Il était le seul coureur noir sur le Tour de France 2020, « un sport peu ouvert au cyclisme africain » souligne ce dernier, Kevin Reza (B&B Hotels) déplore le manque de solidarité dans le cyclisme alors que d’autres sports opèrent à des profonds changements dans le sillage du mouvement Black Lives Matter.Lui aussi a reçu des insultes racistes de la part de Michael Albasini en 2014 et de Gianni Moscon en 2017. Son compatriote Nacer Bouhanni (Arkea Samsic) vient d’en faire les frais sur les réseaux sociaux après le sprint houleux lors de la course Cholet-Pays de la Loire. Il a accordé une longue interview au site Cyclingnews à ce sujetDepuis quelques années, les plus grands sponsors misent sur la mixité raciale et sociale telle la société Trek ou Specialized. Le monde du sport évolue mais pas assez dans le cyclisme selon Kevin Reza, Tao Geoghegan Hart et tant d’autres. Kevin Reza à Cyclingnews:
« J’ai été déçu par le monde du sport en général. Je l’ai dit à quelques reprises: ce n’est que du sport. Certes, Nacer a commis une erreur, exprès ou pas, on ne le sait pas, mais il reste un être humain avant tout. Personne ne doit le menacer ou le critiquer à cause de sa religion, ses origines ou de sa manière de courir. C’est avant tout un cycliste (…) Nous ne pouvons que dénoncer les attaques contre lui et demander à ceux qui passent leurs temps à haïr d’arrêter simplement de le faire en ligne sur les réseaux sociaux. »
Sur le dernier tour de France, les coureurs ont dénoncé le racisme sur la dernière étape, événement très médiatisé à l’étranger, en portant un masque avec cette inscription inscrite dessus; « NO RACISM »

Kevin Reza: « Depuis le Tour de France, rien n’a beaucoup changé. J’ai beaucoup entendu parler mais je n’ai pas vu beaucoup de mesures prises dans les différentes organisations (notamment l’UCI) qui gère notre sport. C’est dommage mais c’est comme ça.
(…) Je ne dirais pas que je suis déçu de ne pas voir beaucoup de coureurs issus de la diversité ethnique. Je ne sais pas si je serai le dernier black de Guadeloupe à avoir couru en tant que pro. Je croise les doigts pour que ce ne soit pas le cas. De nombreux coureurs amateurs issus des Caraïbes tentent leur chance sur le continent européen. Ils doivent poursuivre leur rêve. J’ai moi-même atteint mes ambitions, j’ai pu les réaliser. Je suis pro depuis onze ans.
Ce n’est pas facile de quitter la maison et de partir à 8 000 kilomètres de chez toi, de partir d’un climat chaud et agréable pour venir s’entraîner en hiver. Cela vous oblige à être mentalement à être très fort et être prêt à subir de nombreux sacrifices. Mais si certains d’entre nous l’ont fait, cela reste possible pour d’autres aussi. »
s’ils n’ont pas les capacités physiques ou mentales pour le faire, la couleur de la peau n’a pas d’importance. Ils n’auront tout simplement pas de carrière
Le projet Qhubeka (en 2013) devait promouvoir les coureurs africains mais qui, 8 ans après leur création, ne possède que très peu de coureurs de ce continent en 2021Kevin Reza
: » Tu ne vas pas leur jeter la pierre. Ils avaient, au départ, un beau projet. Je ne sais pas si ils ont encore des talents africains en train de se développer. Il n’en reste plus que quelques-uns dans leur équipe WorldTour, mais cela signifie également qu’ils ont aidé ces derniers à se développer. Au moins, ils ont osé le faire et ils ont fait avancer les choses. Les coureurs doivent avoir une chance. Mais s’ils n’ont pas les capacités physiques ou mentales pour le faire, la couleur de la peau n’a pas d’importance. Ils n’auront tout simplement pas de carrière. »
Le message de Tao Geoghegan Hart, celui de donner une chance aux jeunes coureurs issus des minorités ethniques

Kevin Reza: « J’ai lu ce que fait Tao en faveur d’un coureur défavorisé. C’est remarquable. Il peut se le permettre et il se donne la possibilité de le faire. Il donne un coup de main à un coureur qui n’est pas forcément intégré dans le monde du cyclisme et qui aura la chance de s’épanouir dans notre métier, qui reste un beau métier quoi qu’il arrive. C’est une très bonne chose à faire. Tao a la tête sur ses épaules. »
j’espère vivement des changements radicaux dans notre monde. Cela commence par le respect
« Personnellement, j’ai parlé de la nécessité de changer les choses. Je n’ai pas le pouvoir de faire grand-chose. Tout ce que je peux faire, c’est dénoncer ce qui ne va pas et suggérer ce qui pourrait être fait. Je ne suis pas dans le bon timing ni dans la capacité financière d’aider qui que ce soit précisément pour le moment, mais j’espère vivement des changements radicaux dans notre monde. Cela commence par le respect. »