Dans une interview réalisée pour le site du Team Groupama FDJ, le frère de Marc Madiot, Yvon Madiot, dresse un bilan pour la saison 2021. Un bilan mitigé, noté un peu plus que la moyenne par Yvon Madiot. Il revient aussi sur l’importance du team Conti Groupama FDJ au sein de la structure WorldTour et sur les compétences recherchées. Pourtant si fière d’être tricolore, le team Français regarde aussi vers les coureurs étrangers.
la note du team Groupama FDJ selon Yvon Madiot: « 6/10, j’aurais pu dire 5/10 mais…
Yvon Madiot: « Je dirais 6/10, soit juste au-dessus de la moyenne. Pourquoi ? J’aurais pu dire 5/10, mais j’ajoute un point car on a tout de même gagné beaucoup de courses. En revanche, je ne peux pas mettre plus car nous n’avons pas gagné sur les Grands Tours. Le Tour de France a été moyen, et même s’il y a eu de bonnes choses, on pensait gagner au moins une étape et ça n’a pas été le cas. Je pense qu’on ne mérite pas plus que 6/10.
Il nous manque vraiment cette victoire sur un Grand Tour. On dit souvent que la Vuelta permet de sauver un peu le bilan, mais on n’a pas réussi non plus. Je mets légèrement au-dessus de la moyenne, mais cela reste une note plutôt basse et je pense qu’on ne peut pas aspirer à plus. »
Il nous manque LA victoire… Le Tour a été un échec
Celui qu’il manque quelque chose : cette fameuse victoire qui marque, qu’on retient. Qu’elle soit sur le Tour, sur les Classiques… Peut-être même qu’il ne nous manque que LA victoire. Une étape sur le Tour et je pense qu’on aurait réfléchi différemment. Il y a ce goût d’inachevé, malgré tout ce qui a été réalisé à côté. Il y a une certaine frustration. Pour moi, c’est extrêmement clair : la saison n’est pas réellement réussie. Il y a évidemment des échecs. Le Tour en a été un (…) Je le répète : il nous manque cette victoire dont on se rappelle. Cette victoire dont on se rappelle, c’est celle qui vous fait passer l’hiver. On ne l’a pas, et ça nous fait donc passer l’hiver dans un état d’esprit de remise en question, de revanche. Je ne me dis pas « ça ira mieux demain ». Non. Ce n’était simplement pas comme on l’espérait et on va travailler pour que ça ne se reproduise pas, et que ça s’améliore rapidement dès la nouvelle année. »
Pourquoi ce manque de réussite sur les Grands rendez-vous?
« Il nous manquait Thibaut, certes, mais on s’est aussi aperçus qu’on n’avait pas non plus pléthore de coureurs capables de gagner à très haut-niveau. Sur le Tour, on a pratiquement perdu Arnaud après trois jours. Ça a évidemment gâché nos plans. Une fois qu’il était parti, on savait que nos opportunités de victoire étaient fortement réduites. Sur d’autres courses, on a aussi vu notre difficulté à performer au plus haut-niveau. Quand nos leaders ont des soucis, on a du mal à tenir la baraque. »
L’importance du réservoir de la Conti
« Cela nous amène d’ailleurs au sujet de la Conti, qui fait un excellent travail et dont on commence à profiter pleinement. Je crois qu’on peut presque rêver à effectuer, d’ici deux ou trois ans, des recrutements quasi-exclusivement depuis la Conti. Les perspectives sont prometteuses.
Le plus judicieux(…) et le plus bénéfique est de construire un programme afin qu’il soit établi que ces jeunes viennent courir avec la WorldTour à des dates précises. On a déjà commencé à le faire cette année. Dans 80% des cas, des places étaient réservées. Les coureurs de la Conti étaient parfois prioritaires par rapport aux coureurs de la WorldTour. Si on veut voir la plénitude de leurs moyens, il faut travailler avec les dirigeants de la Conti pour établir un programme le plus cohérent possible. Pour que ce soit productif, pour nous mais surtout pour eux, il faut que ce soit planifié. On doit les mettre dans de bonnes conditions pour savoir, car ils sont de potentielles recrues pour le futur.
Le recrutement à l’avenir
Il y a des coureurs performants sur le marché, et on ne regarde pas s’ils sont Français ou étrangers.
« On recherchait deux profils : grimpeurs et sprinteurs. Le profil grimpeur est extrêmement prisé et recherché. On a eu deux belles opportunités qui se sont conclues assez rapidement car on avait en face de nous des coureurs qui avaient envie de venir. Pour le cas de Michael Storer, son agent nous a appelé et nous a dit qu’il voulait venir chez nous et travailler avec nous. C’est le profil qu’on recherchait, à savoir le grimpeur capable d’accompagner nos leaders très loin, et quand ils ne sont pas là, de performer individuellement. C’est ce qu’il a montré dans son ancienne équipe. On a aussi eu le cas de Quentin Pacher, avec qui on avait déjà discuté il y a deux ans. Il avait envie de venir, on avait envie de le recruter, car c’est un coureur offensif mais aussi perfectible. Il a un cheminement régulier et j’ai découvert lors de son entretien quelqu’un de réfléchi, posé, d’une certaine maturité et qui a une bonne connaissance de son métier. On est sûrs d’être en présence d’un bon coureur, qui peut palier à divers rôles. On espère aussi qu’il continuera à se bonifier.
Quant à Bram Welten, il nous a lui-même contacté. Il voulait intégrer un grand train tout en ayant sa chance de temps en temps, sans réclamer un statut de leader. Il est encore jeune, et il peut être la belle surprise de 2022. Il veut apprendre aux côtés d’Arnaud, Jacopo, Ramon. Il a un profil différent de Jake, qui est davantage un sprinteur de Classiques, après une course d’usure.
Il y a des coureurs performants sur le marché, et on ne regarde pas s’ils sont Français ou étrangers. Pour moi, c’est anecdotique. On essaie de bâtir la meilleure équipe possible. Si les compétences sont de l’autre côté de la frontière, il faut aussi aller les chercher. »
Interview complète sur le site GROUPAMA FDJ