On voulait avoir du show, du beau spectacle, des jeux et du pain. On s’en foutait que ce soit sur le tour de Petaouchnok ou sur celui d’un Grand Tour, on voulait le retour de notre cyclisme coûte que coûte tant nous étions aigris par ce confinement, certains par manque d’adrénaline, d’autres par besoin de travailler, simplement pour bouffer et pour payer les crédits!
Mais cette saloperie de Covid a réduit la saison à 3 mois, 3 putain de mois seulement au lieu de 9, juste 12 semaines pour ce trip tant attendu ! Pour nous, les spectateurs, les sponsors, les analystes, les médias et les sites comme nous Be Celt. On veut du spectacle, qu’importe le prix pourvu que le cyclisme pro fasse le show. Bref, on a créé le triangle du feu qui nous pète à la gueule dès les premières courses et on s’étonne que notre maison crame à la première patate chaude sur le feu.
Le combustible
On a ce combustible qui sont les courses, organisées dernièrement et certaines faites à l’arrache et se fichant bien de la sécurité des coureurs. Qu’importe la vie de ces derniers tant que la course a lieu. Et puis ça n’arrive jamais…Noooon…. He oh ! Il faut bien penser, aussi, à financer les instances, les organisations de tout poil et tout le tintouin si on veut que le cyclisme pro survive.. Non mais ! Vive le sport !
Mais la sécurité est primordiale et bien plus que notre passion. On ne veut plus voir ces barrières de cristal exploser au moindre choc et exploser la carrière d’un coureur (se), voire sa vie et une famille, dans la foulée car il nous faut organiser une course coute que coute!
La vie est bien plus fragile et plus importante que ces arrivées dangereuses et montées à la va vite ! Qu’on arrête ces virages hallucinants dans le dernier kilomètre alors que le peloton est lancé, pleine balle, à plus de 60 km/H… Revenons à l’ancienne et ces bonnes vielles lignes droites sur un kilomètre qui se règlent à la pédale et non au bon vouloir de ce bon dieu, celui de la chance et du spectacle ! Les athlètes sont des êtres humains, bordel! Simplement des êtres humains tout comme nous le sommes…
Le comburant
Puis on a ce comburant, ces éléments qui sont, entre autre, les équipes qui veulent absolument gagner car les sponsors seront ravis et remettront de l’argent pour la prochaine saison, les médias ou les droits TV, les organisations internationales ou nationales qui ferment les yeux sur le reste au nom du Dieu « Pognon qui rentre dans les caisses » et nous même, le public, avec nos culs bien calés au fond du canapé, juges implacables et impitoyables que nous sommes devant l’écran de la TV. On vous laisse donc imaginer la pression que l’ont fout tous sur les épaules des coureurs (ses) pour remporter la 1ère étape du Tour de Petaouchnok! Ces champions sont des êtres humains, avec leurs qualités et leurs défauts, leurs forces et leurs faiblesses. Mais durant 3 mois, on va exiger d’eux qu’ils soient des machines à faire rêver, à gagner, sans fautes et parfaites, juste 3 putain de mois, une centaine de jours…
La source d’énergie
Et enfin on a le 3ème élément pour mettre le feu ! La source d’énergie, celle venue des coureurs remontés à bloc niveau psychique et à qui l’on demande l’impossible pour tout être humain normalement constitué psychologiquement et physiquement. Oui, certes, ce sont des professionnels payés pour ça mais ce sont avant tout des hommes et des femmes. Physiquement, ils peuvent le faire sur 3 mois, sans soucis. Mais psychologiquement, ils restent toujours des être humains. On lâche alors les fauves et les watts, sans penser qu’ils ou elles ont aussi des faiblesses, il nous faut du show bordel, coûte que coûte comme au temps des Césars et des arènes ! Alors coureurs, coureuses, si vous faites des erreurs, fermez vos gueules et pensez à l’avenir des caisses des instances et de notre avenir. Laissez nous vous lyncher au moindre écart, on saura baissez le pouce vers le bas pour la mise à mort en nous lavant les mains par la suite…
Les dégâts
Ce putain de sprint entre 2 grands champions sur le Tour de Petaouchnok, ces blessés le long de cette ligne d’arrivée, c’est nous qui l’avons aussi voulu. On voulait du show, des courses à tout prix, coûte que coûte. Alors qui sont vraiment les coupables?
C’est sûr, Dylan Groenewegen a commis une erreur mais combien de sprinters l’on fait avant lui. On ne l’excuse pas, loin de là. Il est fautif, il le sait, il l’avoue. Ce coup de coude de trop durant ce moment où le cerveau se débranche totalement dans cette explosion d’adrénaline. Mais on vous laisse imaginer seulement les conditions dont ces athlètes font leurs métiers actuellement. Le bilan? Un homme détruit psychologiquement et en larmes….. Et on pense surtout à Fabio Jakobsen qui en a payé, lui, le prix le plus fort qui soit. Tout comme le photographe qui nous est revenu, heureusement, d’entre les morts.
Au final, qui sont les coupables.? C’est peut être aussi nous, tout le monde…