Sur les Plages Vendéennes, entre le brouhaha des klaxons des voitures,la clameur et les cris d’une foule acquise à la cause cycliste, une voix réussi pourtant à se faire entendre dans ce chaudron d’une ligne d’arrivée comme les Plages, un véritable exploit en soi déjà !
Cette voix porte un nom: Marion Hérault Garnier. Un petit bout de femme issue de cette terre de Vendée, un peu rebelle, au caractère bien trempée mais toujours avec ce sourire qui réchauffe la gueule d’un champion, rincé, épuisé quand il monte sur ce satané podium tant convoité.
Elle est l’une des rares femmes speaker en France, voir en Europe. Elle est devenue une » voix » à grands coups de passions, d’une pour le sport et de l’autre pour l’aventure humaine. Quand elle commente, à fleur de peau, elle est capable de transmettre ses émotions, de celles qui vous font cesser de marcher, histoire de tendre l’oreille pour écouter les histoires de ces champions, tels des gamins au coin du feu écoutant religieusement les légendes narrées par une conteuse .
Au fil des ans, elle s’est imposée par son style, son savoir faire, cette volonté malgré les obstacles dans ce monde parfois un peu « macho » malgré lui!
Sa jeune carrière, elle l’a débuté sur les pistes d’athlétisme puis de triathlon en 2007. Par un concours de circonstances nous dira t-elle mais le destin en avait sûrement poussé l’occasion. A 17 ans, la voilà, micro à la main, sur ces pistes à commenter les épreuves. Pas vraiment experte de ce sport, elle avait réussi pourtant à diffuser, à tous, sa voix passionnée, à donner de la vie à ce moment, juste une intensité.
Mais le destin l’avait choisie pour un autre sport. Faut croire qu’il y a toujours une bonne étoile qui veille quand vos doutes vous submergent. Par un jour d’été 2015, le speaker officiel du chrono des nations, dont elle fait parti, ne peux se rendre sur l’événement. Panique à bord du bateau, il faut trouver une solution pour accompagner le maître Daniel Mangeas, il reste peu de temps, il reste…. Marion Hérault Garnier. Au pied levé, la Vendéenne se retrouve sur le podium au côté de « Monsieur Daniel Mangeas. Elle prend le micro, regarde le public un instant, prend son inspiration et fonce…. Depuis ce jour, on ne l’arrête plus, on la retrouve même avec ASO sur le Tour de France ou sur Paris Nice. Les courses, elle les prend comme une belle journée, juste une belle journée à ne pas laisser s’échapper, « Just a beautiful day » comme cette song de U2! La vie, l’aventure, elle les dévore. Elle est cette voix qui s’élève!
Marion Hérault Garnier, comment es tu devenue speaker ?
Par un heureux hasard si je puis dire. C’était en 2007, Jean Claude Guion appelle mon père pour savoir si je pouvais remplace un speaker sur un journée d’athlétisme. J’avais 17 ans, un peu risque-tout, j’ai dit oui. J’ai donc commencé comme ça. Durant 8 ans, j’ai commenté surtout l’athlétisme et le triathlon. Le cyclisme, j’y suis venu avec le Chrono des nations.
C’est à dire?
Mon père faisait partie de l’organisation, je faisais parti du staff. Et là aussi, le speaker prévu n’a pu venir. Du coup, ça a été un peu la panique car il restait vraiment peu de temps avant l’épreuve. Le président du chrono des Nations savait que je voulais commenter l’événement sur le podium. Sincèrement, il était réticent au début mais il n’a pas eu vraiment le choix et c’est parti comme ça. Il y avait 2 autres speakers dont Daniel Mangeas, j’observais son style. C’est sûr que tu as ce fameux « coup de stress » mais une fois dans le bain et accompagné par les conseils du maître, tu oublies tout et tu te lances. Voilà comment tout a débuté pour le cyclisme, un heureux concours de circonstances.
Je voulais montrer que j’étais capable en tant que speaker et à ce niveau là, homme ou femme on s’en fiche.
Une femme au micro, comment as tu été perçu au début?
Je pense que être une femme n’a pas été une aide en soi peut être (rires)! Il n’y avait que des hommes et là une femme débarque. C’est vrai qu’au début, tu dois faire tes preuves comme tout le monde mais peut être plus car tu détonnes dans le paysage habituel. Il te faut montrer que tu maîtrises le sujet peut être plus qu’un homme, que tu n’es pas qu’une groupie a qui on a tendu un micro. Je ne suis pas du tout féministe, et je ne voulais pas être la femme de service, un sourire et tout le reste. Donc, je comprenais plus ou moins ce traitement. Je voulais montrer que j’étais capable en tant que speaker et à ce niveau là, homme ou femme on s’en fiche. Au fil des courses, des années, j’ai prouvé que j’était une ou un (je m’en fous de la féminisation du mot) speaker. Je pense avoir montré que j’étais capable, point barre.
Sur le tour de France désormais depuis 2018
Depuis 2017 pour ASO. J’ai débuté sur le Dauphiné puis Paris Tours Paris Nice en 2018. Et j’ai commenté sur le Tour de France. Ils m’ont fait confiance et c’était une grande aventure, aussi bien professionnelle qu’humaine. Sur le tour, j’ai speaké pour ASO uniquement. Sur 2 étapes en tant que speaker « pur » je dirais et sur les fan-park et ateliers. Une sacrée belle aventure, un pur moment de bonheur. Là, le mot « rigueur » prend tout son sens. Une belle école à tout point de vue.
Y a t-il d’autre femme speaker en France?
Je pensais que j’étais la seule mais on m’a signalé que dernièrement une autre a déposé une licence. Je n’ai pas son nom mais je trouve ça géniale bien sûr. A vrai dire, je m’en fous que ce soit une femme ou un homme. Je ne veux pas que l’on nous choisisse par cet état de fait. On nous choisi en tant que speaker, avec notre savoir faire, notre « touch » et j’espère que l’on nous choisit pas pour la touche féminine mais bien pour nos compétences.
As tu des fiches pour t’aider?
Oui, dire le contraire serait mentir. Heureusement que j’ai des fiches. Avant une course, je regarde les noms des coureurs et je prends des renseignement sur chacun d’eux. Je les note sur mes petites fiches, je n’ai pas l’expérience de mes aînés, certains le font sans fiche c’est admirable mais moi j’en ai besoin (rires).
Tu es là, pour le tour, dans la ville où je suis née, mes filles aussi sont là aussi,
Ton meilleur souvenir ?
Je dirai quand même l’arrivée du contre la montre par équipe à Cholet sur le tour de France en 2018. C’était ma toute première étape sur le Tour en plus. Je te laisse imaginer la pression que je me suis mise. Tu es là, pour le tour, dans la ville où je suis née, et mes filles aussi. Et là, je me retrouve seule en cabine et je sais que les gens écoutent ce que je raconte, encore plus qu’ailleurs peut être même si j’évite d’y penser. J’étais « en transe », c’était fou ! Un véritable « Fecking good-trip » comme vous le dîtes en Irlande.
Quels adjectifs qualifient, selon toi, le métier de speaker?
Passion, partage, travail.