Il était ce catholique intransigeant et dressé face au fascisme et au nazisme, il dédiait ses victoires à la Vierge et non pas au « Duce » Mussolini. Il est ( à jamais) le Juste parmi les nations pour les juifs, il était l’homme de fer ou encore Gino Le Pieux pour nous les français. Ses actes de bravoure, il n’ a jamais voulu en parler car pour Gino Bartali, le «
bien se fait et ne se dit pas » (il a même tenté de poursuivre la RAI pour un film relatant ses faits de résistance mais il aurait alors fallut porter plainte aussi contre les rabbins et prêtres, à la tête du réseau, qui avaient témoigné). Il était aussi le meilleur des grand-pères pour sa petite fille Gioia qui lui rend hommage, 20 ans après sa disparition, sur le site Tuttocicloweb
Gioia Bartali vit à Montegranaro (région de Marches), avec son mari Emanuele et ses fils Matteo et Leonardo, dans le village qui a donné naissance à Michele Gismondi, l’un des plus fidèles disciples de Fausto Coppi et pour lequel ils ont toujours un immense amour.
Il a toujours été un modèle pour nous
Gioia Bartali à Tuttocicloweb
; »Pour moi, mon grand-père était tout : le plus grand grimpeur de l’histoire, plus que Coppi et Charly Gaul, plus que Fuente et Massignan et même Pantani, mais surtout un homme exemplaire. Il était toujours sur les courses, mais quand il était à la maison, il était là et se faisait entendre. Il a toujours été un modèle pour nous.
Grand-père Gino et grand-mère Adriana, je ne les ai jamais vus se disputer, jamais une dispute : un exemple. Je me souviens que chaque matin, pour moi et ma sœur Stella, il y avait toujours un peu d’argent pour acheter un « en-cas ». Elle le mettait dans un petit bol dans la cuisine. C’était sa prérogative. »
Son ami Fausto Coppi
« Il y a toujours eu une grande amitié entre eux. Leur rivalité ? Créé de manière artisanale par leurs maisons de cycles respectives : Bianchi et Legnano. Peu de gens savent qu’à la mort de Serse (petit frère de Fausto et vainqueur de Paris Roubaix 1949), Fausto a expressément demandé à Gino, qui avait à son tour perdu son frère Giulio quelques années auparavant à cause d’une chute, de rester auprès de sa mère Angiolina, détruite par le chagrin ».
Rester dans les marges, dans les règles. Il était vraiment comme ça
Les souvenirs de son grand père
« Parmi mes plus beaux souvenirs, il y a celui du dessin. Je devais avoir 5 ans et j’étais assise à la table de la cuisine en train de colorier des figures sur une feuille de papier. À un moment donné, mon grand-père m’a pris la main et m’a murmuré : « Mon amour, tu dois essayer de colorier l’intérieur des bords ». Ce fut le premier grand enseignement, qui est ensuite un peu le symbole de sa façon de penser : rester dans les marges, dans les règles. Il était vraiment comme ça ».
La foi de Gino Bartali
Il a fait sa lune de miel au Vatican
« Il était peut-être un râleur, jamais heureux, mais il aimait la vérité. Il ne pouvait pas supporter le mensonge. Le mensonge était un péché, c’était donc un homme pur, qui faisait aveuglément confiance à son voisin et qui parfois même en profitait.
C’était un vrai catholique. Il a fait sa lune de miel au Vatican. Il a connu tous les papes, à partir de Pie XII. Dans son appartement à Florence, il avait un autel consacré où la messe était célébrée. Lorsqu’il est décédé le 5 mai 2000, il y a vingt ans, une semaine avant la tournée jubilaire de Rome, il voulait être vêtu de son habit tertiaire carmélite. Sandales et pieds nus, ainsi qu’un crucifix sur la poitrine ».
L’image qu’elle a gardé de lui
« A la maison, debout, toujours au téléphone. Et puis combien de correspondance? Grand-père était aussi un grand écrivain : j’ai plus de 200 lettres, et je les lis toutes. Des lettres d’amour, dans lesquelles il parle de sa vie, avec affection et foi. J’ai beaucoup de cartes postales, que grand-père écrivait tous les jours. Sur le Tour 48, celui du bombardement de Togliatti, il les écrivait tous les jours. Et puis j’en ai une qui le représente avec le Gabibbo, quand en 1992, à 77 ans, il est allé diriger le célèbre tiggì satirique d’Antonio Ricci avec Sergio Vastano. Il s’est impliqué et s’est beaucoup amusé ». »
L’amour des Italiens pour leur grand-père
Qu’est-ce qui vous fait le plus regretter ?
« De savoir qu’il n’y aura plus de Bartali. En ce sens qu’il y a cinq arrière-petits-enfants, deux de moi et trois de ma sœur Stella mais le nom de famille Bartali ne sera plus là. Je suis un peu triste pour ça ».
Qu’est-ce qui vous frappe encore aujourd’hui ?
« L’amour des Italiens pour grand-père. Je ressens toujours une grande affection. Un grand amour. C’est le bien le plus précieux que grand-père nous a laissé. Un sentiment de bonté qui fait encore du bien ».