Quintuple vainqueur du Tour de France, le dernier aussi en 1985, 2 Vuelta, 2 Giro, 1 Paris Roubaix, 2 fois Liège Bastogne Liege, 2 Tour de Lombardie, 1 titre de champion du monde, on ne peut donner tout le palmarès de Bernard Hinault sur une seule page tant il reste impressionnant.
Aujourd’hui en retraite, Bernard Hinault donne parfois son avis sur le cyclisme actuel quand on le lui demande. Souvent sans mâcher ses mots, il fait grincer des dents quand il lâche quelques tacles dont il a le secret. Il est et reste Bernard Hinault avec son caractère bien trempé, souvent mordant comme son surnom « Le Blaireau »
Il vient de donner une interview au Ouest France, à écouter en podcast.Bernard Hinault, le légendaire Breton.
Bernard Hinault à Ouest France ; « On m’a surnommé le blaireau. Cela me va bien. Tous les chasseurs savent que c’est un animal hargneux, agressif. Faut pas le chatouiller, quand on le chatouille il mord. C’est un peu mon cas en début de saison. Il y en a qui disaient « ouais il marche pas, bla, bla. Ok, mais attention, quand je vais sortir ça va ronfler, ça va rouler »…Je suis entier, je n’ai pas peur de dire ce que je pense. »
La gagne
« Quand on veut on peut comme me le disait Mr Leroux. Si tu veux quelque chose, tu vas le travailler, quelque soit les conditions, quelque soit le moment. Je faisais tout pour y arriver (..). »
Ses idoles
» Jacques Anquetil et Eddy Merckx. La victoire me plaisait chez eux. Quelqu’un qui a envie de gagner, il ne peut avoir que des gens qui gagnent comme idoles, pas ceux qui font 2 ème ou 4ème.
Ils avaient 2 méthodes de courses différentes. Anquetil était un peu dilettante et qui attendait souvent que Stablinski lui dise de remonter. Le père Jacques, il remontait et puis « bing », il la faisait la course. Et puis l’autre personnage c’est Eddy Merckx, lui, voulait tout gagner… Alors je me suis dit que si j’étais entre ces deux-là, c’était peut-être pas si mal…
Eddy est le grand personnage du cyclisme, il est et reste le numéro 1. Il a tout gagné, il a tout pratiqué. »
Sa mission avec Century 21 sur le Tour de France
« Je serais au départ… Je vais faire une opération avec Century 21 parce que l’on offre 100 vélos, 100 tee shirt, 100 casques à des enfants qui sont dans des zones un peu défavorisée. Quand on m’a proposé cette opération, j’ai dit que ça m’intéressait pour la simple bonne raison que mon rêve c’est le vélo que je vais offrir à un jeune, tu vois, dans 20 ans il vient me voir et me dise; » T’as vu, tu m’a offert un vélo il y a 20 ans et aujourd’hui je suis le champion. Ca ce serait le pied comme c’est pas possible. On en a déjà donné il y a 2 ans, l’an dernier, plus de 250 vélos. Peut être que dans le lot, il y a le champion de demain. »
Suivre le tour de France?
« Ca dépend ce que je fait. S’il y a de belles étapes, je regarde la dernière heure. Avant, il n’y a pas de course. Pour moi, c’est pas aussi passionnant. Tout le monde court pour la dernière demie heure de course. On laisse partir 3 ou 4 coureurs, on contrôle avec les watts, la puissance, ça et ça. Ca manque un peu de piment…Sur le tour, le scénario est presque écrit. Pourquoi passer cinq heures devant ma télé simplement pour voir de la course dans la dernière demi-heure(…) »
Un français peut il gagner le tour ? 34 ans après lui.
« Peut être que l’on a pas les athlètes qui ont les qualités physiques pour réaliser ça. Il faut être très bon en montage et en contre la montre. Et aujourd’hui, ils leurs manquent tout ça. C’est pas comme une machine, ça se fabrique pas comme ca. En plus, il y a d’autres pays qui sont arrivés , des anglais, des australiens, américains, c’est beaucoup plus ouvert.. Il faut se battre (… )
Les français ont un peu plus de chances, et il ne faudra pas avoir peur d’attaquer. Quand on se souvient que Bardet a fait 2ème, ce jour là il avait pas eu peur d’attaquer. Il l’a fait dans des conditions exécrables. Il a pris des risques…. Il faut savoir se dire « ok j’y vais, quitte à tout perdre ». Il y a Bardet, il y a Pinot. Ce sont les 2 seuls (…)
Les jeunes coureurs viennent ils le voir?
« Non, non non, pour eux je suis un vieux con (…) Quand tu leur dis qu’ils ont les pneus trop gonflés, on ne t’écoute pas et on te répond qu’il faut que ça soit dur aujourd’hui. Si il y a en un qui me dit quelque chose, je lui dit alors « Elle est ou ta carrière bonhomme? Tu pourras causer quand tu auras un palmarès. Pour l’instant, tu te tais… »
Podcast à écouter sur Ouest France