Commentateur pour Eurosport international, le vainqueur du Tour de France 2012 Bradley Wiggins, a donné son avis sur le mouvement des coureurs hier avant la 19ème étape du Giro. Pour ce dernier, il comprend le mouvement mais il reproche le manque d’organisation et la pagaille que cela a provoqué par la suite. Cela a véhiculé une mauvaise image du cyclisme par ce manque de cohérence et de compréhension dans le mouvement et l’initiative dans les dernières minutes avant le départ de la 19ème étape.
Tout cela n’est qu’une pagaille
Pour Wiggo, les grands perdants ne sont pas les coureurs ou les organisateurs mais le public et le cyclisme. Bradley Wiggins:
» Tout cela n’est qu’une pagaille (le mouvement sur le Giro). Je pense que tout le monde finit par avoir l’air assez stupide (…).
Les coureurs ont protesté sans unité comme d’habitude, personne ne semblait savoir ce qui se passait. Le directeur de la course, Mauro Vegni, a menacé de faire payer quelqu’un dimanche. Mais les seuls qui finissent par perdre, dans cette affaire, sont le public et les téléspectateurs.
Je peux comprendre le point de vue de tout le monde. Celui du coureur par exemple : avons nous besoin d’une étape de 258 kilomètres au lendemain de l’étape du Stelvio ? (…)
Mais tout cela ne fait que montrer le manque d’unité, le manque d’organisation et le manque de pouvoir des coureurs en tant que groupe. Le syndicat n’agit pas comme un syndicat , plus comme un meneur d’agitation (…) »
Puis Wiggins a comparé les problèmes dénoncés par les coureurs à ceux rencontrés par les soldats (au combat) et les soignants en période de Covid, et comparé les salaires des travailleurs du secteur public à ceux des coureurs professionnels.
« Faire 250 kilomètres à vélo pendant six heures, qu’il pleuve ou non, c’est un peu disproportionné par rapport à ce que certains doivent faire, comme les militaires en première ligne ou ceux qui travaillent au sein du NHS (hôpitaux) dans le climat actuel.
Évidemment, je parle du point de vue de quelqu’un qui a pris sa retraite depuis quatre ou cinq ans. Soyons clairs, à l’époque où j’étais coureur, j’aurais été le premier à ne pas vouloir participer à la course.
Mais de l’autre côté de la barrière, je réalise à quel point c’est un privilège d’être un cycliste professionnel. Les coureurs ont beaucoup de chance, et ils le méritent, en termes de salaire de nos jours, et aussi en raison du climat actuel dans le monde. Le cyclisme apporte une vision très romantique car c’est une passion et une évasion pour beaucoup de gens, afin d’évacuer la tension et la pression de la vie quotidienne.
C’est pourquoi je considère qu’être coureur pro comme un privilège.
Nous avons la chance d’avoir un Giro d’Italia cette année. De ce point de vue, profitez-en. Nous avons vu ce que c’est quand il n’y a pas de courses. »
Wiggins a conclu sa déclaration en affirmant que la protestation des coureurs à Morbegno avait été plus forte que la protestation contre le racisme organisée par les coureurs lors du Tour de France, où le peloton avait revêtu des masques portant des messages antiracistes.
« En outre, ils (les coureurs) ont pris position aujourd’hui, plus que pour Kévin Reza et dénoncer le racisme lors du dernier Tour de France. »