Kevin Reza (b&B Hotels Vital Concept) est le seul coureur noir du peloton du Tour de France. Déjà victime de plusieurs insultes racistes (sur le Tour de France 2014 et sur le Tour de Romandie en 2017), il a encaissé le silence. Pourquoi ? Car dans ce sport au sujet du racisme, le sujet reste tabou et il n’existe pas selon l’UCI. Il continue à rouler envers et contre tous. Il a accordé une longue interview aux américains de Cyclingnews et aux Britanniques du journal international » « The Guardian » et d’Eurosport UK . Il affirme que le cyclisme a «
beaucoup à apprendre et qu’il est vraiment loin derrière les autres sports » en ce qui concerne le racisme et la diversité.
Plusieurs fois insultés par certains coureurs, il n’a pas fait étalage de tous ces actes pour éviter les scandales mais il lui fallait tout de même encaisser car il veut simplement faire son job.
L’UCI n’aime pas non plus parler du racisme et fait plutôt « bouche cousue » sur le sujet (Tout doit être propre dans le cyclisme). Mais désormais, les médias étrangers veulent faire part de leurs soutiens au coureur français, le seul coureur de couleur noir du peloton du Tour de France.
Pourtant, plusieurs sportifs du monde entier ont soutenu le mouvement » Black Lives Matter », mais le cyclisme professionnel est resté très silencieux à ce sujet. Kevin Reza s’est alors expliqué plus largement sur Eurosport UK sur les raisons de ce grand silence.
Kevin Reza ( a Eurosport UK) : » Ca montre que le cyclisme n’est pas prêt à évoluer de cette façon, c’est compliqué. C’est difficile de faire comprendre à certaines personnes que le cyclisme a besoin d’être rafraîchi comme les autres sports parce qu’il y a beaucoup de sports qui évoluent sur ce point et qui progressent en ce qui concerne le racisme. Mais le cyclisme a beaucoup à apprendre et il est vraiment loin derrière à cet égard. »
« Sale négro » avait dit Michael Albasini lors du Tour 2014 puis Gianni Moscon sur le Tour de Romandie 2017 et aucune réaction de l’UCI.
Kevin Reza : « La première fois, l’ASO a pris l’initiative et m’a demandé ce que je pensais, ce que je voulais faire à l’égard d’Albasini. J’étais très jeune, c’était mon premier Tour de France et je voulais me concentrer sur ce que j’avais à faire su le vélo et rien d’autre. J’ai décidé de me concentrer sur la course.
Mais la deuxième fois, avec Moscon, je n’ai pas eu un seul message de soutien du Tour de Romandie et de l’organisation, pas de soutien du tout, tout s’est fait sous le manteau, c’était très compliqué ».
Si il avait un message pour les couleurs blancs
Kevin Reza ; » Je leur demanderais, tout simplement, vu tout ce qui se passe dans le monde, de ne pas l’ignorer. Parce que même parmi mes amis proches et mes coéquipiers, nous n’en parlons pas beaucoup. Je trouve cela dommage car cela fait des mois que cela fait la une des journaux. Je ne sais pas si cela leur a échappé ou s’ils ne se sentent pas à l’aise pour en parler.
Mais c’est dans l’actualité et je suis aussi le seul coureur noir de l’équipe, donc je suis vraiment la bonne personne à qui demander et à qui parler de ce sujet.
Si j’avais maintenant un message pour mes collègues blancs, ce serait d’en parler et de prêter plus d’attention à ce qui se passe autour d’eux. »
Espoir en l’avenir
« L’espoir est toujours bon . Comme vous l’avez dit, je ne suis pas un porte-parole mais j’essaie de montrer le chemin que je dois suivre. J’essaie d’avoir un rôle assez discret, mais aussi présent. Après, c’est aux jeunes coureurs noirs de montrer qu’ils sont capables de réussir comme moi, de ne pas abandonner et de dire que ce n’est pas qu’un sport blanc, pas du tout.
C’est un sport qui, comme d’autres, demande beaucoup de sacrifices.
Je suis un pro depuis 10 ans maintenant et j’ai peur d’être le dernier coureur de la Guadeloupe. J’espère que je me trompe. J’ai un peu de mal à parler de la diversité parce que nous sommes tous pareils et nous essayons de faire notre travail du mieux possible ».
Photo B&B Hotels Vital Concept