Le cyclisme sait nous livrer des belles histoires assez souvent… Celle là en est une justement. C’est l’aventure de 6 gars qui ont quitté leur île des Caraïbes, celle que l’on nomme Haiti, pour venir découvrir les courses des Européens là bas, de l’autre côté de l’océan Atlantique.
Tout commence avec la rencontre de 2 hommes; Yann Dejan le coach Breton et de Philippe Coliou (organisateur du championnat des Caraïbes à Haiti et organisation du tour de l’Avenir) sous l’aval de David Lappartient, l’actuel Président de l’UCI. Dieu sait pourtant que nous (Be Celt) écrivons souvent contre quelques décisions des politiques en costard bien coupés de l’organisation mais celle-là comme, on vous l’a dit, est simplement belle, la rencontre de ces hommes et d’une bande de 6 jeunes Haitiens passionnés de cyclisme.
Mandaté donc par l’UCI pour aller prendre la température de cette île des Caraïbes, Yann Dejan (ancien DTN du Maroc) découvre le cyclisme version « Haiti »… Il reste perplexe quant au capacité de développer « l’art » dans ce pays qui a vécu un terrible tremblement de terre, décimant des milliers d’habitants, les plongeant encore plus dans la misère. Comment diable le cyclisme peut il être pratiqué sur ces routes défoncées, gardant les cicatrices terribles de la colère de la nature?
Mais voila que le Breton tombe sous le charme de ces gamins qui lui parle de Sagan, Froome et d’autres, de ces gosses qui ne rêvent qu’à faire du vélo malgré les obstacles naturels mais aussi financiers (les vélos et matériels des jeunes Haïtiens sont prêtés par le Centre Mondial), sur cette île où pratiquer ce sport relève bien plus que d’un simple défi sportif. Le trio se creusent alors la tête pour aider au mieux ces gamins. Puis rentrés en Europe, ils soumettent leurs idées au Président de l’UCI.
Pourquoi ne pas garder une partie des subventions allouées à la fédération Haïtienne pour financer leurs voyages vers le berceau du cyclisme, en Europe, et plus précisément en France, à Baud dans cette Bretagne qui partage avec eux non seulement cet océan mais aussi cette passion du cyclisme. Là ou les courses se déroulent chaque week–end et où tout le monde parle « vélo »…
Voilà comment Sony Saintil, Augustin Jameson, Shawel Lafontant, Jean Willy Joseph, Clerge Odevelt et Isaac Herode sont arrivés à Baud, sur cette terre bretonne, de l’autre côté de l’océan. Le début d’une aventure entre ces jeunes soutenu par l’UCI.
Yann Dejan, expliquez nous comment l’équipe nationale d’Haiti est arrivée en terre Bretonne?
« C’est une longue histoire. Tout au début, j’avais été mandaté par l’UCI pour aller voir ce qu’il se passait pour le cyclisme dans les Caraibes et notamment à Haiti. Car il faut savoir que l’UCI veut développer le cyclisme sur toute la planète mais aussi plus particulièrement dans des nations qui ne sont pas réputées pour ce sport. Je ne dirai pas des petites nations mais plutôt des nations qui découvrent le cyclisme.
Je suis donc arrivé à Haiti avec cette mission. Et je peux vous dire que les gamins qui pratiquent ce sport là bas ont beaucoup de courage. Il faut se rappeler que ce pays a subi les terribles tremblements de terre qui a mis leur île à sac et a tout détruit. Je vous laisse imaginer l’état des routes et de leurs infrastructures.
Pourtant le championnat des Caraibes se déroulera à Port au Prince à Haiti?
« Oui, le circuit est parfait. Philippe Coliou fait un superbe travail en ce sens. Les routes qui entourent la ville sont en parfait état et celle de l’arrivée au centre ville aussi mais c’est autour de la ville que ces dernières sont vraiment dans un triste état, voire lamentable. Vous ne pouvez pas vous entraînez correctement. Imaginez nos jeunes en France s’entrainant sur le périph à Paris, c’est impensable. »
Du coup, cette idée commune de les faire venir en Bretagne
« Oui c’est exact. On a parlé entre nous et j’ai l’habitude de m’occuper d’équipes étrangers en les formant en France comme je l’avais fait avec la Corée. On en a parlai à David Lappartient et voilà nos 6 jeunes qui viennent de débarquer en Bretagne. »
Qui s’occupe de la logistique?
« C’est l’UCI qui finance ce projet. Et les vélos et équipement sont prêtés par le Centre Mondial du Cyclisme. Ce n’est pas que pour préparer les championnats des Caraïbes mais c’est le début d’une relation entre Haïti et l’UCI. Il faut aider ces pays à pratiquer le cyclisme, les gamins ne demandent que ça et ils ont cette envie d’aller plus loin, de pouvoir eux aussi avoir le droit à leurs rêves. »
Combien de temps vont ils rester?
« 2 mois. Il y a le team masculin et le team féminin qui arrivera la semaine prochaine. Il y a tellement de courses de vélos par chez nous qu’ils pourront se parfaire sur celles de la région. Je les encadrent, les conseille. Je ne sais pas si en 2 mois on pourra être au top mais déjà ils vont prendre de la caisse. Et de plus, il sont vraiment heureux de venir chez nous, de découvrir cette terre qui accueille tant de champions, ceux du tour de France
Quel niveau ont ils?
« Pour l’instant, je les mettrai en 2ème catégorie. Le temps de découvrir, de travailleur leurs lacunes et je pense que dans quelques temps, certains pourront jouer plus grand. »
Sur quelles courses vont ils rouler?
« Je ne sais pas encore. Ils viennent d’arriver et je n’ai pas encore eu le temps de contacter tous les organisateurs. Mais ils en feront beaucoup. Dans un premier temps, ça sera la phase « adaptation » avant d’aller bastonner »
Après ces 2 mois, ils repartent à Haïti mais reviendront t ils ?
« Oui. Cette préparation n’est que la première phase d’un projet à long terme. Il y aura d’autre pays qui suivront aussi. C’est le début d’une nouvelle aventure »