Samedi dernier, le 4 juin, nous n’étions pas en 2022, non. En tout cas, c’était l’impression que le Tour de Rance Vintage nous donnait. Nous n’étions plus dans cette époque guidée par des confinements, des barrières, des contraintes et peu de perspectives.
Samedi, oui nous étions dans ces folles années 80, celles des Grands Champions comme Bernard Hinault, Sean Kelly, Fons de Wolf, Bruno Cornillet, Serge Bodin, Acacio Da Silva, Philippe Leleu, Maurice Le Guilloux, Vincent Barteau, Hubert Harbes et tant d’autres encore. Et nous, le public, nous étions redevenus ces gosses aux yeux ébahis sur les bords des routes du Tour, casquettes vissées sur la tête.
Et tous ces champions étaient là de bon coeur pour la cause, venus de toute la France, du Connemara, de Belgique, d’Angleterre, du Luxembourg pour aider l’association Souffles d’Espoir contre le cancer. C’est à l’appel de deux passionnés de l’art, des gens et surtout de la vie qu’ils nous ont fait revenir dans ces années de liberté, de cette religieuse communion. Christophe Le Fort et Mickaël Hinault (avec l’aide de tous les bénévoles) se sont donnés corps et âmes pour monter ce moment, ce transport vers le passé comme le fit la DeLorean DMC 12 du professeur Emmett Brown dans « Retour vers le futur ». Tout comme le prof Brown, ils ont, eux aussi, ce grain de folie qui nous démontre que tout est possible si tous nous nous serrons les coudes. Oui, il faut avoir ce côté barjot pour tenter pareille aventure à notre époque du « chacun pour soi ».
Ce rendez vous est organisé au profit du Centre Eugène Marquis de Rennes, qui lutte contre le cancer. Le moindre centime récolté par l’asso Souffles d’Espoir file directement pour la recherche. Voilà pourquoi ils se battent avec l’aide de leur Parrain Bernard Hinault.
Bernard Hinault: » Je suis devenu parrain de Souffles d’Espoir contre le Cancer car c’est une cause qui nous touche tous. On a tous perdu quelqu’un par cette maladie. On se doit de se bouger pour la faire reculer, même si ce sont des petits cailloux. De plus, avec l’association, je sais où va l’argent et à quoi il sert. Le moindre centime va pour aider le Centre Eugène Marquis. »
Pédales automatiques et courroies
Donc en ce samedi 4 juin dans les « années 80 », on a pu se régaler en applaudissant ces champions se tirer la bourre, dont les noms retentissaient encore dans nos caboches et dans nos coeurs. On a assisté à des moments surréalistes comme cette discussion entre The Badger Bernard Hinault et King Sean Kelly, discutant des ces fameuses pédales automatiques amenées par la mythique La Vie Claire et Bernad Tapie. Hinault portent alors ses pédales automatiques d’origines et Kelly ses légendaires courroies.
Bernard Hinault: » Ce sont les pédales automatiques d’origine. Bernard Tapie voulait les commercialiser et j’ai aidé les ingénieurs à la conception. Au début, ils ne se focalisaient pas sur les pédales mais juste sur les chaussures. Je suis monté dans les ateliers et on a tout repris à zéro à partir d’un bloc et on a bossé sur la pédales. Depuis, tout le monde les utilisent »
Sean Kelly: « Oui, c’est vrai. Je les ai utilisées pour ma dernière année de coureur. J’ai mis du temps à m’y mettre. Je préférais les doubles courroies, j’avais l’habitude et j’aime les traditions. Mais contrairement à la légende, j’ai roulé en pédales automatiques à la fin de ma carrière, je n’étais pas si borné (rires). »
Après les courses, les champions allaient à la rencontre de leur public, communiant ensemble derrière une bonne bière et une galette saucisse, à la fraîche, comme au bon vieux temps. Tout le monde écoutait alors Vincent Barteau racontant les anecdotes du passé. On voulait aussi tous savoir ce qu’il ressentait quand il porta pendant 12 jours le maillot jaune du Tour de France 1984 et nous refiler de nouveau ces frissons lors de cette victoire sur la 13ème étape du Tour de France, en solitaire, le jour du bicentenaire de la révolution Français le 14 juillet 1989.
Sean Kelly, l’Irlandais, se souvenait venu en Bretagne sur le Tour de France avec Mr Jean De Gribaldy. Le soir, à table, il nous racontait alors comment le Vicomte lui avait donné ses chances, par deux fois.
Sean Kelly:« Jean De Gribaldy était venu me chercher en Irlande. Je suis devenu pro grâce à lui. Après 3 années, j’ai cédé à l’appel de l’argent et je suis parti chez Splendor. C’était une grosse erreur en fin de compte. Je n’étais pas heureux. En 82, j’ai appelé Jean, je lui ai demandé si je pouvais revenir chez lui. Il aurait pu me dire non, j’aurai compris. Mais il m’a dit « ok, reviens ». Mon salaire est divisé par deux mais je retrouvais la foi. Sans Jean De Gribaldy, je n’aurai pas eu cette carrière. Par deux fois, il m’a sauvé. Il est toujours là dans mon coeur. »
Le Tour de Rance est bien plus qu’un rendez vous vintage, c’est un retour aux sources, à ce pourquoi nous vénérons tant cette religion en écoutant religieusement tous ses apôtres.
Mickael Hinault et Christophe Le Fort ont créé bien plus qu’une Delorean DMC 12 pour nous faire voyager et retrouver des valeurs que l’ont croyait enfouies au plus profond de nous mais qui font battre toujours notre coeur: ils ont crée le Tour de Rance et nous redonne ces souffles d’espoirs pour le futur, nous rappelant que rien ne se fait sans les uns et les autres.
LIENS : TOUR DE RANCE VINTAGE
SOUFFLES D’ESPOIR CONTRE LE CANCER
PHOTOS BE CELT