Après avoir annoncé que son leader Tom Dumoulin irait sur le Giro 2019 plutôt que sur le tour de France, le patron du Team Sunweb, Iwan Spekenbrink, (également président de l’association des équipes de cyclistes professionnelles (AIGCP)) a remis en cause l’attractivité du Tour auprès du magazine américain CyclingNews. A noter que 3 contre la montre seront disputés sur le Giro pour un total de 58,5 km. Alors que sur le Tour de France, seulement 1 contre la montre par équipes et un individuel de 27 km seront au menu. Ceci laisse à penser qu’ASO tente d’imposer une tactique pour défaire le Team SKY, dominateur depuis des années.
« Sur le Tour, vous voyez que la course reste cadenassée, pendant des heures et des heures. C’est toujours pareil. Personne ne veut perdre de temps, donc ils continuent d’attendre, jusqu’à la fin. Sur le Giro, ces dernières années ont prouvé que les meilleurs grimpeurs se sont servis des étapes de montagne qui arrivent tôt dans la course pour gagner du temps. Il faudrait un meilleur équilibre : des étapes de montagnes difficiles et fantastiques plus tôt et des contre-la-montre exigeants. Cela rendrait la course plus ouverte. »
Spekenbrink a pris comme exemple la performance de Simon Yates sur le Giro de cette année, un « exemple parfait ». Bien que le Britannique s’effondra totalement à deux jours de Rome, il était un attaquant constant.
« Sur le Giro, Mitchelton-Scott a réalisé un tour parfait. Ils contrôlaient la course de la même manière, comme Sky sur le Tour de France, mais à cause du profil du parcours qui concilie grande montagne et contre la montre, leur leader Simon Yates a été mis au défi de ne pas attendre les cinq dernières minutes d’étape. Même en tant que leader, il a continué à attaquer pour gagner du temps, ce qui en fait une course passionnante. »
« C’est ça la différence évidente. RCS a cette vision qui réussit et c’est une course excitante. Le Giro comprend vraiment ça »
« Sur le tour de France, les purs grimpeurs n’ont qu’à montrer qu’ils sont les meilleurs qu’au cours des cinq dernières minutes. Mais si vous les défiez de le montrer plus tôt et de prendre plus de risques, vous ouvrez la course. Si les meilleurs grimpeurs ne doivent le montrer que dans les cinq dernières minutes, les différences restent minimes. Si vous avez de plus grandes différences naturelles par rapport aux épreuves du contre la montre, les gars doivent sortir de leurs défenses pour gagner du temps…
C’est ça la différence évidente. RCS a cette vision qui réussit et c’est une course excitante. Le Giro comprend vraiment ça, et c’est ainsi qu’ils ont conçu leur parcours, avec des contre la montre et de grandes étapes de montagnes… »
Les capteurs de puissanceASO a mis la pression pour supprimer les capteurs de puissance afin d’améliorer le spectacle. Mais Spekenbrink estime que les préoccupations d’ASO sont erronées et que c’est surtout une histoire économique, bien plus que sportive.
« Ils suggèrent d’enlever les capteurs de puissance au lieu de se concentrer sur ce qu’ils ont sous leur contrôle: le parcours. Vous voyez bien que le Giro, avec son amour et sa passion pour le cyclisme, se concentre sur des choses sur lesquelles il peut influencer et il cherche toujours un équilibre parfait entre ces montées majestueuses et ces épreuves de contre la montre exigeantes. »
Une grande partie de la puissance économique du cyclisme est concentrée entre les mains d’ASO, alors que les équipes survivent presque exclusivement grâce à des contrats de sponsoring à court terme. Interrogé sur le fait que les pressions exercées par ASO en faveur d’une interdiction des capteurs puissent être motivées principalement par des préoccupations économiques plutôt que sportives et par le désir de maintenir le statu quo, M. Spekenbrink a déclaré: « Cela pourrait bien être le cas. Vous devriez demander à ASO. »
Le souci pour ASO est que si les capteurs de puissance sont interdits à sa demande auprès de l’UCI, la société organisatrice du Tour de France devra dédommager financièrement les équipes.
« Nous espérons que l’UCI traitera ce sujet avec le plus grand soin et, à moins que l’on prouve sans conteste qu’ils (les capteurs) tuent la course, ils ne retireront pas cet atout pour les équipes. Ce que nous avons compris de l’UCI, c’est qu’ils protégeront certainement notre intérêt (aux équipes). Ils ne demanderont pas le droit d’abandonner ça à moins que cela ne soit prouvé. Et si c’est le cas, la partie concernée (dans ce cas l’équipe et les coureurs) devraient alors être indemnisés »
« Pour juger de l’attractivité des course, il faut une approche pragmatique et objective. Il faut d’abord se demander si un problème existe déjà. Parce qu’il y a aussi de très belles courses. Les classiques de printemps ont toujours été belles, le Giro est beau, alors le défi est vraiment autour du Tour, il est très lié au Tour. «