Discret, le Normand Lionel Marie n’est pas le genre de bonhomme à s’étaler dans la presse, ce n’est pas son truc mais il a accepté notre demande d’en savoir plus sur le team China Glory Cycling. Le Directeur Sportif préfère s’occuper de ses passions: l’humain et le cyclisme. Y en a qui cause sur la vie le cul vissé sur un canap’, y en a qui la vive « full-gas » !
Formé à la rigueur par Roger Legeay et Michel Laurent (vainqueur de Paris Nice 1976, de la Flèche Wallonne 1978, du Dauphiné en 82 et une étape au Tour de France en 83) du temps du Crédit Agricole où il fut responsable des espoirs, Lionel Marie n’a jamais cessé d’apprendre toutes les facettes du cyclisme et surtout celles de l’homme. En 2005, il décide de poser ses valises chez Cofidis le temps de 2 saisons.
Mais ce Cherbourgeois de naissance a des envies de prendre le large, d’envoyer le spi pour voir un peu ce qu’il se passe de l’autre côté de la digue du Port de Cherbourg en Cotentin. On le retrouve alors en 2008 avec le team américain Slipstream, devenu Garmin par la suite, en Australie chez Orica Green Edge, un passage chez GIANT Shimano, puis en Turquie avec le team InterTorku, IAM Cycling en Suisse. De nouveau un retour aux USA avec team Novonordisk ( diabète team) avant d’aller vivre l’aventure avec Israel Start Up Nation. On vous l’a dit, il aime tailler la route !
Il a appris des différentes cultures de tous les pays du globe.. Et 23 ans après ces débuts en France, le DS prend désormais la direction de la Chine avec le team Continental China Cycling Glory..
De par sa discrétion et de ce désir de savoir, ce fin stratège et technicien reste très peu connu du public en France mais son expérience et son style sont désirés à l’étranger. La Fédération de la République de Chine en profite et elle est désormais son employeur. Ensemble, ils ont envie de gagner ce pari un peu dingue. Ca tombe bien, Lionel Marie aime les défis, surtout ceux qui paraissent impossible à ceux qui causent, c’est déjà ça !
Lionel Marie; qui est China Glory Cycling?
« C’est une équipe de niveau continental Chinoise qui appartient à la fédération de la République de Chine. Elle a été fondée en 2020 et ce n’était vraiment pas la bonne période à l’époque en raison de la pandémie Covid. La Chine a subi de plein fouet le virus et a été contrainte de fermer ses frontières, confiner son peuple, ses villes, ses quartiers, ses entreprises, de placer le monde du sport sous coma artificiel et ceci de façon plus draconienne qu’ailleurs sur le globe Ce n’était pas évident pour les chinois et bien sûr pour leurs coureurs
Mais nous sommes parvenus à faire des courses en Europe malgré la difficulté et notamment toute la logistique bloquée en Chine. A ce sujet, je tiens à remercier les organisateurs du Tour de Turquie qui fut notre première course, ceux de la Mercantour classic, de la Ronde de l’oise, du tour de l’ Eure et loire, du Poitou Charente et les autres organisateurs Européens comme ceux du Slovenia tour, de l’Artic race, de la villa franca, du getxo, de la vuelta leon et du langkawi. Nous sommes parvenus tout de même à courir. C’était difficile mais on était là et je pense que sans ces organisateurs, nous n’aurions pas été bien loin. »
Vous voilà à la tête de ce team pour 2023. Quels seront vos objectifs?
« Déjà, ça commence très bien puisque la Chine a ouvert ses frontières au monde depuis le début de l’année. Tout repart après 2 années très difficiles. Ce qui nous permet de récupérer nos coureurs chinois. Nous sommes basés en Turquie désormais pour une question pratique et on peut enfin installer nos bases et créer l’âme du groupe.
Nos objectifs seront surtout axés vers le circuit Asiatique mais on va aussi disputer le tour du Rwanda, le Tour de Rhodes, le Tour de Slovénie. Ceci afin de progresser et ramener beaucoup de points UCI afin de permettre à des coureurs Chinois de prendre le départ de l’épreuve Olympique sur route en 2024. »
Donc on ne va pas courir en France. Les coureurs chinois sont là pour apprendre le job, à lire la course et à prendre des points UCI pour les JO. »
Le circuit UCI Asia Tour est il fourni?
» Oui, clairement. Il y a énormément de courses. Le niveau est élevé et les courses variées. Le circuit Asiatique est méconnu en France mais il y a de nombreux teams étrangers qui viennent. Rien qu’en Chine, on compte une vingtaine d’équipes conti et de nombreuses courses à travers le pays. Le but du team est de promouvoir le cyclisme Chinois, de faire découvrir ce sport à leurs jeunes et je peux garantir qu’ils ont soif d’apprendre. Ils aiment les défis et ce sont des vrais compétiteurs dans l’âme »
Quels sont les coureurs de votre équipe?
« Pour encadrer les coureurs chinois, nous avons recrutés des gars comme le Canadien James Piccoli., les Français Lucas De Rossi et Julien Trarieux et le Sud Africain Willie Smith. Ces 4 là connaissent bien le métier et sont capables de motiver les autres, ils ont ce truc qui soude un team. Ils ont un rôle essentiel pour la progression du team.
Sinon, les 8 autres coureurs sont chinois âgés de 20 à 27 ans. Ils veulent progresser et bossent comme des fous pour ça. Je suis persuadé qu’on les retrouvera aux JO car ils ont cette flamme dans les yeux. Ils en veulent. «
Le nom de l’équipe est « Gloire du cyclisme Chinois » en Français. Ca annonce la couleur !
« Oui, c’est ça. On a du mal à comprendre ça en France mais la culture chinoise est très patriotique. Ils aiment leur pays et ne pensent qu’à faire briller leurs couleurs. Ils ont une grande patience et un désir ardent de gagner pour le pays. Il ne faut pas oublier qu’ils ont inventé le jeu de « GO » dont l’origine étaitt le « Weigi » il y a 4000 ans. Ca reflète la philosophie et la pensée ancestrale Chinoise, fondée sur l’observation du monde et de ses changements perpétuels.. Ce sont des combattants et des paysans à l’origine, fiers de leurs terres donc pour eux, il est naturel de s’appeler « China Cycling Glory »
Pourquoi êtes vous toujours à travailler avec des équipes et des cultures étrangères et non pas des structures Françaises?
« Parce qu’on ne m’a jamais répondu favorablement (rires)! J’ai appris le métier avec le Crédit Agricole chez Roger Legeay et auprès de ma référence Michel Laurent. On ne comptait pas nos heures et ils nous a beaucoup appris ce qu’était un directeur sportif. J’en ai bavé mais le Crédit Agricole m’a donné une base solide et une belle expérience. L’homme y était au centre, il n’y avait pas de places pour les égos surdimensionnés. C’était l’équipe avant tout et pas une équipe derrière un homme. J’ai retrouvé un peu ces principes dans les équipes étrangères et du coup, ça m’a plu et j’ai continué dans ce sens.
J’aimerai un jour revenir en France, partager mon expérience avec des équipes Françaises. car j’aime mon pays mais je n’ai pas reçu d’offres que des réponses négatives à mes démarches. . Apprendre des autres est une force et dans le cyclisme actuel, c’est désormais la donne cette mondialisation. Vivre renfermer sur soi et fermer les yeux sur ce qu’il se passe à côté est une faiblesse je pense. »
BLOG DE WILLIE SMIT (CHINA GLORY CYCLING)