Bon, ça fait un bail que je ne t’ai pas écris cher Père Noël. J’ai pensé à toi en cette fin d’année vraiment étrange et anxiogène. Du coup, je t’envoie cette petite lettre pour me raccrocher à une branche d’espoirs et pourquoi pas à celle de ton sapin qui trône dans mon salon. Je me souviens que, toi Père Noël, tu m’a offert mon premier tricycle du haut des mes deux bougies. Je me souviens t’avoir écrit pour que tu m’offres mon premier vélo…
Je me suis souvenu aussi que chaque année depuis ma tendre enfance, je trépigne à l’idée de ce moment, ta descente ici bas… Noël, c’est la magie! C’est aussi retourner à notre enfance, quand notre plus gros souci de gosses était de choisir si nous allions faire notre dessin avec des crayons ou des pinceaux. Noël, c’est aussi retourner à l’âge où l’on s’émerveillait…
Puis, il y a un âge ou l’on « devient grand ». Dès lors, notre émerveillement a tendance s’émousser au fil des ans, des décennies. On se souvient avec nostalgie de ces moments partagés avec les nôtres comme la joie de prendre la main de notre père en allant encourager ces champions qui nous émerveillaient tous gosses… Certains devenaient nos héros à nos yeux d’enfants !
Avec le temps, j’ai alors compris que s’offrir des cadeaux sous ce sapin n’était qu’un prétexte pour nous réunir en famille, d’une pause entre nous dans ce monde qui part en vrille. Comme ce rêve d’un cyclisme unifié, notre famille sportive !
Désormais, je raconte ton histoire à mon fils qui s’émerveille devant les guirlandes et les décorations de cet arbre qui nous rassemble. Tout comme je m’émerveille devant les banderoles d’arrivées et de départ d’une course. Au fond, mon fils et moi nous sommes pareils, nous avons ce besoin de rêver, de nous émerveiller. Mon fils a raison, le père Noël existe…
Donc voilà pourquoi je t’écris cette liste pour mes cadeaux de Noël. Je te rassure Père Noël, je ne te demande pas le dernier vélo dernier cri qui est encore plus cher que ma vielle bagnole. Non, je te demande de nous retrouver tous, comme quand nous étions ces gosses et que j’attendais ton arrivée avec impatience.
Certe, mon vocabulaire a bien changé depuis notre dernière rencontre il y a des décennies mais je fais « gaffe » à ne pas t’offusquer tout en restant moi même.
1 Je voudrais que tu apportes ce vaccin afin que ce « pu..in » de Covid-19 disparaisse comme il est venu. Je voudrais que tout redevienne comme avant quand on se rassemblait sans avoir la peur de contaminer l’un des nôtres, sans avoir à polémiquer entre nous sur une question de complot, je voudrais que la division cesse. Je voudrais nous retrouver sur nos courses
2 Je voudrais emmener mon gosse sur les courses cyclistes, qu’il soit émerveillé devant les champions et cette foule incroyable venue les encourager. Je voudrais que ces courses reviennent dans mon village et dans les quartiers et kermesses de mes villes et villages (ce n’est pas la faute du Covid pour cette demande)… Je voudrais que mon gosse découvre le cyclisme en bas du jardin, au rez de chaussée d’un immeuble, avec l’odeur de ces baraques à frites en entendant un speaker passionné s’égosillant dans son micro…
3 Je voudrais qu’un club existe à deux pas de chez moi et non pas à une centaine de kilomètres. Car je n’aurai pas le temps d’emmener mon gosse avec cette distance, je suis réaliste.. Je voudrais qu’il pousse la porte de ce garage à vélo situé à deux pas de chez moi et qu’un bénévole lui apprenne ce qu’un autre m’a appris à son âge.
4 Je voudrais que les bénévoles retrouvent le sourire. Et pour cela, je voudrais que les équipes pros les remercient un jour de tous leurs efforts pour trouver leurs champions. Je voudrais que les champions viennent taper dans l’épaule ou sur le clavier pour un message qui leur est destiné sur les réseaux sociaux.
5 Je voudrais que la FFC se penche vraiment sur les clubs et les courses de nos villages et s’inquiète de leur avenir. Je suis persuadé que si elle diminuait ses frais de représentation ou de délégation, elle n’augmenterait pas les taxes qui plombent encore plus nos courses et nos clubs. Je suis persuadé que si elle lâchait du lest dans les budgets des plus petits, elle donnerait un second souffle à nos bénévoles.
Je voudrais que la FFC se penche sur le cyclo-cross, cet art qui a fait éclore Julian Alaphilippe, Wout van Aert, Mathieu van der Poel ou Tom Pidcock, tout comme Peter Sagan venant du VTT ou sur la piste comme Geraint Thomas (vainqueur du tour 2018) et Bradley Wiggins (vainqueur en 2012). Je voudrais que la FFC se penche sur les mamelles de notre cyclisme.
6 Je voudrais que le cyclisme féminin soit respecté à sa juste mesure et non pas utilisé pour se donner bonne conscience comme on le fait en ce moment. Je voudrais que l’on permette aux filles de montre ce qu’elles ont à offrir vraiment au lieu de les snober. Car elles sont, tout autant que les hommes, l’avenir de notre cyclisme.
7 Je voudrais que l’UCI s’intéresse plus à notre avenir incertain, de ce cyclisme qui vit au pied de son immeuble HI-Tech super connecté, mais si déconnecté de la base, au lieu de chercher à prendre la présidence du CIO (le rêve ultime de tout homme politique) et de flirter avec des dictateurs qui s’assoient sans sourciller sur les droits de l’homme comme le Turkménistan, état qui est à mille lieues des valeurs de notre sport. Je voudrais que l’UCI agisse dans le présent plutôt que pour un avenir incertain si la base s’effondre.
9 Et enfiin, je voudrais qu’un Français gagne le tour de France. Ca fait 35 ans cette année que l’on n’a pas vu ça, que mon gosse connaisse enfin cette joie… Je voudrais que les équipes pros fassent alors confiance aux jeunes et les laissent s’exprimer avec leurs fougues et leurs hargnes. Pour ça, je voudrais que, aussi, les journaux cessent de voir et de déclarer qu’il y a un nouvel Hinault ou Anquetil dès qu’un gamin de chez nous lève les bras, ça lui enlèvera un stress surement inutile et des comparaisons qui n’ont pas lieu d’être.
10 Je ne voudrais pas que les marques ne nous imposent plus enfin une prochaine cassette de 14 vitesses ou autre gadget à la con afin d’amoindrir notre portefeuille pour gonfler le leur…. Je voudrais que les marques soient moins gourmandes de nos bourses amoindries après le passage de ce Covid-19 !
Enfin, Père-Noel, je sais que tu ne peux pas changer le monde, tu n’es pas le bon Dieu, tu ne fais de miracle contrairement à l’autre… Mais je n’ai jamais cessé de croire en toi, je rêve toujours du meilleur, de beauté, de respect, d humanité et de vrais combats ente les hommes, du meilleur de l’homme !
On voudrait, cher Père-Noel, admirer encore le cyclisme: à commencer par le respect déjà sur la route, puis des arrivées de seigneurs par ces champions qui nous font rêver. On veut aimer ce sport à sa source, comme quand nous étions gosse dès le premier coup de pédale fourni, en restant dans le trip et continuant à rêver. On y croit cher Père-Noel, fais nous rêver encore et encore…