Le cyclisme est devenu le « nouveau golf » , c’est la phrase marketing que l’on entend partout actuellement.
Oui, pour les patrons d’entreprises gens fortunés. Tant mieux pour le cyclisme nous direz vous mais nous ne sommes pas tous, malheureusement, des gens fortunés. Et particulièrement en France qui subit une crise depuis quelques années. Les plans sociaux se multiplient et le pouvoir d’achat est devenu la préoccupation première des français à juste raison
Donc, le cyclisme subit aussi cette crise. Pour une famille, quand l’un de leurs enfants (cadets) veut se mettre au vélo en compétition, il va falloir alors se serrer la ceinture pour lui permettre de s’éclater.
Mais il faut penser budget: Un vélo, c’est 1000 euros au minimum pour aller s’aligner sur une course, la moyenne étant de 1500 euros. Mais il faut penser aux chaussures (environ 100 euros au minium), casques (80 euros au minimum). La licence FFC ne coûte pas grand chose mais le prix des inscriptions flirte facilement les 15 euros par course actuellement. Et pour se déplacer pour emmener notre enfant sur les courses, le carburant devient un budget conséquent car les épreuves sont de plus en plus rares et de plus en plus éloignées, sans compter tout le reste…
Sur ce radeau de la méduse en France, les fabricants de vélos aussi veulent se faire un peu d’argent. Donc, il nous faut penser matos, comme les cassettes à changer( 2 par saison) et donc par 2 fois des chaines à changer. Puis certains (voir tous) veulent le « Garmin » dernier cri pour pouvoir rivaliser avec les potes (allez, on lâche encore 300 boules),et les pédales automatiques qui pètent au moindre choc et qui ne sont pas de la même valeur financière des vieilles pédales à courroies de nos 20 ans pour certains (on parle d’une époque où faire du cyclisme ne coutait pas cher). Et le vélo carbone, au bout d’un an, le prix est largement divisé par 2 si on parvient à le revendre sur l’un des sites internet.
Bref, au bout du compte, une saison coute à une famille (avec tous ces paramètres pris en compte) un budget de 3000 euros au bas mot, le plus bas. Oui un sport pour les riches devient il…
Peu nombreuses sont les familles qui peuvent se permettre ce budget en 2020. Mais si nous ne sommes pas contents, il y a d’autres sports populaires qui coutent moins chers aussi nous direz vous, donc les familles se dirigeront vers ceux là peut être, comme le foot…
Mais certains diront : « Oui mais les clubs sponsorisés par les fabricants peuvent nous aider? «
Non, les marques et fabricants de cycles n’aident plus la base depuis bien longtemps, la « crise » vous diront ils, comme celle que la base prend aussi en plein face… Tous les 2 ans, les marques nous sortent un nouveau modèle qui devient obligatoire car le précédent n’est plus adaptable à quoique ce soit (une stratégie de vente). Faut bien gagner sa croûte et faire des marges à court terme pour certains. Le long terme, ils ne connaissent pas. Miser sur l’avenir en aidant les gosses? Non, trop risqué à court terme. Avec ce système là, les riches pourront effectivement faire du vélo mais la base n’en aura plus du tout les moyens et surtout plus l’envie.
Les marques pourraient sponsoriser des clubs formateurs ( en offrant des vélos) comme au Royaume Uni, USA et dans quelques autres pays. Avec ce geste, ils peuvent alors toucher et fidéliser une clientèle de jeunes à l’avenir mais ce n’est pas dans la culture Française en 2020.
Il y quelques années, je parle d’une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre, les primes sur des courses de cadets, juniors nous permettaient d’aller acheter du matos chez le marchand de cycles local. Et chez les « 1ères », les primes pouvaient même représentaient l »équivalent d’un salaire. A l’ époque, les sponsors on ne les payait pas, ce sont eux qui payaient pour être sur le maillot.
Justement ce maillot qui coute 90 euros en moyenne pour une famille, les clubs sont obligés de les vendre pour pouvoir payer le fournisseur et les tenues des « élites ».
A une époque, les marques textiles payaient et l’argent servaient à équiper tout le monde dans le club, des minimes au 1ères, il y a longtemps…
La FFC peut elle faire un effort pour la base?
Les clubs (en france) n’ont pas de subventions de la part de la FFC et bien au contraire, les clubs doivent financer le fonctionnement du paquebot FFC et de tout son équipage.
Donc, la FFC pourrait elle peut être dégraisser un peu dans ses effectifs et frais de mission, alléger les frais imposés aux organisateurs et celles des charges des clubs par exemple, qui coutent une blinde comme dirait l’autre, pour tenter de sauver la base qui crève la gueule ouverte? Injecter de l’argent à la base et les clubs pourront vivre, former et fidéliser les jeunes et l’avenir sera meilleur pour tout le monde (surtout pour l’avenir de ceux qui sont au sommet) comme l’ont prouvé bien d’autres sports. Se serrer la ceinture par le haut permettrait à ceux qui les font vivre, tout en bas, de pouvoir repartir.
Alors que l’UCI est en train d’aider les fédérations émergentes (projet solidarité) du cyclisme en les finançant et avec l’apport de vélo, la France, berceau du cyclisme , n’arrive plus à s’en sortir. Vivement alors que nous soyons classés comme une fédération émergente (humour!) alors!!!!
Donc, oui nous sommes d’accord, le vélo est le nouveau golf… Mais qui joue au golf en France? Pas le milieu populaire dont le vélo est issu, ce milieu dont il a oublié ses origines dans les villages, les patronages et les clubs formateurs… Non, les parcours de golfs ne se situent pas là où vit la base.