A 30 ans, Kevin Le Cunff s’est offert l’une des plus belles victoires de sa « jeune » carrière avec les Boucles de l’Aulne. Pas vraiment une surprise au final quand vous connaissez l’histoire du bonhomme…
Car l’aventure de ce champion est une sacrée leçon d’abnégation, de courage, armé d’une féroce volonté, une envie rageuse de vivre jusqu’au bout. Le triple champion d’Ile de France de VTT espoirs était promis à un bel avenir suite à ces performances. Mais ce « coquin de sort » comme dirait l’autre, lui a joué un bien sale tour. Une blessure au genou (fracture) en 2010 puis un difficile retour pour retrouver son pic de forme l’ont fait décrocher de son art de vivre cette même année. Et ce « break » va durer 4 ans, 4 « putains » de longues années à se remettre en question. Alors que certains auraient accroché le bike définitivement au fond du garage avec ce doute jusqu’au dernier souffle, Kevin Le Cunff a voulu trouver des réponses à ses questions, trouver sa direction et un sens à cette qu’il veut surtout choisir, à celle qui le rend tout simplement heureux, celle qui a fait de lui cet homme déterminé et combattant, son chef d’oeuvre, un pamphlet contre l’abandon.
En 2015, il reprend une licence en 3ème catégorie, en claque de belles puis se remet dans le bain de la DN3et claque quelques belles victoires comme une étape sur le Tour des 2 Sèvres, les Boucles de l’Austreberthe ou étapes sur les Plages Vendéennes avec son Team CM Aubervilliers 93. 2017, il arrive dans le monde pro, 2 ans après son incroyable retour et il se montre déjà offensif sur les classiques Françaises comme le Tro Bro Léon avec une prometteuse 5 ème place, la même place que sur les Boucles de l’Aulne 2017 après avoir travaillé comme un forcené dans l’échappée finale.
Alors après tout ça, sa victoire sur les dernières Boucles de l’Aulne n’est simplement que le résultat de ses efforts et choix, de cette envie de se battre, de son « way of life ». En fin de compte, cette victoire: tout sauf une surprise…
Kevin, vainqueur de ces Boucles de l’Aulne 2018 face à des gars comme Arthur Vichot ou Guillaume Martin. Vous y avait cru?
Oui. C’est clair que gagner devant de champions comme eux est très flatteur et vraiment motivant mais je savais que je pouvais le faire. L’année dernière, j’avais aussi les bonnes jambes et j’étais déjà dans le bon groupe. Mais j’avais sûrement trop forcé sur mes relais et j’ai payé cash cette petite erreur. Cette année, j’ai participé de nouveau à cette échappée mais j’ai pris des relais moins appuyés dans le final c’est tout. Il y a avait 2 gars du Team Wanty (avec Martin et Pasqualon), Arthur Vichot (Groupama FDJ) et Alexis Gougeard (AG2R La Mondiale), je n’avais pas le droit de me rater. Dans les 500 derniers mètres, j’ai tenté d’attaquer, j’ai pris quelques mètres d’avance et je ne me suis pas retourné. On m’a averti par la suite que le contre était revenu sur notre groupe quand j’ai placé mon attaque, je ne l’ai même pas vu tant j’étais fixé sur cet objectif: la gagne…
5ème sur Tro Bro Léon et 5ème sur ses même boucles en 2017, vous êtes un coureur de classiques.
Oui, je suis un coureur plutôt puncheur. J’aime ces courses qui se jouent à l’usure. celles où les gars e puisent dans leurs réserves dans le final, quand on se retrouve à armes égales. Quand tu es Français, on te demande si tu rêves de faire le tour de France un jour. Pour ma part, non. Par contre, je rêve de faire les Classiques Ardennaises. Elles me correspondent tout à fait et j’aimerais les faire un jour car je sais que je peux y faire des trucs. Depuis que je suis arrivé chez les pros en 2017, je me dis qu’elles se présenteront peut être à moi un jour.
Pro depuis 2017 justement, c’est très récent
Oui. Quand je me suis blessé au genou en 2010, j’ai su que la saison était terminé pour moi. Je me suis arrêté 4 ans au final. J’ai travaillé et je me suis posé des questions sur ce que je voulais vraiment faire de ma vie. Je savais que j’avais quelque chose à prouver dans le cyclisme. Après 4 ans de mûre réflexion et de recul, j’ai repris une licence en 3ème catégorie. En 2017, je passe pro et me voilà là maintenant avec le Trophée des Boucles de l’Aulne. J’ai encore tant de choses à prouver, cette victoire est un déclic et elle en appellera d’autres je l’espère.
Saint Michel Auber 93 (ex HP BTP Auber 93), une continentale qui claque souvent chez les pros comme la victoire de Steven Tronet sur le France 2015 ou la Roue Tourangelle l’année dernière avec Flavien Dassonville.
Oui, nous sommes une continentale mais nous ne souffrons d’aucun complexe face aux plus grosses écuries sur les courses. Nous ne sommes que 10 coureurs dans le team et nous roulons sur un seul front à la fois donc cela nous permet de nous donner plus quand on a l’occasion de les rencontrer. Notre calendrier est principalement axé sur la Coupe de France dont on vise le classement par équipes qui serait vraiment une belle récompense pour nous.
Mais surtout on se sent bien entre nous. Nous ne sommes pas nombreux mais nous sommes un bloc avec une entité dont nous sommes fiers.