A l’heure actuelle, le cyclisme à travers le monde perd de ses licenciés, chaque année… Les raisons en sont diverses comme la sécurité sur les routes qui est devenue un véritable fléau international. Beaucoup d’entre nous n’utilisons plus le vélo par peur de ne pas voir rentrer l’un des siens, des amis ou soi même. Les élus ne s’investissent guère pour résoudre le problème par peur de perdre un électorat plus important que celui de la communauté cycliste. Ce problème, du coup, n’a jamais été pris aux sérieux dans de nombreuses villes et régions.Ensuite le prix des licences qui flambent, comblant un trou financier creusé, aussi, par ce nombre baissant de pratiquants. Par ailleurs, participer à une course coûte relativement cher en France ou ailleurs. Le prix d’inscription pour une seule course peut dépasser la dizaine d’euros sans compter les frais de transports pour s’y rendre. On arrive vite à laisser une trentaine d’euros pour ce faire plaisir. Avec la crise actuelle, tous ses vecteurs unis pèsent aussi dans la balance.Enfin, le prix des vélos et des équipements qui ne cessent d’augmenter avec , sans cesse, des changements imposés. Bref, on peut comprendre que ça puisse mettre un frein à celui qui voudrait se lâcher.Avec la crise actuelle, tous ses vecteurs réunis pèsent aussi dans la balance.Lors du dernier bilan de la FFC, personne n’était surpris de lire que le cyclisme tricolore avait perdu plus de 7000 licenciés et ceci sur toutes les catégories : cyclisme sur route, cyclo-cross, piste, VTT et BMX.
Le GRAVEL est devenu bien plus qu’un simple effet de mode.
Mais pourtant, il existe bien une catégorie non référencée qui ne cesse de progresser et d’attirer de plus en plus d’adeptes. Les courses se multiplient, réunissant parfois des milliers de participants. Ignoré par les instances mais pourtant de plus en plus vivant, le GRAVEL est devenu bien plus qu’un simple effet de mode.Le Gravel se pratique sur tous les types de parcours comme ceux des sous bois, les chemins de graviers ou de boue, les petits chemins de campagne et sur une partie bitumée. Il n’est plus rare, désormais, de croiser des familles entières roulant sur ces machines mi course mi VTT, loin du danger que sont les longues sorties sur routes, sur des bikes plus faciles à manier qu’un VTT et surtout très pratiques pour se rendre n’importe où. Le prix de ces montures est aussi largement inférieurs à ces cousins (pour l’instant). Le Gravel, c’est le vélo de notre enfance, un peu de tout, rafistolé, celui que l’on aimait pratiquer avec les potes comme Fernand et puis Paulette…
On a interrogé celui qui en est devenu un véritable adepte. Padraic Quinn est un ancien coureur pro Irlandais. Lui et son ami Rod Ellingworth (Bahrain McLaren) ont même roulé en france pour les couleurs de UVCA TROYES dans les années 90/2000. Patron de la marque de textiles cyclistes VELOTEC CLOTHES, il distribue à travers le monde comme les USA, l’Australie, l’Irlande, UK, Espagne ou encore en ColombieIl est aussi le commentateur à la télévision nationale irlandaise pour le cyclisme. Bref, le bonhomme connait le sujet. Il a vu le phénomène Gravel grandir. Désormais, il pense que cette discipline est devenu l’avenir de notre cyclisme.
Padraic Quinn; « J’aime le cyclisme. J’ai été coureur et le suis le serais toujours. J’ai roulé un peu partout en Europe et j’ai même créé une marque de textiles qui marche bien avec VELOTEC qui équipe aussi des grandes équipes et fédérations sur la piste. Le cyclisme fait parti de mon ADN et ça m’attriste de voir que les gens s’en éloignent. Mais comment leurs en vouloir?
Regardez tous ces vecteurs; l’insécurité routière ici en Irlande et ailleurs, on parle de vies humaines là. Puis le prix des licences qui s’envolent, les courses à qui deviennent de plus en plus chers pour les organisateurs, le prix du matériel qui faut sans cesse changer. Ca devient un sport de riche alors qu’avec la crise, on parle plutôt d’économie. Là, on a pas réalisé tout ça. Donc, au final, les gens s’en éloignent. »
Dernièrement, tu as repris le cyclo-cross, histoire de se faire un trip entre amis. Pourquoi le cyclo-cross?
