Il y a un an, le Français Romain Bardet décidait de quitter le confort et la sécurité du team Français AG2R pour rejoindre le Team DSM. Le champion Français de 31 ans avait besoin d’un changement dans sa carrière. Cette année, Bardet a retrouvé son meilleur niveau avec un beau Giro d’Italia (7ème au général) et une victoire sur la 14ème étape de la Vuelta a España
Il s’est confié à Cyclingnews
« Le déménagement était exactement ce dont j’avais besoin. J’étais heureux chez AG2R mais à un moment donné, vous avez besoin de changement. J’aurais pu y rester encore quatre ou cinq ans parce que c’était comme une famille pour moi mais en même temps, j’avais besoin de gens autour de moi qui pouvaient me pousser un peu plus dans le dur.
Chez moi, en France, ils n’étaient pas vraiment surpris que je finisse par déménager car ils savent que je suis un homme qui aime les défis (…) Ce transfert m’a sorti de ma zone de confort. J’avais beaucoup à perdre, je dois l’admettre. Mais je devais être honnête avec moi-même. Je vivais un conte de fée avec le Tour de France jusqu’en 2018. Mais cela ne fonctionnait plus ensuite (…)
En 2018, j’étais sixième et c’était mon meilleur Tour à certains égards mais les gens disaient toujours : » qu’est-ce qu’il fait, il n’est pas si bon ». Alors, j’ai senti que je devais faire quelque chose. »
Romain Bardet s’est découvert un coureur plus complet
« Je pense que oui. Je me suis juste amusé à vélo cette année, et surtout parce que je ne suis plus le seul leader. Quand tu roules 21 étapes d’un Grand Tour avec un seul but et que les gars font tout pour toi, ça peut être un peu dur, peut-être ennuyeux. Sur la Vuelta, cette année, il y avait des jours où nous travaillions pour les sprints, puis les jours suivants, nous chassions les échappées dans les montagnes. C’était vraiment cool et agréable et c’est le type de cyclisme que je recherchais.
Chez AG2R, nous ne risquions pas grand-chose car il s’agissait du classement général et ce n’était pas une situation facile pour mes coéquipiers non plus car ils devaient s’occuper de moi. Désormais, chez DSM, la responsabilité est davantage partagée au sein du équipe Nous ne parlons pas de leaders , nous parlons de quel coureur peut terminer le travail pour l’équipe ce jour-là. »
Un team DSM d’où plusieurs coureurs ont pourtant claqué la porte comme Tom Dumoulin, Marcel Kittel, Michael Matthews ou Ilan Van Wilder dernièrement
« Je ne peux parler que de mon expérience personnelle et l’équipe a certainement un plan très structuré. Ils regardent chaque coureur et comment ils vont le faire développer. De nos jours, les jeunes coureurs, certains d’entre eux, peuvent être impatients et ils veulent aller directement au sommet mais ils manquent certaines étapes clés de leur développement. Ils regardent aussi trop autour de ce qui serait mieux ailleurs, mais ils ont juste besoin de prendre leur temps, et de faire les démarches nécessaires car l’équipe est toujours ouverte à la discussion lorsqu’il s’agit de faire de vous un meilleur coureur (…)
J’ai un avis complètement opposé à certains autres coureurs. Si vous me regardez, l’équipe aurait pu dire: ‘ne prenons pas Bardet, il a déjà 30 ans et il a sa propre façon de travailler’, mais tant que vous êtes ouvert à la discussion et voyez une marge d’amélioration, alors l’équipe vous soutiendra. En même temps si vous êtes d’accord sur les choses au début de votre contrat et ensuite si elles ne se passent pas comme prévu au niveau de votre forme physique et que vous n’êtes pas ouvert à la discussion alors cela peut créer des frictions .
L’équipe n’essaie de surprendre personne et c’est la seule équipe que je connaisse qui s’assure que chaque coureur a un plan très clair dès le début de l’année. Dans les autres équipes, à l’exception des leaders, vous ne connaissez pas vraiment votre programme de course pour la saison. »
Sa saison 2021?
« Je suis assez content de la saison que j’ai eue, ce fut une bonne année pour moi. C’était aussi ma première saison complète depuis 2018. En 2019, ce n’était pas une bonne année et puis l’année dernière j’ai eu mon accident sur le Tour et il y avait aussi le Covid. De ce point de vue, 2021 était une bonne année car j’ai pu terminer de belle façon sur deux Grands Tours. C’était aussi ma première année avec l’équipe, donc il m’a fallu quelques semaines pour m’y habituer. J’étais heureux de terminer l’année en forme et nous avons fait du bon travail ensemble. »
Un retour sur le Tour de France avec un Giro en 2022?
R. Bardet: « J’aimerais faire deux Grands Tours et je veux vraiment m’y préparer. Cela a fonctionné avec le Giro et la Vuelta cette année, mais le parcours du Tour l’année prochaine m’attire(…) Je pense que je peux courir pour le top cinq et sur le podium si ça se passe bien, Mais si vous avez Pogačar, Roglič, et Bernal, vous devez être intelligent et ensuite trouver lequel des Grand Tours vous conviendra le mieux.
J’aimerais être de retour sur le Tour, mais c’est aussi difficile d’intégrer un autre Grand Tour sur le calendrier. Je veux juste aller sur le Tour pour avoir un impact et y jouer ma carte et il y a différentes façons de le faire . Je suis définitivement dans la bonne équipe pour ça. Je suis sûr qu’ils y pensent déjà, et j’aime rouler en équipe où chacun a sa chance et où nous nous entraidons tous. »