Il porte les 3 casquettes, il est chef d’entreprise, président de l’Amicale Cycliste Bisontine et organisateur de courses dont une manche de la coupe du monde de cyclo cross, Pascal Orlandi s’inquiète de l’avenir du cyclisme amateur.
Lors de la déclaration de la FFC, il s’est tout de suite projeté sur l’année 2022, l’année qui verra surement le solde de tous comptes si personne ne fait preuve de solidarité, de cohésion. Si rien ne se fait, 2022 sera l’année noire de notre cyclisme amateur.
Il s’explique sur Be Celt
Pascal Orlandi. « Déjà je pense aux familles, aux coureurs et à tous nos passionnés. Que tous soient surtout en bonne santé et que ce covid ne les touchent pas.
Et ensuite, ce repos forcé quel soulagement! Oui un soulagement, car nous étions sous pression depuis des années et enfin nous pouvons respirer, juste s’arrêter quelques temps afin de nous retrouver au calme, entre nous et de nous soutenir dans ces moments difficiles, le collectif. Content de pouvoir reprendre notre souffle. Je tenais à dire ça avant toute chose. La santé avant tout le reste, une bonne santé physique, mentale et pour tous, ensemble. »
Pascal, le calendrier sur route reporté jusqu’au 29 novembre 2020, qu’en penses tu ?
Pascal Orlandi : » Oui… Bon… Comment on peut fixer une date comme ça et d’en être sûr? Fin novembre? Alors que l’on ne sait toujours pas quelles seront les consignes sanitaires du gouvernement et de l’ARS. Là je parle au niveau de la santé.
Ensuite, financièrement, si nous sommes autorisés à faire de la compétition sur route jusqu’au 29 novembre, comment organise t-on une manche de coupe du monde de cyclo-cross à Besançon le 29 novembre? On ne peut pas être sur 2 fronts en même temps financièrement, logistiquement et humainement.. Et au niveau sanitaire, pourra t-on avoir 3000 personnes sur un événement, devra t-on respecter les distanciations sociales? Personne en peut répondre à ces questions à l’heure actuelle et on nous parle déjà d’un calendrier que l’on veut sûr et certain.
Non, tout ça n’est que projet alors ne nous précipitons pas. »
Miser sur le cyclo-cross plutôt que de prolonger de trop une saison sur route déjà bien faussée
« Enfin, c’est la FFC qui veut absolument ce programme sur route jusque fin novembre. Mais les coureurs, eux, sont patients, ils peuvent attendre l’année 2021. Ils seront là la saison prochaine et en pleine forme pour une saison « normale » et non pas déjà fatigués d’une saison 2020 terminée 2 mois avant les premières compétitions 2021.
Dans l’urgence du moment, le cross peut répondre à ces attentes et être une aide précieuse pour sauver le cyclisme en général
Alors pourquoi ne pas plutôt miser sur le cyclo-cross? Tout le monde voudra du grand air durant cette période hivernale. Le cross permettrait aussi à de nombreux jeunes de découvrir le cyclisme çar c’est beaucoup plus ludique que le cyclisme sur route pour eux.
Le fait d’avoir une saison cyclo cross plus fournie, c’est aussi de ces resources pour la fédération, elles peuvent venir de là, avec des organisations plus simples à mettre en place pour toutes les catégories! Ils veulent renflouer les caisses? Le cross coute moins cher à tout le monde et peut ramener plus de jeunes donc plus d’inscription et d’engagements à moindres frais. Dans l’urgence du moment, le cross peut répondre à ces attentes et être une aide précieuse pour sauver le cyclisme en général. »
Vos sponsors, partenaires privés et collectivités vous ont elles appelé ?
« Non, mais je sais que la collectivité, la ville de Besançon et le département du Doubs va continuer à nous suivre. Peut être avec moins de budget et c’est normal en ces temps difficiles. Les entreprises privées vont souffrir, l’impact économique ne se voit pas encore maintenant, elles le découvriront dans quelques mois. Je suis moi même chef d’entreprise, je pense à long terme et la vague la plus difficile à encaisser, elle se verra en 2022. C’est à nous de réagir maintenant. »
on va payer la note et elle sera salée
2022, une année butoir?
« Oui tout a fait. Là on ne dépense pas d’argent, du coup on s’en servira pour 2021. Mais en 2022, si on ne fait rien, si nous ne faisons pas preuve de solidarité à tous les niveaux, on va payer la note et elle sera salée.
Je suis chef d’entreprise, et ce serai indécent durant cette période de crise si un club ou le cyclisme viendrait me demander de l’argent. Je suis un passionné de vélo, président de club, et je n’irai pas démarcher aussi les entreprises qui souffrent actuellement. A nous de rester soudé, entre les clubs, les organisateurs et la FFC. A nous de nous serrer les coudes. »
Solidarité, à quoi penses tu ?
» Pour nous présidents de clubs, ce sera déjà de descendre le prix des licences des coureurs et celui des engagements sur les courses. Ensuite, faire comprendre aux coureurs pourquoi on descend les primes de courses.
J’en appelle à la FFC pour faire preuve de solidarité
Puis en tant qu’organisateur, avoir un cahier des charges moins onéreux l’espace de 2 ou 3 ans afin que tout le monde se retrouve et puisse continuer. Si l’on ne fait rien, on court au désastre économique dans le cyclisme amateur en 2022 çar, comme je le disais avant, le budget de 2020 servira à financer la saison 2021. La saison prochaine ne sera donc pas celle du solde de tous comptes, mais la suivant, par contre…
Pour nous autres présidents de clubs, on sait déjà que nous devrons faire attention à notre budget, peut être que la FFC nous impose moins de contraintes pour la saison à venir afin que nous puissions rééquilibrer la balance »
J’en appelle donc la FFC pour faire preuve de solidarité envers les clubs, les coureurs et les bénévoles que nous sommes. La crise touche tout le monde et à tous les niveaux. Si l’on reste soudés, on aura une belle saison en 2022. »
En photo, le team AC Bisontine en 2014 avec Dylan O’Brien, Eddie Dunbar, Kevin Mosnier Corentin Charbonnet, Joffrey Degueurce, Kevin Mosnier et Romuald Lefevre