L’Italien Pino Buda, le patron de la société Sidermec, est dans le cyclisme depuis 40 ans. Son équipe, Androni Giocattoli Sidermec, n’a pas été invitée sur le Giro. Dire que c’est un coup au moral pour ce chef d’entreprise serait un euphémisme. Pino Buda ne sait pas, désormais, si il restera dans ce cyclisme qu’il ne reconnait plus dans les années à venir. ASO et RCS ont invité une équipe de plus (sous l’aval de l’UCI) sur leurs Grands Tours. Perdre sa place sur le Giro ou le Tour de France peut avoir des répercutions dramatiques pour une équipe, pouvant même faire abandonner un sponsor si rare en ce moment de crise. ASO a donc privilégié les 3 ProTeam Françaises pour qu’il n’y ait pas de drames au final. Le Giro en a fait de même mais les ProTeam Italiennes étaient plus nombreuses à vouloir une invitation. L’équipe perdante est celle de Pino Buda alors qu’elle était présente sur le Giro depuis de nombreuses années. Pino Buda sur TuttoBiciWeb
: « La première réaction serait de partir. Les valeurs fondamentales ont été complètement perdues de vue. Après 40 ans dans ce milieu en tant que sponsor, je ne pense pas que je devrais recevoir une médaille pour cela, mais pas même après avoir subi une telle injustice après si longtemps. Je suis d’ailleurs complètement démotivée d’un point de vue sportif. (…)
Aujourd’hui il semble irrespectueux de ne pas inviter une entreprise comme Androni Giocattoli Sidermec sur le Giro avec cette échelle de valeurs (à ce stade seulement hypothétique) que le team avait largement gagné. Sans considérer qu’au cours de toutes les années, l’équipe a été au Giro, elle l’a honoré d’une manière louable comme les médias n’ont jamais manqué de le souligner, finissant par enrichir nombre des belles histoires que la Corsa Rosa apporte de manière indélébile
Je soutiens les équipes cyclistes, ainsi que pour un aspect promotionnel et sportif, également avec cette intention sociale de garantir du travail, pour les coureurs et le personnel, durant un long moment où c’est évidemment rare.
Face à une telle injustice, car avec nos résultats et notre projet nous aurions certainement dû recevoir un joker, je n’ai plus l’intention de rester dans un environnement qui décide injustement .
Je connais parfaitement la dynamique d’une entreprise, mais je crois que dans toutes les décisions il y a toujours une limite éthique et morale qu’il ne faut pas dépasser, pour ne pas paradoxalement nuire à ceux qui font des choix
Il faudra du temps pour digérer cette grosse déception. Bien sûr, pour toute cette 2021, je compte apporter tout mon soutien à l’équipe dans laquelle je me reconnais pour son esprit et ses valeurs. Androni Giocattoli Sidermec a une approche planificatrice et pourra certainement revoir fortement ses objectifs pour vivre la saison intensément même sans le Giro. Je vais réfléchir à ce que je vais faire l’année prochaine, maintenant je dis juste que la colère est grande. J’espère que la solidarité que l’équipe a reçue ces jours-ci du public ainsi que d’un nombre énorme de fans pourra encourager d’autres réalités, comme la mienne, à soutenir un projet sérieux géré avec un grand professionnalisme par Gianni Savio et Marco Bellini. Je serais attristé de ne plus les soutenir en raison de ce mauvais environnement actuel.
Je ne veux pas croire que, tout à coup, toutes les valeurs que le sport apporte ne peuvent plus être prises en compte. »
PHOTO ANDRONI GIOCATOLLI SIDERMEC (Sur le dernier GIRO)