Le Breton Bruno Cornillet était l’un des meilleurs Français dans les années 80. 14ème au général du Tour de France 89, , 10 participations à la grande Boucle mais jamais de victoires d’étapes. Lui, l’équipier fidèle de Bernard Hinault chez la Vie Claire ou de Greg Lemond chez Z a tout de même signé une belle carrière avec des victoires sur Paris Nice, Paris Bourges, le Tour de Valence, le Tour de Vendée ou le Grand Prix de Plouay entre autre.
Parfois, au commande de son avion, (il est devenu pilote de ligne chez Hop Air France), il transporte les coureurs entre 2 étapes. Il se souvient de son premier tour de France, en 86. Il avait alors 23 ans et l’envie d’aller foutre un peu le bordel.
Racontes nous ton premier tour
Bruno Cornillet: Ouch!!! Il y a 32 ans déjà…. Je me rappelle que j’avais les bonnes jambes. J’avais traversé les Pyrénées et je m’étais glissé dans une échappée provoquée par Bernard (Hinault). Il y avait Delgado, Zimmerman, Millar, Roche, Herrera… Mais dans une descente, je pars devant avec Delgado… Je reste bien calé dans la roue de celui ci et je me dis que je vais peut être faire un truc au final ce jour là.
Effectivement j’ai fais un truc… J’ai glissé sur une bouse…. Je vois la roue arrière de Pedro qui se met à chasser, il ne tombe pas mais moi je revois encore mes 2 roues quitter le plancher des vaches. Je me suis cassé la gueule dans le fossé. Je suis remonté mais deux jours plus tard, j’étais rincé et j’ai fini hors-délai en haut de l’Alpe d’Huez. Ce jour mythique où Bernard et Greg arrivaient main dans la main. Je me souviens de Daniel Mangeas et de sa voix unique racontant le déroulement de l’étape… Ils étaient déjà en train de rejoindre leurs hôtels quand j’ai franchi la ligne…
Quel conseil donnerais tu à un jeune qui débute?
Bah… Ont-ils besoin de conseils avec tout le staff qu’ils ont autour d’eux? Personnellement, je leurs dirais de ne pas se mettre de la pression inutile comme je me la suis mise en 86. Je voulais tellement bien faire, on parlait de moi souvent dans la presse que je me disais qu’il ne fallait pas les décevoir. Au final, je n’aurais jamais dû lire les journaux.
Un premier tour est une découverte. Déjà sur ses capacités physiques et ensuite sur soi même, son mental. Ca dure 3 semaines tout de même, ce n’est pas rien et chose aisée à gérer sur tout les points.
Ne cherchez pas le général pour une 14 ème place. Personne ne s’en souviendra à l’avenir (je le sais car je l’ai été) et vous pouvez passer à côté d’une belle victoire d’étape qui vous restera gravée à jamais. Faîtes vous plaisir et oser, surtout oser. Celui qui tente et qui prend des risques ne peut se satisfaire d’une place anonyme dans le classement. Faîtes vous plaisir…