Il était l’un des meilleurs coureurs Colombiens de son époque mais il a choisi de suivre son petit frère Pablo dans l’une des organisations criminelles les plus dangereuses et les plus violentes au monde avec le cartel de Medelin (80 % du marché mondial de la cocaïne). Il en est devenu le numéro 2, on le surnommait alors « Le comptable ».
Il se nomme Roberto Escobar Gaviria et il rêvait de courir le Tour de France. Le quotidien espagnol El País décrit l’histoire de cet coureur devenu l’un des patrons du cartel de Medelin. Roberto Escobar a été emprisonné durant une dizaine d’années après la chute et la mort de son frère. Il a été libéré en 2006.
Roberto Escobar est un passionné de vélo. Après avoir été coureur pro, il avait même créé une équipe et une usine de vélo. Même en prison, il suivait les grands événements à travers le monde. Il se souvient alors de ce rêve de gosse et il se dit qu’au final de sa vie:
Roberto Escobar: « Je changerais tout pour participer au tour de France »
Durant ses années de détention, il a perdu un oeil après l’explosion d’une lettre piégée. A sa libération, il ne remonta jamais sur un vélo.
Roberto Escobar: « ’J’étais à la sainte messe, ma mère m’enseignait la religion catholique. Quand je suis retourné dans la cellule, j’ai reçu cette lettre qui devait passer par sept postes de contrôle de police et un appareil à rayons X. Sur l’enveloppe, il était écrit qu’il s’agissait d’une citation à comparaître. Quand je l’ai ouvert, il m’a explosé au visage. C’était une lettre piégée … »
Mais il a conservé son vélo de champion, il le sort souvent de son grenier pour en caresser le cadre et se remémorer les vieux souvenirs.
Roberto Escobar, ému: » C’est une relique »
Son histoire de coureur a même été écrite par le Britannique Matt Rendell dans le livre sur le cyclisme Colombien « Les Rois de la Montagne »
Roberto Escobar; » Ce gringo était là je m’en souviens. Si vous en trouvez une copie de ce livre, envoyez la moi «
Né en 1947, Roberto était l’un des meilleurs cyclistes de la région d’Antioquia et a participé trois fois au Tour de Colombie et par deux fois la RCN Classic dans les années 70 . Il a remporté plusieurs médailles lors des championnats nationaux. Surnommé « Osito » (le petit ours) car un commentateur l’avait appelé ainsi alors qu’il franchissait la ligne d’arrivée couvert de boue de la tête aux pieds.
Il est tombé amoureux du vélo en 1958. Parti avec son petit frère Pablo sur les pentes du col de Minas, dans l’État de Caldas, il a vu son idole d’enfance, Ramón Hoyos battre l’Italien Fausto Coppi, le plus grand cycliste de tous les temps, sur une course locale. Pablo et Roberto Escobar sont alors tombés fans de ce sport, impressionnés par l’élégance, la distinction et la classe de Fausto Coppi.
Roberto a ensuite disputé trois Vuelta a Colombia et deux classiques RCN, les plus importantes du pays. Il a remporté l’or aux Jeux bolivariens et le bronze sur divers championnats nationaux. Il a même battu le célèbre Martin Emilio Rodriguez (Cochise), pro chez Bianchi et équipier de Felice Gimondi, sur une étape du Tour de Colombie avec 5 minutes d’avance sur ce dernier. Les journaux de l’époque avaient alors titré: « Le cadeau de Cochise à R. Escobar »
Roberto s’indigne alors : « C’est un mensonge, il a pris cinq minutes, il ne m’a rien offert. Les journalistes à cette époque étaient très fans de Cochise ».
Retraité du peloton colombien, il devient alors entraîneur. Roberto cite au journal quelques-uns des meilleurs cyclistes colombiens (devenus pros en Europe), qui sont passés par ses équipes. Il a été ensuite directeur technique des régions d’Antioquia et de Caldas. Mais la fédération colombienne de cyclisme a commencé à avoir vent du comportement de son petit frère et l’a renvoyé de son poste d’entraîneur des fédérations régionales.
Il a donc constitué sa propre équipe « Pablo Escobar Renovacion Liberal » et son usine de vélo » Ositto Bicycles », avec un double T pour « la touche italienne » .
Mais par la suite, il a glissé dans le monde du crime en suivant son frère Pablo et a abandonné le cyclisme et ses équipes. Depuis sa libération, il a retrouvé cette passion. Sur son compte What’s App, il apparait maintenant avec le maillot de l’équipe de Colombie, tenant dans sa main un article de presse, le jour où il a battu le mythique Cochise. Il n’a jamais réalisé son rêve: celui de participer au Tour de France. Mais tout le monde sait qu’il était un bon coureur et il s’en contentera.
Roberto Escobar: « Maintenant, les gens réalisent à quel point j’étais bon »