Le Rwanda… Ce pays d’Afrique, celui des milles lacs, renait et veut entendre de nouveau son coeur battre la chamade après vécu l’une des pires atrocités que l’espèce humaine ait pu commettre; un génocide. Rwanda 1994, d’avril à juillet, les trottoirs de Kigali étaient alors rouge de sang, les villages brûlés, les femmes, enfants et hommes Tutsis subissaient alors le génocide le pire de l’histoire depuis une certaine idéologie nazi en 1942 et ceci devant une hallucinante indifférence des pays dits « civilisés » comme ceux de leurs anciens protecteurs d’Europe: la France ou la Belgique. 800 000 milles tutsis ont ainsi perdu la vie durant ces quatre mois, durant cette abomination humaine et devant cette indifférence internationale…Tour du Rwanda 2015, 21 ans avaient passé depuis… Désormais, c’est un pays jeune (les anciens ne sont plus là pour les aider) mais c’est aussi un peuple qui se soulève. Non pas pas les armes et les couteaux cette fois ci, mais par le sport et notamment le cyclisme. Des acteurs de réputation internationale comme Forest Whitaker prêtent même leurs voix pour diffuser le message de cette jeunesse assoiffée et qui hurle sa joie de vivre, pour cette réconciliation.
Mais cette année là, l’un des plus beaux messages d’espoirs est aussi venu d’un coureur professionnel. Son nom? Jérémy Bescond (Cofidis, HP BTP Auber 93).
Jérémy était alors l’un des favoris pour le classement général. Mais un jour, sur une étape, il s’aperçoit que l’un de ses adversaires Rwandais porte aux pieds une vieille paire de chaussures usées et mal adaptées à la pratique du cyclisme. Ni une ni deux, le Français va le voir à l’arrivée et lui file sans poser de questions ses paires de pompes dernier cri. Jérémy avait vu la passion dans les yeux de ce coursier et pas seulement celle du cyclisme mais celle de la vie tout simplement.
Ce souvenir pour nous faire du bien à la gueule, pour nous refiler une piqûre de rappel quant aux valeurs de ce que notre sport doit apporter à tous alors que désormais certains coursiers, arrogant de snobisme, se prennent pour les « Anges de la télé réalité à petaouchnok » tout en ignorant de façon hollywoodienne ceux qui sont aussi à la base de leur histoire: les jeunes fans.
Rares sont les Peter Sagan allant allant aider les bénévoles sur un Tour Down Under à l’arrache pour les remercier ou les Chris Froome roulant avec les gamins des bidonvilles Colombiens et ceci loin des médias. Jérémy Bescond n’est pas un coureur célèbre comme Froome ou Sagan certes mais il a ce coeur et cette rage en commun avec eux, ce coeur qui donne ces valeurs de partages et de transmission pour notre sport.
j’ai reçu une belle leçon d’humilité au Rwanda.
Jérémy Bescond, pourquoi avoir filer cette paire de chaussures à l’un de vos adversaires Rwandais sur ce Tour 2015? Jérémy Bescond
: » Je n’avais rien calculé. Le mec m’avait vraiment impressionné. Lors de la dernière étape de ce tour 2015, j’ai remarqué ce coureur qui n’avait pas grand chose, sinon son courage mais un équipement pas vraiment adapté. Il avait de vieilles chaussures mal adaptées. Je me suis dirigé vers lui et je lui ai donné les miennes, il le méritait largement. Il m’a remercier 150 fois mais j’étais vraiment gêné. Ces gens m’ont donné beaucoup plus, j’ai reçu une belle leçon d’humilité au Rwanda.”
La presse en parle et son geste fait le tour des medias. Mais lui le Breton ne voulait pas de cette publicité. Non, Jérémy Bescond voulait simplement remercier cette jeunesse Rwandaise qui lui avait filé une putain de beigne sur la question de l’humanité.
« Franchement, je n’étais pas trop motivé au début pour aller au Rwanda, j’avais une mauvaise image du Centrafrique, surtout de ce pays, à cause de ce qui s’est passé il y a vingt ans auparavant… Après réflexion, je me suis laissé tenter, et je suis parti avec mes amis qui m’avaient convaincu »
Là bas, il découvre le cyclisme, le vrai avec ses valeurs et la fierté d’un peuple qui s’élève sur les cendres des ses anciens
Jérémy Besond; » Ils courent comme des pros, en ne laissant personne sortir du peloton. Les Rwandais ont une belle école de cyclisme. Le vainqueur de l’édition 2015, Jean-Bosco Nsengimana, était vraiment costaud, il grimpait très bien. »
« Vélo ! Vélo ! Vélo ! » C’était juste incroyable « .
Son tour du Rwanda 2015Jérémy Bescond
; « Quand je suis arrivée là bas ça m a surpris car au final car c’est assez moderne dans le centre ville de Kigali.La capitale est la ville la plus propre d’Afrique. Et les Rwandais sont hyper sympas, il y a du respect. Je me suis senti plus en securité la bas que chez moi en France (la France connaissait alors un vague d’attentats).
C’était dingue cette ambiance, sur le bords des routes la bas. C’ est comme sur l Alpe d’Huez sur le tour de France mais sur sur toutes les étapes du Tour du Rwanda. Et ce peuple qui crie sans frémir: « Vélo ! Vélo ! Vélo ! » C’était juste incroyable « .
Ce qui t’as ému le plus au Rwanda?
Jérémy Bescond; « Pff…. J’avais demandé à un taxi de me deposer au musé du Mémorial à Kigali avec un ami. Là oui j’avais été très ému en ce lieu, un choc! C’ est très compliqué de comprendre ce qu’il s’est passé la bas et aussi au niveau politique. Mais le pays s’est relevé maintenant et il cherche à se développer, il ne veut plus entendre parler de haine ni de séparatisme. C’est un peuple qui a soif de réconciliation, d’union et de paix.
Même sur le vélo je pensais que ce serait facile. Mais non, en fait ils sont tous dans un centre monté par un ancien cyclistre pro americain et ils roulent en vélos Pinarelo Dogma et vivent du velo ! »
Un mondial à Kigali en 2025? Tu imagines la puissance du symbole !
Le Mondial 2025 , l’UCI voudrait l’organiser là bas. Un message pour David Lappartient (Président de l’UCI) et Vincent Jacquet (Responsable des relations internationales de l’UCI) Jérémy Bescond
; » J’espère sincèrement que le mondial aura lieu là bas ! Tu imagines juste la puissance du symbole! Ce serait la moindre des choses de la part de nous autres les pays dits « civilisés ». La dernière étape du tour a toujours lieu à Kigali et seulement en circuit. Elle pourrait convenir largement tant c’est dur et sélectif! »
les Rwandais m’ont donné beaucoup plus qu’une paire de chaussures
Ce coureur a qui vous avait offert vos chaussures, l’avez vous revu depuis?
« Non, je ne sais pas si il avait terminé le Tour du Rwanda mais qu’importe au final! Il m’a remercié beaucoup de fois mais il n’avait pas à le faire. Tu sais, ce n’est rien ce que j’ai fait car au Rwanda, ses habitants m’ont donné beaucoup plus qu’une paire de chaussures »
Que deviens tu désormais ?
« Passionné de vélo toujours, de la vie et aussi de voitures. J’ai arrêté ma carrière pro et je suis devenu commercial chez Pemzec automobile Nous vendons des voitures Kia et Volvo mais moi je reste sur la marque Kia. J’aime toujours la vitesse et les beaux bolides (rires)! »