La première édition de Paris- Roubaix a eu lieu le 19 avril 1896, il y a 125 ans. Longue de 280 km, la course partait alors de Paris (Porte Maillot) pour rejoindre le vélodrome de Roubaix (à proximité du Parc Barbieux à l’époque).
C’est l’Allemand Josef Fischer qui remporta le premier Paris Roubaix. Il reçu 1.000 francs (somme considérable à l’époque correspondant à 7 mois de salaire d’un mineur de fond), de récompense. Il avait parcouru ce premier Paris Roubaix en 9 heures et 17 minutes.
La création de Paris Roubaix
Paris Roubaix a été imaginée par deux fabricants de textile de la ville de Roubaix, Théodore Vienne et Maurice Perez. Ils avaient aussi construit un vélodrome à Roubaix et souhaitaient en faire la promotion. Pour attirer les coureurs, ils avaient présenté Paris Roubaix comme une course de préparation pour Bordeaux-Paris alors très courtisée à l’époque et maintenant disparue. Pour ce faire, ils avaient écrit à Paul Rousseau, le directeur du journal « Vélo »
« Cher Monsieur Rousseau,
Bordeaux-Paris approche, la grande épreuve annuelle a tant fait pour la propagande cycliste qu’il nous ait venu une idée. Que penseriez-vous d’une course d’entraînement précédant Bordeaux-Paris de quatre semaines ?
Paris-Roubaix présente un parcours de 280 kilomètres environ, ce serait donc un jeu d’enfant pour les futurs participants de Bordeaux-Paris. L’arrivée s’effectuerait au Vélodrome Roubaisien par quelques tours de piste. L’accueil fait à tous sera enthousiaste, d’autant plus que nos concitoyens n’ont jamais eu le spectacle d’une grande course sur route, à ce sujet du reste nous comptons assez d’amis pour croire que Roubaix est véritablement une ville hospitalière.
Comme prix nous inscrivons d’ores et déjà un premier prix de 1000 francs au nom du Vélodrome Roubaisien et allons nous occuper de le faire suivre d’une respectable série d’autres prix pour donner satisfaction à tous. Comme date, nous croyons que le 3 mai conviendrait parfaitement car les coureurs de Bordeaux-Paris seront déjà en bonne forme à cette date et il leur restera trois semaines jusqu’à la grande épreuve pour se remettre.
Et maintenant pouvons-nous compter sur le patronage du Vélo et sur votre concours pour l’organisation, le départ , etc.? Si oui, annoncez de suite notre great event et ouvrez dans vos colonnes la liste des engagements. »
Paul Rousseau, avait alors envoyé le jeune Victor Breyer pour reconnaitre l’itinéraire. Le jeune homme est revenu de cette aventure couvert de boue et exténué. Sa première conclusion était des plus négatives. Mais après un bon repas chaud et une douche, il se ravisa et écrivit:
Victor Breyer; « (…) Coupé seulement par les arrêts nécessaires à la mise en place des contrôles prévus à Saint-Germain (mais oui !). Méru, Beauvais (déjeuner), Breteuil, Amiens (dîner et coucher), notre randonnée s’effectua sans la moindre anicroche, performance rare en ces temps quasi-préhistoriques.
Le lendemain matin, MEYAN regagnait Paris, tandis que je poursuivais le parcours sur ma fidèle bicyclette, amarrée la veille sur la voiture. Le temps s’étant mis à la pluie, le trajet Amiens-Roubaix, aggravé des atroces pavés, constitua un véritable calvaire. Je touchai au but, transi, exténué, bref en assez piteux état. Il fallut le cordial accueil des sportsmen roubaisiens pour me remonter le moral et… m’empêcher d’expédier à Paris un rapport déconseillant de lancer des coureurs sur un pareil itinéraire ! »
La course
51 coureurs se présentèrent au départ très tôt en ce matin du 19 avril 1896
Dès les premiers kilomètres, 7 hommes se détachèrent avec le Gallois Arthur LINTON, l’Allemand Josef FISCHER, les Français Paul GUIGNARD, Maurice GARIN, SARDIN, STEIN et le Danois Charles MEYER.
Le Gallois Arthur Linton (23 ans) parvenait à sortir seul du groupe après 80 km de course mais Maurice Garin et Josef Fisher n’avaient pas envie le laisser filer. Qu’importe le jeune Gallois attaquait de nouveau. Malheureusement, un chien fera chuter le jeune Linton qui perdait alors un temps considérable. Devant Fischer avait attaqué et lâché Garin. A une centaine de kilomètres de l’arrivée, Fischer possédait plus de 11 minutes d’avance sur Garin et 18 sur Linton
Quand l’Allemand pointa à Arras, il possèdait alors 23 minutes d’avance sur Garin. Loin derrière, le Danois Meyer avait repris et passé le Gallois Linton.
Malgré une peur bleue pour Fischer face à un cheval qui s’était emballé devant l’impressionnant cortège, le bruit de la foule et les voitures, (et un troupeau de vache qui le fit aussi ralentir) rien ne changera jusqu’à l’arrivée dans le vélodrome de Roubaix. Fisher l’emportait avec 25 minutes d’avance sur le Danois Charles Meyer qui finissait en beauté ce premier Paris Roubaix, en remontant et passant Maurice Garin dans le final. Le Français pointera, quand à lui, à la 3ème place à 28 minutes.
Le jeune Arthur Linton arrivait 4ème, victime de chutes, en sang et couvert de boue à 45 minutes du vainqueur.
Classement
- Josef Fischer (Germany) en 9hr 17min
- Charles Meyer (Denmark) à 25min
- Maurice Garin (France) à 28min
- Arthur Linton (Great Britain) à 45min
- Lucien Stein (France) à 1h et 1min
- Boinet (France) à 1h 1min 50sec
- Emile van Berendonck (Belgium) à 1h 7min 30sec
- Henri Aries (France) à 1hr 51min
- Gaston Pachot à 2hr 2min
- Mercier, Sr (France) à 2hr 16min
Malgré un accueil mitigé, voir glaciale, de la presse Parisienne, Théodore Vienne et Maurice Perez avaient créer ce qui allait devenir l’un des cinq plus Grands Monuments du cyclisme mondialParis Roubaix devait se tenir demain mais il est finalement reporté au mois d’octobre après avoir été annulé en 2020.