Il en a vécu des chapitres dédiés au cyclisme, il en a connu des joies tout autant que des coups dans la gueule. Il en aurait même pu chantonner la song « Hurt » de Johnny Cash tant cette histoire d’amour entre lui et cet art de vivre lui a laissé des traces indélébiles. Ce cyclisme, il le connaît mieux que quiconque. Cette vie, il l’aime…Aujourd’hui, le Breton Yann Dejan vient d’être nommé comme directeur national technique au sein de la fédération Marocaine de cyclisme. L’entraîneur de l’UCK Vannes quitte donc le pays de Baud en Bretagne, ce pays où il ne pleut que sur les cons, pour rejoindre le soleil brûlant de Casablanca.
Ancien coursier, directeur sportif du comité de Bretagne en 2012, DS au sein du team conti Coréen « Geumsan « , toujours coach de nombreux coureurs anglophones et français, le fils de Robert Dejan s’est en allé pour un pari un peu fou: celui d’amener les coureurs marocains au plus haut niveau mondial. Et justement, le cyclisme Africain est un plein essor. Le Rwanda, l’Algérie, l’Erythrée, la Namibie, le Burkina Faso ou le Maroc entre autre commencent à sortir des champions qui ne demandent qu’à se mesurer aux meilleurs mondiaux. La fédération Marocaine a bien compris le message envoyé par ses jeunes compatriotes et ils ont,donc, décidé de faire venir ce savoir faire « made in BZH » à Marrakech pour leurs apprendre le job, à la façon de ces guerriers bretons. Yann Dejan a tenu le pari. Actuellement dans l’avion en partance pour « Maghreb al’aqsa » (le pays du couchant en langue arabe), il est attendu de pied ferme par son ami Mustafa Afmandi. Au fond du désert marocain, il va y avoir comme une song digne des Clash qui risque de retentir mais en version « Bike the Casbah » …
Yann, pourquoi avoir accepté ce poste de DTN au sein de la fédération Marocaine? Yann Dejan
: « Déjà, c’est moi qui est postulé suite à la demande de mon ami Mustafa Afmandi. J’ai donc été les rencontrer au Maroc, j’ai parlé de ma vision du cyclisme, de mes attentes de la fédération et des objectifs à atteindre si l’on veut en faire des champions internationaux. Ma vision leur a plu et ils m’ont recontacté ensuite pour la place de DTN. Me voilà au pied l’avion pour cette nouvelle aventure.
Mais surtout, je crois au cyclisme Africain. Sérieusement, ils ont des jeunes qui ont un gros potentiels et certains peuvent briller plus tard en world Tour, j’en suis persuadé. Tu sais, le cyclisme africain est tout jeune en fin de compte et après quelques années d’existence seulement, tu commences à en voir au devant de certaines courses. Au Maroc, ils ont aussi beaucoup de talent. Mon job est simple: les entraîner au mieux, les encadrer avec l’aide du staff de la fédération et faire tomber les barrières des complexes car ils ne doivent pas en avoir face aux européens. Je suis sûr qu’ils sauront donner le change très très vite. En tout cas, je vais là bas pour les emmener vers ce chemin. »
Tu as souvent été axé sur le cyclisme étranger. Pourquoi?
Le cyclisme est internationale maintenant, on apprend beaucoup de l’étranger. J’ai beaucoup travaillé avec la Corée qui est un pays de cyclisme maintenant. Tout le monde le pratique sur les 4 coins du globe. Même si la France en est le berceau, les champions sont souvent d’ailleurs dorénavant. Pourquoi? Car ils n’hésitent pas à venir en France ou en Belgique pour apprendre le job, quitte à se prendre des branlées mais au début seulement car ils apprennent très vite. Ensuite, quand ils retournent chez eux, ils ont cette vision et cet apport muti-culturel de ce sport. Ils l’améliorent encore plus avec des techniques venues de chez eux, ce mélange est leur force. La preuve, ils nous mettent souvent dans le vent maintenant (rires)…
J’entraîne toujours de nombreux coureurs anglais, irlandais, australiens, sud-africains et Français. Je leurs enseigne la meilleure façon, à mon sens, d’aller atteindre ses rêves. Mais en même temps, j’apprends beaucoup d’eux, de leurs visions différentes, de leurs pratiques. Du coup, je me remets toujours en question avec ce savoir faire qui s’enrichit de jour en jour grâce à eux aussi quelque part. Donc, je vais aller au Maroc avec tout ça comme bagage et le transmettre à leurs coureurs.
Quel est ton prochain calendrier?
Ca va commence dès la semaine prochaine avec les Jeux Africains sur piste du 7 au 10 février à Casablanca et ensuite sur les Jeux sur route au Rwanda. Cela va me permettre de faire un premier point avec le team élite et préparer ensuite un programme pour le calendrier 2018
Justement, on vous verra en France?
Oui, sur le Tour de l’Avenir. Mais j’ai envie aussi de les envoyer sur d’autres épreuves nationales. Je vais contacter les différents organisateurs et en parler à la fédération. Mais oui, nous serons en France. Les plus belles courses sont, pour l’instant, dans le berceau du cyclisme…