A l’heure où le monde se divise et où cet adage du » chacun pour sa gueule » tente certains de vouloir fermer leurs frontières, il est peu concevable d’avoir ce « putain » d’espoir de voir des gosses venus de tous pays se rassembler derrière une même cause. D’un côté les pays riches qui peinent à aider ceux dont les enfants rêvent des ces photos aperçues sur une publicité ou un vieux magazine, cet autre côté.
Pourtant, il existe une solution pour lutter contre cette folie individualiste à l’échelle mondiale : le sport.
Et notamment le cyclisme. Cet art n’appartient plus à l’Europe et à ces quelques pays se partageant le grand gâteau des victoires. Désormais, des Australiens, Néo-Zélandais, Équatoriens, Colombiens, Érythréens et tant d’autres viennent lever les bras au sein même du berceau du cyclisme. Mieux encore, ils organisent de superbes courses où ces mêmes Européens viennent désormais apprendre et se parfaire. N’en déplaise à certains, le monde bouge, et surtout ensemble, quand il s’agit de sport.
Cette fois-ci, une belle idée est venue de l’UCI. Bien que nous-mêmes (rédaction de Be Celt) râlons fréquemment contre certaines décisions de cet organisme mondial du cyclisme et contre quelques commissaires très zélés, il faut bien admettre que sur ce coup, le projet est beau. On se souvient de la phrase de David Lappartient à son élection : « Accélérer la mondialisation du cyclisme« . Si telle est sa vision, nous en sommes ravis
Son idée? La voilà : Aider les fédérations émergentes à développer le cyclisme au sein même de leurs pays afin de se développer, de le faire grandir, tout comme les rêves de leurs gosses, celui de les faire rouler sur les plus grandes courses au monde.
Déjà fait ? Oui mais pas avec cette nouvelle méthode, assez simple au final, et des plus logiques. Aider ces Fédérations en installant un véritable programme continu, financé, géré avec l’aide de l’UCI. L’argent versé à ces Fédérations ferait alors l’objet d’un accompagnement du début à la fin, permettant une meilleure gestion des programmes de formation, entrainant une meilleure organisation et répartition des rôles de chacun.
Pas d’ingérence de la part de l’UCI? Soyons francs, il est possible que l’argent versé n’arrive parfois jamais à ceux à qui il était destiné. Au rythme des changements de ministères dans certains pays, de Présidents de Fédérations par la même occasion, il est parfois difficile de savoir ce qu’il se passera.
Et pour cette mission, David Lappartient a choisi Vincent Jacquet, ex DTN national. Le Franc Comtois est le chef des relations internationales à l’UCI. Il a accordé une interview à notre rédaction de Be Celt pour ce nouveau projet qui lui tient à cœur tout comme à David Lappartient.
le projet de David Lappartient va plus loin qu’un simple financement
Vincent Jacquet, qu’est ce que ce projet international ?
Vincent Jacquet : « J’ai lu dernièrement, sur votre site, votre article sur le team national d’Haïti venu s’entraîner en Bretagne. Ça en fait partie justement. Mais ça ce n’est que le premier point. En emmenant le team d’Haïti en Bretagne, l’idée est de le faire progresser en vue des champions de la Caraïbe 2019 qui rassemblent tant de pays avec des sacrés coureurs, il faudra savoir se mettre en valeur, surtout quand on est le pays organisateur. Ces jeunes, on va les aider à grandir. Pas seulement avec la sélection nationale mais à tous les niveaux Mais le projet de David Lappartient va plus loin qu’un simple financement et c’est justement ce deuxième point qui est le plus important.
On ne les accompagnera pas juste pour ce championnat et ensuite on ferme la parenthèse, on ne se donne pas une poignée de main et au revoir. Non, on va continuer justement dans le cadre de solidarité de l’UCI. Ces jeunes, on va les aider à grandir. Pas seulement avec la sélection nationale mais à tous les niveaux. De l’éducation à la formation, de la détection à la pratique de haut niveau. C’est de tout un projet de développement dont il s’agit. »
Le cyclisme est un fabuleux facteur de cohésion social.
