Avril 1986, ce matin là sur la place de la liberté à Brest, 4 potes donnent le départ d’une course élites, d’un « p’tit » rendez vous » de guerriers Bretons. L’air y est un peu frais, un petit crachin vient parfaire ce décor mystérieux, celui de cette terre de légendes que sont les Monts d’Arrée franchis durant l’épreuve mais tout le monde est là, tous veulent lever les bras à Quimper. Ils l’ignorent encore mais cette course va devenir l’une des plus emblématiques de Bretagne que rêveraient de gagner plus d’un Seigneur de l’île d’en face où une Reine trône encore.
A l’origine de cette épique bataille, on trouve un nom: Waterloos. Non pas un hommage à la plus célèbre branlée que le pays d’à côté ai connue mais bien celui d’un homme venu du « Ch’nord », de Lille la capitale des Flandres: Jean Paul Waterloos, avec un « s » comme le pluriel des ces 31 batailles, 72 ans au compteur, mais l’œil toujours vif et rêveur d’un « p’tiot » de 20 ans regardant tout droit en direction de l’avenir. A l’âge d’un an, il débarqua avec sa mère en 1945 sur ces terres celtiques après que la maison familiale du « ch’nord » fut rasée par les bombardements durant la seconde guerre Mondiale, de quoi lui donner envie de découvrir ce monde! Le gamin découvrait au fil des ans son nouveau pays, celles de ces ancêtres maternelles et cavalant de villages en villages, de villes en villes, la Bretagne devint sa source d’énergie. Lui et les « KAS » (Kerfeuteun Associations Sports), non pas les mythiques KAS du Vicomte de Gribaldy mais ils ont sûrement en commun ce goût immodéré pour les belles bagarres comme l’offre la doyenne Liège Bastogne Liège, ont crée leur classique qui n’a pas à rougir à côté des Wallonnes.
Pourtant le cyclisme il ne l’a connu que sur le tard, mais sûrement que le sang du pays Brabant Wallon coule dans ses veines pour retrouver ensuite le chemin de cet art. Sportif accompli, il fit ces premiers faits d’armes sur les pistes d’athlétisme où il était un vaillant guerrier. Mais un jour, il monta sur ces montures métalliques (à l’époque le fibre de carbone n’était même pas dans le dico) et se découvrit alors une passion, bien plus peut être que ça: un art de vivre. Coureur de 3ème catégorie, il ne connut pas de carrière professionnelle ni de grandes victoires mais qu’importe! Dans les yeux de ce doux dingue de rêveur il y avait une course, que dis je… Une épique bataille. Son rêve devenu réalité vit donc le jour au printemps 1986, les différents clans Bretons s’étaient alors donné rendez vous dans ces plaines pour savoir qui aller devenir le maître des lieux. Le premier fut un enfant du pays avec Jean Jacques Lamour puis Dominique Le Bon (père du pro Johan) la remporta par 2 fois tout comme Philippe Dalibard. Mais des grands chevaliers s’y imposèrent aussi comme le tant regretté Pierre Henry Menthèour en 1992 et Pierre Le Bigaut en 1988. En 2000, elle passa pro et devint une classe « 1 ». Cela voulait dire que les clans étrangers pouvaient dès lors rendre leurs hommages et venir enfoncer leurs bannières sur ce sommet du Roc’h Tredudon, de cette épreuve qui elle aussi possède des pentes dures taillées dans ces vallées du massif Armoricain.
Pourtant, c’est un autre Breton avec Sébastien Hinault qui la gagna pour la première édition pro. Mais déjà les armadas étrangères se mettaient en ordre de bataille pour la remporter. Ce fut chose faite avec l’Ibère David Bernabeu en 2002 . Nicolas Fritsch repris cette bannière en 2003 mais l’Italien Balestri imposa sa classe et sa puissance en 2004. Simon Gerrans qui la désirait ardemment la gagne en 2005, elle reste d’ailleurs l’un des meilleurs souvenirs du guerrier Aussie, lui le vainqueur de Liège Bastogne Liège en 2014. Mais les Celtiques Bretons en defendèrent les remparts de ce haut lieu du cyclisme les années suivantes. On se souvient de David Le Lay en 2008, Julien Simon en 2012, Cyril Gautier en 2013 ou des coureurs portants les couleurs de Bretagne comme Florian Vachon en 2010. Mais hélas, depuis 2 ans les Belges en ont fait leurs rendez vous avec la victoire de Demoitié et de De Troyer, de ce « Liège Bastogne Liège » made in BZH. Sous la voix du Conteur des légendes Daniel Mangeas, 2016 sera t-elle l’année de la reconquête des ces terres par les coureurs du Gwen Ha du ? Réponse le 16 Avril…
Jean-Paul Waterloos (organisateur). Comment est né le Tour du Finistère ?
