Depuis quelques jours, dans les sous-bois ou au plus profond d’une vallée, on peut entendre les voix d’une saine révolte. Si par hasard un dimanche d’hiver, vous entendez justement ces éclats de voix venus de la forêt, ne vous inquiétez pas! Ce ne sont pas ceux des trappeurs Canadiens en quête d’une queue de castor, non! Ce sont les voix des crossmen, ces mecs un peu barges venus d’une autre planète que l’on nomme Cyclo-cross. Allez les rejoindre dans leurs « mud-trip », chaussez vos bottes et n’ayez crainte. Vous assisterez alors à une fête inoubliable, un peu boueuse peut-être, parfois trempée et surtout casse-gueule. Non ce sont pas des « teufeurs », visages crasseux, sortis d’une rave sauvage organisée à l’arrache derrière les sous-bois mais bien ce que l’on appelle des « crossmen ». Ceux là se défoncent à grands coups de bikes sur des chemins empruntés seulement par les sangliers. Rien à voir avec ce que l’on connaît par la lucarne de notre télé, de ce que l’on nomme « cyclisme sur route ». Non, là vous arrivez dans un autre monde. Nous avons interrogé l’un des ces extra-terrestres, Antoine Benoist (du clan Chazal Canyon), 19 saisons au compteur mais déjà un beau palmarès. Alors juniors, il avait aussi un beau récital à son actif comme sa victoire sur une manche de la coupe du monde à Fuiggi puis la saison suivante une belle 6ème place aux championnats du monde espoirs. En ce début d’hiver, il vient de prendre une prometteuse seconde place sur la 1ère manche du Challenge National.

Antoine Benoist, te voilà débutant ta saison de cyclo-cross, ta première passion. Pourquoi est-ce si différent de ta saison de routier?
Antoine Benoist: » Oui, la saison est lancée, quel pied! Pourquoi le cyclo cross? Car tout d’abord j’adore ce type d’effort, ainsi que les types de circuit. C’est là, en ces lieux, où je me fais le plus plaisir en compétition comme à l’entraînement contrairement à la route parfois. Rouler tout le temps sur route est un peu plus chiant durant l’hiver. Alors que là, tu prends ton bike de cross et tu vas t’éclater sur ton circuit d’entraînement, c’est juste top! Tout comme l’ambiance sur le bord des circuits mais surtout, c’est plus convivial, tout le monde se connaît, nous sommes de la même planète (rires)! »
« Vas y , fais toi plaisir et donne tout ce que tu peux donner »
Qu’est-ce que tu ressens, au plus profond de toi, quand tu prends le départ d’une épreuve?
Ce que je ressens en premier, ça commence souvent sur la ligne. Ce moment où le commissaire t’annonce « 30 seconde » avant le départ. Là, il y a toujours ce bref instant, ce « boum boum » qui vient de ton cœur. Ensuite une fois le départ lancé, tu n’as plus qu’à te dire: « Vas y , fais toi plaisir et donne tout ce que tu peux donner ». Cela dure 50 minutes ou 1 heure, tout dépend des courses. Et puis si pour finir le résultat est correct une fois la ligne franchie, ce n’est que du pur bonheur. »
En Belgique et aux Pays-Bas, ces épreuves sont des véritables messes avec des milliers de spectateurs. Pourquoi est-ce si différent en France?
Je pense qu’il faut évoluer sur le côté ambiance sur nos cross tricolores.

se faire plaisir sur un vélo, s’amuser de façon intense
PHOTOS PAR YOHAN CHEVILLARD