« Parce que c’est génial. C’est vrai que je suis un routier mais sur un cyclo-cross, tu te défonces en toute sécurité sur un circuit comprenant les chemins de terres, les obstacles naturels, la route et l’ambiance est familiale. Tu retrouves cette sensation de ton enfance, quand tu partais avec tes potes après l’école. J’avais besoin de retrouver cette ambiance »
Et depuis quelques temps, tu t’es aussi mis au Gravel.
« Oui. C’est le pied le Gravel. Et tant mieux que cela marche. Ca nous vient des état-unis à la base. Puis c’est devenu vraiment important dans d’autres pays comme l’Australie, l’Amérique du sud, le Royaume Uni et en Europe dans les pays nordiques notamment. Il y a aussi pas mal de pratiquants dans le sud de la france, Espagne et Italie. Je vois ça avec les commandes que je reçois pour le textile avec les clubs et les courses.
Thomas De Gendt et Tim Wellens en sont devenus les ambassadeurs
Même des champions comme Peter Sagan, Thomas De Gendt et Tim Wellens en sont devenus les ambassadeurs. Pour Thomas et Tim, l’idée de leur trip de fin de saison #TheFinalBreakaway a été suivi par le monde entier. Les télévisions américaines, Irlandaises, anglaises en parlait. Ca ne concernait pas que la Belgique mais le monde entier. Et pourtant, ce n’était pas une course, c’était un trip Gravel entre 2 potes et les gens se sont reconnus en eux.
As tu écouté le discours de Greg Lemond quand il a reçu la médaille de l’UCI? Il dit bien que le Gravel est devenu plus important que le cyclisme sur route aux USA.
Le Gravel, c’est le S.U.V. du vélo
Pourquoi le Gravel est il devenu si populaire?
« J’ai entendu un gars dire un jour ; « Le Gravel, c’est le S.U.V. du vélo ». C’est exactement ça. Tu peux aller où tu veux avec un Gravel. Tu veux rouler sur la route, ok pas de problème. Puis tu veux changer d’itinéraire pour aller sur les chemins de terre, ok tu le fais. C’est le vélo de notre enfance. Celui qui morflait tant on l’envoyait par tous les chemins.
C’est beaucoup moins dangereux que la route. Ca rassure les parents et les pratiquants. Puis ça coute moins cher, et c’est très facile d’utilisation et en plus tu peux te rendre dans des endroits inaccessibles comme tu peux l’utiliser en ville. Enfin, le VTT n’a jamais vraiment percé car c’est trop spécialisé.
Les classiques belges et les Grands Tours d’avant-guerre avaient déjà inventé ce concept bien avant les USA.
Tu penses que le Gravel est l’avenir du cyclisme. Pourquoi?
« Oui, c’est vrai que j’ai dit ça. Mais en même temps, c’est un retour dans le passé. As tu déjà regardé les photos du Tour des années 50? Ceux d’avant guerre? Les mecs montaient des cols sur des chemins de graviers déjà mais on n’appelait pas ça le Gravel. Puis regarde le succès de la Strade Bianche? Ce mélange de chemins de graviers et de terre. Même Paris Tours s’est dénaturée pour ça. Alors que les classiques belges ou les Grands Tours d’avant guerre avaient déjà inventé ce concept bien avant les USA.
On prenait le créateur du Tro Bro Léon pour un dingue au début mais il avait tout compris bien avant tout le monde
Un jour, il y a longtemps, je me suis rendu en France dans le Pays du Léon. Je faisais un documentaire pour la télévision Irlandaise sur une course appelée « Tro Bro Léon ». Le créateur Jean Paul Mellouet me disait que tout le monde l’avais pris pour un dingue au début, un idéaliste. Mais le mec était précurseur, il avait tout compris bien avant tout le monde, bien avant la Strade Bianche. Il savait ce qui plaisait aux gens, ce cyclisme de base. Le Gravel c’est ce retour à nos valeurs. »
Les courses de Gravel naissent partout dans le monde
« Il y en a de plus en plus. En Irlande, il y a des courses qui s’inspirent directement du Tro Bro et des classiques Belges comme la Galway Classic Hell of the West (les organisateurs le disent eux même). Mais l’année dernière, il y en a une qui a vu le jour. Sans même de publicité dans les médias, rien que par les réseaux sociaux, il y avait plus de 400 personnes au départ. C’est incroyable l’engouement pour le Gravel. En plus c’est open, les amateurs se retrouvent face à des pros de WorldTour et tous se tirent la bourre sur les sentiers, comme à leurs débuts quand ils ont découvert le vélo. En plus, il n’y a pas (encore) de grandes sommes à gagner au bout… C’est juste du plaisir à l’état pur »