en-tête par Olivia Nieto Photographies