La Sierra Leone, pays coincé entre la Guinée et le Libéria, possède des mines de diamants parmi les plus riches au monde mais il reste pourtant l’un des plus pauvres de la planète (222ème au niveau mondial). Il ne faut surtout pas que la population se rebelle sinon cela donnerait un mauvais reflet et une sale couleur rouge à cette pierre nommée Diamant…
Là bas, la vie se marche sur le fil du rasoir et vaut beaucoup moins qu’un morceau de pierre. Là bas, les enfants meurent en silence au fond des mines pour que les plus grands diamantaires puissent avoir leurs pièces uniques, de Paris place Vendôme à New York. Chez nous et ailleurs, le sort de ces gosses n’interpelle personne, tant que l’argent de ces mines rentre dans les caisses.
Puis le virus Ebola a décimé ensuite la population entre 2014 et 2016, peu de pays ou d’organisations internationales sont venus les soutenir et « gueuler » pour alerter… Non! Les diamants avant tout. Mais quand le film « Blood Diamond » est sorti, le monde a alors découvert, stupéfait, la vie des jeunes de la Sierra Leone… Là, les jeunes européens et américains ont découvert que la valeur d’un fusil siglé Kalashnikov, valait cent fois plus que celle d’un gamin de Freetown (Ville de la liberté, quelle ironie! ), capitale de la Sierra Leone.
Mais bien loin de toutes les organisations internationales, indifférentes envers ces gamins de la Sierra Leone, un groupe a voulu les mettre sur un vélo. Dès lors, des sociétés ont tenté l’impossible. Elles ont réussi, bien loin des médias et des déclarations d’auto satisfaction de certaines organisations internationales, à donner de l’espoir dans les yeux de ces jeunes. Leurs noms: Science In Sport et LE COL
Et ces doux dingues, entre deux guerres civiles (financées par quelques sociétés étrangères) et un virus mortel, ont organisé le Science In Sport Tour de Lunsar (Non UCI). Ils ont mis un peu de lumière dans cette petite ville de Lunsar au nord de la Sierra Leone, en Afrique de l’Ouest, du 16 au 18 avril dernier.
Pas de noms connus, pas de caméras. Non, juste des jeunes qui veulent rêver l’espace d’un instant et pourquoi pas un peu plus longtemps.
Avec 3 étapes et un budget réduit à rien, l’événement a été cité comme « l’événement le plus riche de l’un des pays les plus pauvres du monde» par sa capacité à mettre en valeur les talents cyclistes locaux et à rassembler une communauté.
Outre l’épreuve masculine , une course féminine d’une journée a eu lieu cette année aussi, ainsi qu’une course junior. Et comme sponsors outre Science In Sport, un autre équipementier Britannique se joindre à ce pari insensé avec Le Col fondée par l’ancien pro Britannique Yanto Barker. La société a fourni les maillots des vainqueurs pour la course et bien d’autres choses aux gamins de Freetown comme les tenues offerts par des équipes pros.
Le site Cyclingnews a rapporté un très émouvant témoignage de ce qu’il s’est passé la semaine dernière en Sierra Leone.
Le cyclisme au secours des pays en guerre et surtout loin des yeux des instances internationales
Le cyclisme est un sport marginal en Sierra Leone et plus généralement en Afrique de l’Ouest. Contrairement à d’autres parties du continent, l’Afrique du Sud et de l’Est, où le sport est raisonnablement développé. En Sierra Leone, le cyclisme en est à ses balbutiements et son équipe nationale n’a couru qu’une seule fois à l’étranger depuis l’épidémie d’Ebola ( 2014-16)
La bas, on ne connait pas les champions du Tour de France ou de Paris Roubaix, la bas on court pour s’échapper, pour être ensemble, pour rire et faire la fête. A Freetown, ils se sont tous rassemblés derrière le cyclisme. Il faut juste imaginer qu’avec pas grand chose que ces gamins se sont défoncer pour participer à la course, s’entraînant dur pour atteindre leurs rêves dans la plus grande indifférence internationale.
Mais qu’importe, la foule, le peuple, tout le monde était là pour honorer le cyclisme et oublier que les diamants et l’argent dominent le monde.
La dernière étape a été remportée par Moses L Kamara (Lunsar B) qui s’est imposé au sprint devant Ibrahim S Jalloh (Lunsar A) et Minkialu M Conteh (Lunsar B).
Le général a été remporté par Sorie Koroma (Lunsar A) devant Abu Sheik Sesay (Lunsar B) et Moses L Kamara (Lunsar B).
Voilà, c’était l’histoire des débuts du cyclisme dans un pays dont personne n’a jamais entendu parlé et dont le monde des « élites » se fout éperdument du sort de ceux qui vivent sur son sol. Mais ce moment a apporté une chose à cette jeunesse: l’ESPOIR. Et un homme était là bas pour témoigner que l’avenir existe en Sierra Leone. Son nom: MATT GRAYSON
PHOTO MATT GRAYSON
LIEN: Science In Sport Tour de Lunsar