Plusieurs coureurs ont eu ce doute et cette question: Suis je heureux en tant que coureur pro? Mais très peu ont osé écouter la réponse par peur et de l’assumer. Le jeune Théo Nonnez, 21 ans, en a eu la courage et il a pris la décision d’arrêter la carrière de coureur pro, métier qu’il pratiquait depuis 2 ans au sein de la formation Continental Groupama Continental Ce doute, il l’a eu en fin d’année dernière.
J’étais rentré dans un cercle vicieux et je n’osais pas parler de ce que je ressentais.
Theo Nonnez sur le site du team
: « Effectivement. Après un peu plus de deux ans au sein de la « Conti » Groupama-FDJ, qui a été la première équipe à me donner ma chance chez les pros, j’ai décidé d’arrêter ma carrière. J’ai pris cette décision après une longue période de réflexion. Je pense qu’on peut qualifier de burn out, mais c’est une accumulation de beaucoup de facteurs qui fait que j’en suis arrivé là. Je ne suis pas triste de prendre cette décision. Bien au contraire, ça me redonne de l’espoir. J’étais rentré dans un cercle vicieux et je n’osais pas parler de ce que je ressentais. Je me rends compte que j’ai bien fait de sortir de mon silence, car je ne sais pas ce qu’il serait advenu si je m’étais tu plus longtemps (…)
Quelque chose ne va pas
Quand il a fallu repartir de zéro cet hiver pour préparer la nouvelle saison, j’ai senti que ma motivation était faible, voire très faible, mais j’ai quand même voulu me faire violence, encore et encore. Finalement, j’ai eu un déclic quelques jours avant Noël. Je suis parti faire une sortie d’entraînement tout seul, comme souvent, car j’avais des exercices spécifiques à réaliser. Il ne faisait pas beau du tout, j’étais très peu motivé, et après quelques dizaines de minutes, j’ai craqué. Je me suis mis à pleurer sur le vélo. À ce moment-là, je me suis dit : « Théo, il faut arrêter tout ça, il faut que ça change, il y a quelque chose qui ne va pas ».
J’ai réussi à en parler
J’ai beaucoup gardé ça pour moi, mais le fait d’avoir pu en parler et de le partager m’a fait énormément de bien. Cela ne veut pas dire que c’était facile à dire. Quand j’ai dû appeler mon entraîneur, le docteur, mon manager ou même Marc Madiot, je n’étais vraiment pas bien. Mais j’en suis ressorti soulagé. J’ai réussi à en parler, et une fois que c’était fait, c’était fait… Ça m’a fait du bien d’ôter ce poids des mes épaules (…)
Si je peux aider certains à réagir avant qu’il ne soit trop tard, ce serait une petite victoire.
(..) Quand je faisais du vélo étant jeune, j’en faisais car j’en avais envie. Il y avait déjà des contraintes, mais j’arrivais à passer outre car j’y prenais du plaisir. Je suis arrivé à un point où je me suis dit : « Ta vie a commencé. Tu ne peux plus te dire, on verra plus tard ». Et je me suis alors demandé si je voulais construire ma vie autour de ça. La réponse a été non. (…)
Le plus dur n’est même pas d’en parler autour de soi, c’est de faire son deuil intérieur, et de l’accepter. Maintenant, je vais pouvoir avancer avec. Je n’ai plus besoin de me cacher. Le meilleur conseil que je peux donner est de s’écouter, et d’être honnête avec soi-même. Si je peux aider certains à réagir avant qu’il ne soit trop tard, ce serait une petite victoire (…)
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