A 28 ans et une dizaine d’années dans le cyclisme de haut niveau, Jérémy Bescond a décidé que cet art ne serait plus sa priorité dans la vie. Victorieux à multiples reprises durant la saison 2018 au sein des Côtes d’Armor Marie Morin Véranda Rideau, le Breton a décidé de « passer à un autre chapitre » dans le livre de sa vie. Mais pas question de sortir par une porte dérobée. Non pour la « der », il la fera au sein d’une équipe atypique au caractère bien trempée, à son image, un team où il se sent bien; Hennebont Cyclisme.Professionnel au sein du Team Cofidis de 2012 à 2014, puis chez HP BTP Auber 93 en 2017, Jérémy Bescond a fait le bonheur des Côtes d’Armor a son retour dans l’équipe en 2018. Mais la vie d’un coureur de DN1 exige énormément de sacrifices et empêche tout espoir de reconversion dans le monde du travail pour un champion qui aime faire les choses bien et jusqu’au bout. La loyauté, la fidélité et l’abnégation sont aussi les qualités de ce genre de bonhomme, l' »à peu près » ne fait pas parti de son langage, de sa philosophie de la vie. Tout doit se vivre à fond, tout donner pour aller chercher l’exceptionnel ! Dorénavant, Jérémy Bescond a donc décider de se consacrer surtout à son nouveau métier dans le monde de l’automobile chez Citröen à Concarneau. Mais avant de tourner la page définitivement, tel le Breton, il se verrait bien foutre un peu le boxon sur quelques courses, histoire de tourner la dernière page avec panache, tel le baroudeur qu’il est, pour cette « Der » sous les couleurs d’Hennebont Cyclisme.

Jérémy Bescond; « Oui, c’est mon choix d’arrêter le cyclisme à haut niveau. Quand tu es coureur en DN1, tu dois t’y consacrer à fond, tremper le maillot et faire honneur au team. Ce qui implique la notion de sacrifices sur beaucoup de choses. Cette vie, ce chapitre de ma vie plutôt, je l’ai aimé et je le voulais, il ne m’a jamais été un poids. Mais maintenant, j’ai vraiment envie de me consacrer à une autre carrière, un autre chapitre. C’est ça la vie non? Un roman composé de plusieurs chapitres…
Si j’avais décidé de continuer à haut niveau, je serais resté aux Côtes d’Armor
Tu vas courir sous les couleurs du team de Cédric Le Ny: Hennebont Cyclisme
Oui, c’est aussi mon choix. J’ai reçu plusieurs propositions de la part d’autres équipes de DN1. Mais je ne voulais pas continuer à ce niveau et si j’avais décidé de continuer, je serais resté aux Côtes d’Armor. Déjà après mon départ du monde professionnel, j’avais hésité mais j’aimais et j’aime toujours le team des Côtes d’Armor Marie Morin. Je choisis un team avec mon coeur et je lui donne mes tripes. Avec Hennebont Cyclisme, j’ai ressenti aussi ce coup de coeur. Cédric est un mec bien, réglo, qui aime vraiment le cyclisme. Et le team est pas mal du tout avec les frères Jeannès entre autre……
Pourquoi Hennebont Cyclisme?
Cédric me laisse le temps pour ma reconversion, c’est aussi un chef d’entreprise, il sait ce que cela implique. Il me laisse me consacrer à mon emploi chez Citröen avec qui parfois je travaille plus de 45 h par semaine pour mes débuts dans le monde du commerce, pour apprendre le job. Cela me laisse donc peu de place pour le reste. Mais il sait que je veux bien finir dans le cyclisme et je le ferai. Mais d’abord, mon nouveau chapitre.
Je ne viendrai pas en touriste, je viendrai pour jouer la gagne
Je reviendrai surtout à la mi saison et je serais prêt pour rendre honneur au maillot d’Hennebont. En début de saison, c’est Mathieu Jeannès qui sera là comme leader et nul doute qu’il saura mettre le feu au peloton. C’est un très bon capitaine de route et il sait aussi transmettre le savoir de l’art aux jeunes. Je l’assisterai à partir de la mi saison, c’est dans cette période là que je me sens le mieux. Et je ne viendrai pas en touriste, je viendrai pour jouer la gagne. Ca ne sert à rien de porter un maillot pour jouer au cyclo sur les courses. Ce n’est pas comme ça que je vois les choses.

