Il se nomme Red Walters et il nous vient du sud de l’Angleterre, Agé de 22 ans, il n’a commencé le cyclisme qu’à seulement 17 ans. Mais il possède déjà de réelles qualités qui lui ont permis de décrocher une bourse au sein de la prestigieuse fondation britannique « The Dave Rayner Fund « .
Red Walters se démène, aussi, lui même pour continuer à pratiquer cet art. La débrouille fait parti de son vocabulaire, il ne se plaint pas des conditions actuelles, il n’en a pas le temps. Il utilise les réseaux sociaux et les différentes méthodes de communication pour montrer qu’il existe, qu’il a la dalle. Par ce biais, il a tapé dans l’oeil de certains sponsors. Depuis, plusieurs autres jeunes britanniques ont choisi ce support pour se montrer à défaut de courses.
Durant le confinement en Angleterre, il s’est particulièrement fait remarquer sur les courses virtuelles « Zwift ». En outre, pour aller chercher ses sponsors, il a lui même réalisé sa propre chaîne Youtube THE REDSTER. Il est devenu un modèle pour les coureurs issus de minorités ethniques et il a aussi intégré cette équipe Britannique qui mélange toutes les cultures et couleurs avec Team BAME Cycling . Comme les gamins issus de ces milieux où le cyclisme est trop onéreux pour le pratiquer, il s’est battu pour trouver des soutiens financiers, il n’a pas attendu que quelqu’un viennent frapper à sa porte…
Mais manque de chance pour le jeune coureur, le Brexit et le confinement sont devenus des sacrés obstacles pour un départ vers la France, cette terre de cyclisme qui permet à de nombreux jeunes étrangers de se faire connaître. Mais il est parvenu avec l’aide de Mike Anderson de se faire recruter par deux équipes qui misent sur la mixité culturelle depuis des années avec le CC Plancoët, la réserve du club N1 des Côtes d’Armor Marie Morin U.
Il arrivera sur les terres Bretonnes au mois d’avril avec de la chance ou début mai. Le jeune Britannique a accordé une interview au site américain Cyclingnews pour raconter cette nouvelle aventure.
Red Walters à Cyclingnews: « Je ne pourrais pas me pousser de la même manière si je ne croyais pas honnêtement que je ne pourrais pas atteindre le niveau supérieur. Je vise le sommet, le WorldTour, je rêve d’atteindre ce sommet. C’est difficile à expliquer mais je crois pleinement en mes capacités
La plupart des gens diraient que je ne pourrais pas l’atteindre, mais je crois fermement que je peux y arriver. Je sais à quel point je peux me dépasser et je peux voir la trajectoire sur laquelle je suis désormais (…) »
Mais le problème des jeunes coureurs espoirs britanniques reste la difficulté administratives à rejoindre la France désormais et le peu de courses espoirs en Europe sous le covid. En 2020, Red Walters n’a pu fait que quelques jours de courses mais il a tout de même claqué une en Espagne sur la Volta La Marina – Trofeu Ajuntament de Xàbia.
Désormais, il se prépare à rejoindre le CC Plancoët et les Cotes d’Armor Marie Morin U
« Je vais courir pour une équipe en France appelée le CC Plancoet. C’est une équipe réserve pour le team de national 1 appelée Côtes d’Armor Marie Morin U. On m’a donc dit que je devrais pouvoir passer à ce niveau national dans les prochains mois
La seule vraie raison pour laquelle je ne pouvais pas commencer à ce niveau est parce qu’ils ne me connaissaient pas vraiment et que je n’avais aucune chance réelle d’aller là-bas et de rencontrer tout le monde. Ils ne pouvaient pas vraiment me faire signer sur des on dits ou sur mes résultats. Désormais, rapidement des résultats et de progresser C’est le scénario idéal. »
C’est ma dernière année en tant que coureur espoir … L’année dernière, c’ était ma troisième année et il y avait COVID-19, donc rien n’est vraiment arrivé et cette année semble que cela pourrait être assez restrictif encore. J’ai donc un palmarès qui n’est essentiellement basé sur les deux premières années et qui ne reflète pas ce dont je suis capable maintenant.
Pour pouvoir continuer à faire du cyclisme de compétition, il a lui même été chercher ses sponsors. Il a crée une chaine Yutube: THE REDSTER (où il compte 3500 abonnés) et il a remporté de nombreuses courses Zwift (pas d’autres choix au Royaume Uni) dont la London Lockdown e-race (devant des pros).
« Ce côté des choses fait une telle différence (la chaine YouTube). Beaucoup de gens m’ont dit que si une équipe me regardait et me comparer avec un autre coureur alors que nous avions tous les deux la même puissance et les mêmes résultats, au moins il y a une chaîne Youtube qui montre aussi qui je suis et ca aide vraiment. En tant que coureur espoir, cela m’a vraiment aidé à recruter des sponsors personnels »
De plus Red Walters a également accepté de courir pour le BAME Cyclists Network ( une équipe créée à Londres avec l’espoir de devenir un jour une équipe enregistrée UCI.
« Je pensais que ce serait bien d’aider à promouvoir la diversité. Je les ai rejoins vers la fin de l’année dernière et je resterai également avec eux pour les courses que je fais ici au Royaume-Uni. Mani, qui dirige le team, est un gars génial et il a toujours eu cette grande vision de là où il veut nous emmener. Même je suis un peu surpris de voir à quel point ils ont grandi, surtout au cours des six derniers mois. Ils ont pas mal de sponsors et voir la quantité de diversité qu’ils apportent est tout simplement énorme. »
il faut que cela commence au niveau de la base pour avoir une plus grande diversité dans le cyclisme en généra
Comme Tao Geoghegan Hart et d’autres champions WorldTour, Red Walters rêve qu’un jour, un coureur de couleur puisse remporter le Tour de France.
