La mort tragique de Gino Mäder a une fois de plus mis en lumière certains points douloureux du cyclisme . Cet accident a laissé le monde du cyclisme stupéfait, mais aussi avec de nombreuses questions dans nos boîtes crâniennes.
La première question: Est ce que nous avons fait assez en terme de sécurité ? Le site Sporza a posé la question à Jan Bakelants et Serge Pauwels. «
une arrivée en descente
L’ancien coureur Jan Bakelants connaît bien la descente en question mais n’y voit pas de problèmes en particulier comme il l’a déclaré à Sporza
« La dernière fois que j’ai participé au Tour de Suisse, nous avons fait le même final, qui plus est sous la pluie. Je ne pense pas que cette descente soit trop dangereuse
Le cyclisme est un sport très dangereux, le danger se cache dans de toutes petites choses. En fait, on voit très peu d’accidents, compte tenu de tous les obstacles sur et le long de la route. Avec l’augmentation de la vitesse, les risques ne font qu’augmenter ».
Contrairement à Serge Pauwels: « Il y a tout simplement un très grand besoin de vitesse dans le peloton actuellement Et une telle arrivée après une descente à grande vitesse ne lui apporte rien de bon. Nous voyons encore trop souvent des arrivées juste après un virage, comme cette semaine au Tour de Slovénie. Pourquoi cela doit-il se produire ?
Bakelants;: « Il y a beaucoup d’arguments contre cela. Car que faire alors avec, par exemple, Milan-San Remo (où l’arrivée se fait après la descente de Poggio ?
On peut se poser la question si la course n’était pas assez difficile en cours de route, mais là, la descente a eu lieu après une étape difficile, où le peloton s’était complètement disloqué et où les coureurs arrivaient au compte-gouttes. On ne peut pas reprocher à l’organisation de faire preuve de négligence ».
Pauwels estime toutefois que les parcours doivent être examinés de plus près. « On ne peut pas vérifier chaque nid-de-poule sur chaque parcours, mais il faut fixer des limites claires. Et cela ne se fait pas assez souvent. »
Un changement de mentalité est nécessaire. De nos jours, les coureurs sont prêts à tout pour gagner ne serait-ce qu’un watt. «
Jan Bakelants
« En tant que coureurs, nous devons davantage réfléchir au risque lors d’une descente », a écrit hier Remco Evenepoel sur Instagram. Le champion du monde semble indiquer que les coureurs prennent parfois des risques irresponsables.
Jan Bakelants: « C’est le propre des êtres humains. De plus, les coureurs sont payés pour prendre des risques. C’est inhérent à ce sport Mais il voit aussi un problème de mentalité dans le cyclisme.
Les blessures moins graves, comme une fracture de la clavicule, sont encore trop souvent négligées avec l’idée qu’après l’opération, le coureur sera de nouveau en forme dans les six semaines. Alors qu’il faudrait penser beaucoup plus à la prévention? Le débat sur la sécurité dans le cyclisme s’arrête trop souvent à l’adage selon lequel « de toute façon, on ne peut pas y faire grand-chose« . Le peu que l’on peut faire, il faut le faire.
Un changement de mentalité est nécessaire, mais aussi difficile. De nos jours, les coureurs sont prêts à tout pour gagner ne serait-ce qu’un watt. »
La maîtrise des freins à disques et la pression des industries du vélo
Serge Pauwels: « Les coureurs chercheront toujours à se démarquer/ Il suffit de prendre l’exemple des freins à disque. Ils permettent un meilleur contrôle du freinage et sont donc plus sûrs en principe, mais les coureurs commencent à freiner plus tard avec ces freins, ce qui signifie plus de risques.
Pour Bakelants et Pauwels, il y a un manque structurel d’investissement en matière de sécurité dans le cyclisme.
Jan Bakelants « L’industrie du cyclisme aurait dû prendre des mesures bien plus tôt. Réunissez les parties prenantes et voyez comment vous pouvez commencer à sécuriser le cyclisme au maximum. C’est une responsabilité partagée entre les fédérations, les organisations et les équipes.
Le cyclisme devrait peut-être prendre exemple sur la Formule 1. Il y a quelques années, lorsque la voiture de Romain Grosjean a brûlé suite à la rupture de son réservoir, la FIA a immédiatement pris des mesures en mettant en place un comité pour prévenir de tels accidents..
Avec une fédération internationale du cyclisme forte, les choses auraient pu être dirigées dans la bonne direction bien plus tôt, mais je constate, comme beaucoup d’autres, que cette fédération forte n’existe pas et n’a jamais existé »,
Inaction de l’UCI
Pauwels est également critique à l’égard de l’Union cycliste internationale (UCI).
« L’année où Bjorg Lambrecht est mort dans le Tour de Pologne, j’ai parlé à mon collègue Simon Geschke d’une arrivée trop dangereuse à Katowice. Un an plus tard, Fabio Jakobsen a été victime d’une chute lourde de conséquences. Ce n’est qu’à ce moment-là que cette arrivée a été supprimée ».
Une idée: des textiles de protection?
Jan Bakelants;: « Cela entraînerait un désavantage compétitif, en raison de l’augmentation du poids, mais cela améliorerait la sécurité. En collaboration avec l’UCI, un cadre devrait être créé à cet effet.
Regardez le ski qui en est un exemple frappant. Depuis qu’une sorte de système d’airbag a été ajouté aux combinaisons de ski, les blessures au dos ont été réduites à pratiquement zéro. Le cyclisme devrait s’inspirer de ces sports et chercher le juste milieu.
Une telle tenue serait peut-être un peu moins confortable que les maillots cyclistes actuels, mais c’est un défi pour ce sport qui paie un lourd tribut tous les deux ans. Enfin, ce n’est pas une façon de devenir populaire auprès des multinationales, qui veulent absolument éviter ce genre de nouvelles négatives. Un sport plus sûr est une étape cruciale pour attirer des sponsors plus importants. »