Quel sentiment gardes tu de ton aventure chez Côtes d’Armor?
C’était génial, une véritable aventure et une bande de potes. Sérieusement, on s’est vraiment régalés et on a bien foutu le boxon non? On a gagné le Tour de Bretagne avec Fabien Schmidt, je fais 8ème du général et toute l’équipe s’est donné à fond pour les couleurs et pas seulement sur le tour de Bretagne, je remporte le Challenge Sud Océane. On était là, ensemble, sur toute la saison 2018.
Côtes d’Armor conjugue parfaitement formation des jeunes et la culture de la gagne
Un souvenir en particulier?
Non pas un mais plusieurs. Côtes d’Armor conjugue parfaitement formation des jeunes et la culture de la gagne. Tu ne viens pas en DN1 en touriste, tu y viens pour devenir un champion, pour claquer. Mais Benoit Douchain, Mickael Leveau, Thierry Pecheul et les autres savent exactement enseigner ses 2 objectifs. Côtes d’Armor quand tu y viens, tu sais à quoi t’attendre et tu sais aussi que cela va te pincer le coeur de les quitter tant c’était intense. C’est un mélange d’émotions assez dingues, parfois de souffrances et de doutes mais vite estompés tant l’esprit d’équipe est vivace.
L’esprit des Côtes d’Armor
Des jeunes de talents comme Stu (Balfour), Owen (James), Alexis (Renard) et d’autres comme Alexis Roche. Justement, ce dernier a un potentiel énorme. Je me souviens lors d’une course, il monte à ma hauteur et me demande ce qu’il peut faire pour moi. Je luis dis que si il a la forme et les jambes, qu’il aille chercher la victoire pour lui. Mais non, il a roulé pour moi alors qu’il avait largement la caisse pour gagner. Il a pris la tête du peloton dans le final, et tout le monde s’est retrouvé un file indienne, ça craquait de partout. C’est ça aussi l’esprit des Côtes d’Armor, un clan et tous ensemble. Alexis Roche est très bon coureur, si il cogiterait moins, il en claquerait de belles.
Le maillot, c’est les armoiries d’un clan, d’une famille
Côtes d’Armor, Hennebont, quand tu parles d’une équipe, tu parles toujours de fierté du maillot
Oui, c’est normal. Je te l’ai dit, quand je choisi un team, je le fais avec mon coeur. Quand je l’intègre je lui donne mes tripes. Le maillot c’est le symbole de tout un collectif, des coureurs en passant par le staff, les supporters et les sponsors qui donnent leurs confiance. Le maillot, c’est les armoiries d’un clan, d’une famille. Tu te dois de tremper le maillot, de le défendre et de le porter au plus haut pour tout ça, pour eux, pour tous ces efforts. C’est un peu comme l’hymne de Liverpool « You ll never walk alone » (tu ne marcheras jamais seul). J’aime cet esprit, je l’avais trouvé aux Côtes d’Armor et je retrouve aussi à Hennebont Cyclisme.
Le cyclisme, ce chapitre, t’as servi à quoi dans la vie?
A atteindre mes rêves, à les vivre. C’était un putain de beau chapitre (rires). Le cyclisme m’aide au delà des courses, il m’aide dans la vie de tous les jours. Il m’a enseigné des valeurs, de l’auto-discipline, et la volonté d’aller jusqu’au bout des choses, de ne rien lâcher. Et même quand tu doutes dans la vie de tous les jours par exemple, le cyclisme m’aide à surmonter les problème car quand tu es sportif de haut niveau, tu te remets toujours en question et tu sais très bien que si un jour tu ne marches pas, le lendemain tu peux te retrouver en tête. Il suffit juste de ne jamais rien lâcher et d’oser dépasser ses limites, de croire en soi.

Photo en-tête Alexia Tintinger