Le coureur français Kevin Reza (B&B Hotels Vital Concept) a accordé une longue interview au site américain Vélonews. Le sujet de cette discussion est le racisme. Il n’a pas vraiment connu ce problème au sein du peloton hors quelques cas isolés mais il sait que ce monde cycliste ne reflète pas la tension qui règne actuellement à travers le monde. Il remercie les équipes de l’avoir protégé mais en même temps, il admet que cette protection l’a empêché de voir la réalité du monde. Par choix personnel, il ne s’était jamais exprimé sur la question et reste encore dans l’étude. Kevin Reza ( à Velonews);
« (…) Comme beaucoup de monde, j’ai suivi les événements et j’ai appris des choses par le biais des plateformes sociales. Et quand j’ai vu la vidéo publiée par LeBron James, cela m’a fait réfléchir. Je n’ai pas tout compris, mais j’ai commencé à faire des recherches pour comprendre ce qui se passait vraiment. Et c’était vraiment décourageant car j’ai compris que les choses ne s’amélioraient pas vraiment.
C’est comme si nous faisions un pas en avant et deux pas en arrière. Les drames n’ont cessé de s’accumuler mais les choses ne s’améliorent pas. Et sur un plan personnel, j’ai essayé de trouver la meilleure façon d’aborder le problème. En tant qu’athlète, devrais-je m’exprimer ? Ou devrais-je rester dans mon coin et étudier davantage la situation ? Pour l’instant, c’est ce que j’ai choisi de faire. »
La réalité de ce que nous voyons dans les rues est loin de ce que j’ai vu moi-même dans le monde du cyclisme
Victime d’actes racistes de la part de certains coureurs comme Gianni Moscon ou le Suisse Michael Albasini, Kevin Reza sait que le peloton ne reflète donc pas ce qu’il se passe dans le monde. Kevin Reza;
« Il y a quelques années, je pensais que, malgré des incidents occasionnels de racisme, nous étions sur la bonne voie. Mais aujourd’hui, je comprends que si les choses semblaient s’améliorer, en fait, elles ne le sont pas. La réalité de ce que nous voyons dans les rues est loin de ce que j’ai vu moi-même dans le monde du cyclisme (…)
J’étais protégé. Je pense que les gens qui m’entourent dans mes différentes équipes successives ont même essayé de me protéger d’une certaine réalité. D’un côté, quand je regarde en arrière aujourd’hui, je veux les remercier. Mais d’un autre côté, je pense qu’être protégé comme ça ne m’a pas vraiment aidé à long terme parce que ça m’a empêché de voir la réalité. Traiter de tels problèmes (c’est-à-dire le racisme) est compliqué. C’est difficile à voir et à entendre. Peut-être que mes épaules n’auraient pas été assez fortes à l’époque pour supporter de telles choses, et cela aurait affecté ma carrière. Mais peut-être étais-je mal équipé pour faire face à ce que nous voyons aujourd’hui.
Les cas Moscon et Albasini restent des incidents isolés dans le peloton pro actuel
Je n’ai vraiment pas ressenti ce « malaise » dans le peloton professionnel. En dehors de ces deux cas isolés (Moscon et Albasini) , je n’ai jamais ressenti aucun malaise parce que je suis Noir. Je ne peux pas dire que le peloton ou même une partie du peloton est raciste, pas du tout ! En dehors des deux cas que j’ai cités, le monde du cyclisme professionnel est sain. »
Les gens en ont marre d’être dénigrés pour la couleur de leurs peaux, c’est juste NUL
Mais quand je regarde le monde, il est évident que les règles ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Et les gens en ont marre ! Les gens en ont marre d’être dénigrés. Les gens en ont marre que les gens aient peur de nous parce que nous n’avons pas la même couleur de peau. C’est juste « Nul ! » Nous sommes des citoyens comme tout le monde. Nous avons nos emplois comme tout le monde. Nous payons nos impôts comme tout le monde (..) »
PHOTO B&B Hotels Vital Concept