A 35 ans, Rein Taaramäe (Intermarché Circus Wanty) détonne par sa vision du monde dans le milieu du cyclisme pro. L’Estonien n’a pas choisi le même chemin que la majorité du peloton pour sa préparation de la saison 2023. La plupart vont dans des camps d’entraînement dans le sud de l’Espagne, mais Rein Taaramäe va au Rwanda et ce depuis deux saisons.
Il y est déjà allé par quatre fois et a même réalisé le tour du pays à vélo avec sa femme Hannah. Actuellement il est sur le tour d’Oman mais il prépare déjà son prochain voyage à la fin du printemps comme il l’a confié à Vélonews
Rein Taaramäe à Vélonews: « J’y suis allé pour courir avec le team Total en 2019 et j’ai été incroyablement surpris par ce pays. Je pensais qu’il y aurait de mauvaises routes, pas de nourriture et nulle part un bon logement pour rester, mais c’est tout le contraire. L’ambiance n’est pas la même qu’en Europe, mais le niveau de vie est meilleur que dans certains endroits en Europe.
Taaramäe n’aime pas les températures plus fraîches qui touchent l’Europe en hiver et se sent « épuisé » au début de la saison s’il doit trop faire face à ces conditions. Le sud de l’Espagne ou les îles espagnoles comme Tenerife, offrent généralement une meilleure météo mais ces dernières semaines ont été marquées par le froid et la pluie.
« Je constate maintenant que Movistar est dans la Sierra Nevada, mais les conditions sont très mauvaises. Il neige, il fait froid et il faut descendre en voiture. Je vais au Rwanda parce que je sais que je n’ai pas besoin de m’inquiéter pour la météo. Je sais que le temps est bon, que les routes sont bonnes et que la nourriture est bonne
J’espère que les gens voudront y aller de plus en plus. Surtout les professionnels. Il n’y a pas beaucoup d’options en Europe et le Teide est toujours plein de monde. »
Aider les coureurs d’Afrique
Après avoir vu que le matériel utilisé par ses amis au Rwanda était souvent en très mauvais état, il a décidé de prendre une partie de ses vieilles tenues qui traînaient chez lui et de les emmener aux coureurs Rwandais.
Puis il a demandé l’aide de son équipe Intermarché CIrcus Wanty pour fournir des équipements indispensables à un club local proche de son lieu d’entraînement à Musanze. Au total, il a fait don de 23 kilos de matériel et d’équipement à un club dirigé par l’ancien coureur national Rafiki Uwimana.
« Je me suis entraîné avec un coureur local Rafiki Uwimana l’année dernière et j’ai vu que ses pneus étaient tellement usés qu’ils pouvaient exploser à tout moment. Je lui ai dit qu’il devait le changer parce que s’il venait à nouveau s’entraîner avec moi et que son pneu explosait, cela pourrait ruiner l’entraînement. Il n’a rien dit et le jour suivant il est venu, et c’était encore les mêmes pneus. Je lui ai demandé pourquoi il ne les avait pas changés et il a répondu qu’il n’avait pas l’argent pour le faire.
Il m’a alors raconté que les chaînes, les cassettes, tout était utilisé jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus et que si on cassait quelque chose, ils arrêtaient souvent de faire du cyclisme parce qu’ils n’avaient pas le choix. J’ai lui ai dit que j’avais beaucoup de choses à la maison que je n’utilisais plus et que je les apporterais. J’ai aussi demandé à mon équipe parce que dans le WorldTour, nous utilisons les pneus deux ou trois jours et après, ils vont à la poubelle. »
Les équipes du WorldTour, qui disposent des budgets et des fournitures nécessaires pour utiliser des centaines de pneus et des milliers de bidons chaque saison Mais les équipes jettent leurs matériaux à un rythme effréné, et Taaramäe souhaiterait qu’il y ait un meilleur moyen d’utiliser ces articles à peine usagés.
« Si vous regardez la poubelle d’une équipe, c’est plein de bidons et de pneus. Mais dans d’autres pays, ils peuvent les réutiliser. J’ai cette idée, mais je n’ai eu personne avec qui en parler auparavant, que ce serait bien si l’UCI ou autre demandait à toutes les équipes du WorldTour de conserver tous les matériaux qu’elles n’utilisent plus, de les mettre de côté et, à la fin de la saison, de les envoyer à un pays d’Afrique.
C’est du recyclage. Non, en ce moment, nous utilisons trop et nous gaspillons trop.
C’est quelque chose qui peut aider. C’est bon pour le cyclisme mondial et c’est plus propre parce que les tonnes de bidons et les pneus jetés aux ordures représentent des centaines de kilos. Si vous envoyez ces choses là-bas, c’est vraiment utile et c’est vraiment propre. C’est du recyclage. Non, en ce moment, nous utilisons trop et nous gaspillons trop.
Si j’ai l’occasion de parler à un responsable, alors peut-être que l’UCI pourra parler aux équipes. Il n’y a pas d’obligation, mais même pour eux (…) C’est excitant, mais la seule chose à faire, c’est que le pays passe un accord avec les droits d’importation. Dans mon cas, la fédération (Rwandaise) pourrait aider à éviter de payer les frais de douane. Ça peut être magnifique. »