« Il n’y a pas beaucoup de gens de couleur dans le cyclisme surtout au Royaume-Uni. Il y en a quelques-uns en Amérique et quelques-uns dans le WorldTour. Quand on me dit que j’ai inspiré des gens, c’est incroyable à entendre, mais je pense que l’amélioration de la diversité est due à de nombreux facteurs. Mais pour cela, il faut que cela commence au niveau de la base pour avoir une plus grande diversité dans le cyclisme en général. Cela va prendre du temps et je pense que les médias jouent également un rôle important dans ce domaine, cela se résume également à la perception du public sur les valeurs du sport. Puis, espérons-le, lentement, tout changera à partir de là. »
Nous avons contacté Thierry Pecheul, des Côtes d’Armor Marie Morin. Cela fait des années que le team joue sur le brassage culturel. Ils ont eu dans leurs rangs (et continue à en avoir) des coureurs Irlandais, Britanniques, Israëliens, Bielorusses et de bien d’autres nations encore.
C’est grâce à Mike Anderson (un britannique qui vit aussi en Bretagne) que Red Walters est rentrer en contact avec les Bretons
Thierry Pecheul à Be Celt. « Cela fait des années que nous recrutons des jeunes coureurs venus d’autres pays. Je pense que c’est une vraie force d’avoir ce brassage et cette diversité. Ces gamins qui viennent chez nous ont la dalle, une envie incroyable d’atteindre leurs rêves. Ils sont prêts à tous les sacrifices pour y arriver.
Là par exemple, nous avons recruté Adam Lewis. Le mec vient ici en Bretagne, vit loin de tout et des siens, pleine campagne, s’entraine seul chaque jour, fait gaffe à son alimentation, ne se plaint jamais et bosse encore et encore. J’ai remarqué que ces gamins, qui quittent leurs familles et leurs pays, sont des réels battants. Et cela permet aussi aux jeunes de chez nous de voir que le cyclisme est dur, difficile, qu’il demande des sacrifices pour atteindre le monde pro. Chez nous, beaucoup vivent dans un certain confort et ils perdent cette rage qu’avait nos anciens. En mélangeant les cultures, tu réalises que ca pousse aussi nos jeunes français à se surpasser.
Je ne connais pas beaucoup de coureurs amateurs prêts à tout quitter pour aller tenter l’aventure dans les courses amateurs en Belgique ou au Pays Bas, mais ce n’est que mon opinion personnelle.
Donc Red Walters est ce genre de jeune qui nous plait. il a la dalle, il a un réel potentiel et il est prêt à tout pour atteindre ses rêves. Il fait déjà de bon résultats. J’ai hâte de la voir à l’oeuvre. Il débutera par le CC Plancoët car nous étions complets quand nous l’avons remarqué grâce à Mike Anderson. Mais je sais qu’il est suivi et j’espère qu’il rejoindra une équipe pro étrangère si il a des résultats. »
Nous sommes en contact avec Giles Pidcock et la Dave Rayner Fund
Le brassage des cultures et la diversité. Difficile à réaliser ce mélange?
« Dans l’ensemble non. Mais c’est vrai qu’une minorité nous ont montré leur mécontentement. On a eu le droit à des différents adjectifs de la part de certains mais nous sommes au delà de ca. Certains on demandé aux coureurs anglais de repartir chez eux, leurs ont reproché qu’ils piquaient la place aux francais . Mais ils ne savent pas qu’il y a de moins en moins de coureurs amateurs français sur les courses. Et ces gars là, ces étrangers, ont tout sacrifié pour venir ici donc tu penses qu’une personne insultante va les arrêter?
De plus nous renforçons nos liens avec les cultures étrangères, nous sommes en lien avec Giles Pidcock, le papa de Tom. Il s’investit énormément pour les jeunes en Angleterre et surtout dans le Yorkshire. Il a créé une équipe juniors et nous allons en prendre à l’avenir. Ils arriveront chez nous ou au CC Plancoët. Un autre pont comme on le fait avec la Fondation Dave Rayner Fund. On continuera et tant pis si ca embête une poignée d’individus (car ils ne sont pas nombreux) qui ne connaissent pas les valeurs réelles de notre sport. »
l’avenir du vélo c’est le brassage des cultures, la diversité
« Et en plus, l’avenir du vélo c’est le brassage des cultures, la diversité justement. Le cyclisme est universel et maintenant, regardez les champions qui claquent le tour, le Giro ou la Vuelta? Ils viennent de pays qui ne misait pas sur le cyclisme. Qui aurait cru voir un équatorien, un colombien, un slovène ou un anglais claquer des Grands Tours il y a tout juste dix ans? Personne je pense. les fédérations que l’ont qualifiait d’ émergentes il y a peu de temps nous montre qu’ils ont très bien appris leurs leçons. »
Vous avez un coach mental pour vos jeunes?
« Oui, Romain Gicquel suit tous nous jeunes. Chacun d’eux est différent, chacun a sa propre psychologie et chacun à son histoire. Par cette diversité, il nous faut les aider à trouver leurs chemins et qui ils sont réellement. On ne peut pas les prendre et leurs demander tout simplement de rouler à l’entraînement ou sur les courses. Ils sont jeunes et on se doit d’être là avec eux sur tous les points. Et le mental est très important. Ils ne sont jamais seuls. »