Comment allez vous procéder?
« On a créé cette nouvelle boite à outils : apporter des services et des savoir faire. On sera là pour aider les fédérations nationales, à mettre les programmes en place avec des spécialistes venus de l’UCI. On pourra, par ailleurs, les accueillir au sein des équipements de l’UCI et du Centre Mondial du Cyclisme. Créer des jumelages avec des clubs et structures formatrices en Europe et mettre à disposition des entraîneurs compétents comme nous l’avons fait avec Yann Dejan et les jeunes Haïtiens actuellement. Il s’agit de formation continue, de la base à l’élite. De faire développer cet art et de le faire aimer aux jeunes en leur permettant à tous d’avoir une chance d’être accompagnés. Le cyclisme est un fabuleux facteur de cohésion et de solidarité qui plus est, comme d’autres sports, lorsqu’ il permet de leur apporter des valeurs qui leurs seront utiles à l’avenir. Faire aimer le cyclisme aux jeunes et les aider, avec leurs Fédérations, à se développer dans des pays qui n’ont pas forcément les moyens, oui cette mission me motive, me passionne et je vais tout faire, avec les équipes de l’UCI et l’aide de David Lappartient et de ses élus, pour réussir ce challenge. Cette vision d’un sport plus humaniste redonne tout son sens à notre discipline. »
Pas de projet, pas de vélos
Quelles fédérations seront concernées?
« Toutes les fédérations émergentes n’ayant que très peu de moyens et à ce niveau je ne dis pas des petites Fédérations car je n’aime pas ce terme. Notre logique d’accompagnement et de services va leur permettre d’avoir un suivi, un véritable programme de détection et d’assistance aussi bien sur le plan humain, logistique et financier.
Il ne s’agira plus de nous dire ; »Ok j’ai besoin de vélos et d’argent mais laissez moi gérer « Non, nous ne souhaitons plus cela. Ça sera plutôt : « pas de projet, pas de vélos » Il nous faut un véritable projet de développement bien défini avec comme but l’accompagnement des jeunes et le développement du cyclisme au sein du pays. Des pays comme le Rwanda ont reconstruit des valeurs fortes et de tolérances, de travail et d’engagement. Le cyclisme a été l’un des outils de cohésion de ce pays. Il n’y a qu’à remarquer la ferveur populaire sur les routes du Tour du Rwanda C’est incroyable et formidable. Nous voulons faire la même chose pour les autres nations émergentes. »
Peur? Non. Mais je sais qu’il y aura des moments difficiles et tendus
Dans certains de ces pays émergents, ça risque d’être tout de même compliqué avec les instabilités politiques?
« Oui, c’est vrai. Mais notre engagement et notre accompagnement va nous permettre, je l’espère, de rester et de continuer même si les autorités et responsables changent. Nous serons là physiquement et logistiquement. David Lappartient reste proche des institutions sportives et présidents des Fédérations. C’est une attention de chaque instant. »
Vous n’avez pas peur de vous retrouver face à de véritables murs bien installés parfois?
« Peur? Pourquoi? Je sais qu’il y aura des moments difficiles et tendus mais ce n’est pas grave. Je suis habitué. Donner juste un financement et s’en frotter les mains ensuite, ce n’est pas ma façon de fonctionner ni celle de David. Certains ne vont peut être pas nous aimer mais nous voulons vraiment faire avancer les choses. Nous sommes extrêmement motivés et nous savons que cela servira à tous à l’avenir. Permettre aux Fédérations de s’agrandir, de se développer et ainsi d’accélérer la mondialisation du cyclisme permettra à tous de grandir. »
Croyez vous à ce projet?
« Oui sinon je ne l’aurai pas accepté et David Lappartient ne se serait pas démené comme un fou pour qu’il puisse enfin voir le jour. Je crois au cyclisme, à ce tissu social, à cet art qui permet de nous rassembler tous. »