Jean Paul Waterloos: » Elle est née en 1986, on était 4 copains et on voulait faire un « truc ». La première édition est partie de Brest avec une arrivée à Quimper. Ce n’était pas une grande course à l’époque, c’était plus une course de clocher comme on dit, mais le tracé était déjà très difficile et le premier vainqueur était Jean Jacques Lamour qui l’avait emporté en costaud. On partait souvent de Gouesnou ensuite, il y a eu Lanarvily (Temple du cyclo cross Breton), Lesneven et d’autres endroits magnifiques du Finistère. D’où le nom de Tour du Finistère, cela permettait de partir de n’importe quelle ville du Finistère. Et en 2000, c’est devenu une course de classe 1 et une manche de la Coupe de France PMU en 2007. »
Avec la conjoncture actuelle, il est difficile de monter de tels évenements, qu’est ce qui vous pousse à le faire chaque année?
J.P.W: « L’amour et la passion de ce sport. Avec l’aide de nos 300 bénévoles et nos partenaires, on continuera à se battre chaque année pour la monter car j’aime cette région et le cyclisme qui en est un acteur social et économique ici, il m’est inconcevable de pourvoir y renoncer. C’est sûr que c’est difficile particulièrement avec l’administration et leurs règlements qui ne font pas grand chose pour vous aider. Actuellement, j’attends une réponse de la préfecture pour pouvoir emprunter une petit tronçon de route. C’est souvent des problèmes de ce genre actuellement, on se bagarre avec eux mais ca avance. Ensuite c’est une histoire de budget, une course comme cela c’est 180 000 euros de budget environ dont 60 000 euros en échange prestation. Il faut employer toutes ces forces pour mobiliser nos partenaires fidèles depuis le début comme Armor Lux ou « Nedelec Peugeot » qui nous fournit le car podium et les voitures par exemple. Grâce à toute cette mobilisation, elle est là et elle continuera à vivre car on l’aime ce Tour du Finistère! »
Un profil particulièrement difficile ce tour justement?
J.P.W: « Oui, il est vraiment dur et technique. Des pentes comme le Roc’h Tredudon ou le Roc’h Begheor dans les Monts D’arrée peuvent faire mal, il faut aussi passer la côte de la Laz (17%), la côte de Gulvain (12%), de nombreuses autres côtes non répertoriées puis dans le final on en a des comme celle de Meilh Stang Vihan avec 12% de pente qui peutt faire la différence, il faut être costaud pour le gagner ce tour, un véritable puncheur. Je voulais un parcours sélectif à la façon « Belge » où la bagarre se fait jusqu’au final, un peu comme une sorte de Liège Bastogne Liège Breton, de l’Ouest (rires)! « .
Quels sont vos meilleurs souvenirs ?
J.P.W: » Difficile de vous dire ça. Il y en a tellement, j’en ai tellement vu de belles batailles depuis qu’elle existe. La victoire de l’Australien Simon Gerrans par exemple en 2005 était belle. David Montcoutié était en tête et on pensait la victoire acquise pour le Français mais l’Australien revient en costaud sur lui pour l’emporter finalement au sprint, on m’a dit dernièrement qu’il considérait cette victoire comme l’une de ces plus belles. Mais il y en a tellement de souvenirs épiques comme celle de Cyril Gautier et d’autres grands coureurs comme Thomas Voeckler qui part seul chercher la victoire et qui échoue dans le final, il y en a tant que je ne pourrais tous les énumérer. »
Cette année, combien d’équipes prendront le départ?
J.PW: « 16 équipes seront présentes, 9 Française comme AG2R, Cofidis, Direct Energie, Fortunéo, FDJ, Armée de Terre, Roubaix Lille Métropole entre autre mais aussi les Belges de Wanty Groupe Gobert dont j’ai appris que l’un des leurs avec Mark Mc Nally a mis une croix rouge sur son calendrier, et le Team Wallonie Bruxelles, le Team Roth, les Ukrainiens d’Amore l’équipe Israëlienne Cycling Académie avec Dan Craven et Guillaume Boivin, les Japonais de Bridgestone-Anchor avec les Français Thomas Le Bas et Damien Monier, une belle liste de départ qui va donner lieu à un beau spectacle. »
Liens du Tour du Finistère (UCI 1.1) : www.tourdufinistere.fr
