Dans une interview accordée à Cyclingnews, le Français Warren Barguil a expliqué ce comment il voyait les choses de la vie en tant que cycliste pro et en tant qu’homme tout simplement. Pas de déclarations fracassantes, histoire de faire un buzz, mais une rage de vivre pleinement sa vie. Ce qui l’importe par dessus tout, c’est de se faire plaisir sans forcément rentrer dans le carcan des grands champions actuels. Warren Barguil a, en lui, cette fraîcheur qui nous fait du bien à la gueule et à notre cyclisme qui traverse quelques turbulences en ce moment. Morceaux choisis de l’interview du breton sur cyclingnews.
Warren Barguil: « Nous avons seulement une vie. Ce n’est pas un jeu sur un ordinateur où vous avez 10 vies. Vous avez juste besoin d’en profiter. »
Depuis son accident qui failli lui coûter la vie en janvier 2016, quand une voiture percuta le groupe dont il faisait parti, Warren Barguil prend les choses avec beaucoup de recul et de philosophie.
« Depuis l’accident, j’ai vraiment une vision différente des choses. Le cyclisme était déjà ma passion, mais ma vie n’est pas seulement celle d’un coureur cycliste, comme certaines personnes. Si ça marche c’est bien, mais si ça ne marche pas … Ce n’est pas la fin de ma vie. Si le vélo s’arrête demain, dans un an ou deux ans, alors c’est comme ça. J’ai une vie! »
Suite à cet accident, le breton a eu des doutes. Il a traversé son Cap Horn et en est ressorti plus fort et avec un plaisir retrouvé.
« J’avais besoin de redécouvrir mon goût pour le cyclisme, parce que je l’avais perdu sur les courses par étapes en visant le général. Et ouais, je l’ai retrouvé cette saison. Je viens de trouver ma façon d’être un pro, j’ai retrouvé ma façon de courir. Ouais, c’est juste « fun » maintenant. »
Warren Barguil vaut aussi donner sa vision du cyclisme. Celle d’un art de vivre qui peut sortir des tactiques des grands champions courant de façon mathématique pour un classement général
« Nous devons montrer au public que le cyclisme est amusant, un sport fun et pas ennuyeux. Je n’aime pas les gars qui comptent juste sur les contre-la-montre, qui prennent beaucoup de temps et qui suivent dans les montagnes. Pour moi, ce n’est pas comme ça que je vois le cyclisme. »
« Bien sûr, le chrono est une partie importante du cyclisme, mais pour moi, il ne devrait pas décider de qui sera le vainqueur dans le final. Pour le moment, les gars qui sont vraiment forts dans les contre-la-montre ne se soucient pas de la montagne. Ils prennent leur propre rythme en sachant qu’ils peuvent gagner 1min30 sur un contre-la-montre, et qu’en montagne ils peuvent perdre 30 -40 secondes, ou peu importe, et ils vont juste rouler à leur propre rythme et n’essaient pas de tenter quelque chose. »
Pas sûr que cette vision plaise à certains comme Tom Dumoulin, son ancien leader chez Sunweb.
« Peut-être qu’un jour nous verrons un Tour de France sans contre-la-montre. Peut-être que cela peut être la solution si nous voulons avoir une course attrayante. On enlève le contre-la-montre et le gars qui est bon sur le chrono aura besoin d’attaquer et pas seulement de suivre. Cela pourrait être la solution pour avoir une course plus ouverte. »
Le panache qui semble devenir le mot clé du breton qui avoue son admiration pour des champions comme Alberto Contador.
« Il est important d’avoir du panache. C’est pourquoi je me suis intéressé au vélo, en fait, quand j’étais gamin. Quand je regardais les gars qui attaquaient de loin dans les montagnes, et vous voyez ce panache, ça a été pour moi une source d’inspiration. Si j’avais un héros, ce serait Alberto Contador. Quand vous regardez comment il courait, il était bon sur le chrono, et s’il voulait, il aurait pu suivre, mais il s’en fichait. Il voulait juste faire sa course. Je me souviens quand il a gagné Tirreno-Adriatico, il a attaqué 80 kilomètres de l’arrivée. Qui va maintenant faire ça? Les directeurs sportifs ont peur, les coureurs ont peur. Cela n’arrive plus. J’espère vraiment que nous trouverons plus de gars comme Contador qui essaient de faire ça. Il ne perdait jamais jusqu’à la ligne d’arrivée. Il va nous manquer. »
Vous pourriez prendre le relais d’Alberto Contador?
« Je ne pense pas (rire) mais j’aimerais courir avec panache. Pas seulement écouter ceux qui disent « facile, tu dois attendre les derniers 400 mètres. Tu es rapide dans le sprint … » J’ai envie de faire ce que je veux. C’est comme ça que nous courions quand nous étions des enfants, juste courir avec notre cœur. »
Le Tour de France avec le team Fortuneo :
« Je veux être sur Tour chaque année, et avec Fortuneo j’ai plus de chance d’être sur le Tour l’année prochaine. Avec Tom, nous ne savions pas si il y sera l’année prochaine. Quand vous savez que le Tour commence dans votre région, vous voulez être là, c’est seulement une fois dans votre vie. »
« J’ai le sentiment que j’ai besoin d’un nouveau défi. Vous devez toujours vous mettre au défi pour progresser. Il était temps de changer. De plus, j’avais un groupe d’amis, et chaque année, l’un d’entre eux partait, dès lors vous avez l’impression que ce n’est plus votre groupe. Quand John Degenkolb et Koen De Kort sont partis, c’était étrange, Tobias Ludvigsson aussi, et maintenant Georg Preidler et Ramon Sinkeldam. Maintenant, c’est à mon tour de partir. »
Sa position de leader au sein du team :
« J’ai grandi en tant que leader chez Sunweb. On a eu Tom, Bling (Michael Matthews), Wilco et moi. J’étais leader sur quelques courses et j’ai vraiment appris à l’être. Pour sûr, ce sera différent parce que maintenant je suis le seul. Si nous n’obtenons pas de résultats, les gens me regarderont et me poseront des questions. Mais ce n’est pas un gros problème, je sais comment le faire, je peux le gérer. »
Objectif sur les grands Tours ?
« Je ne veux pas aller pour faire un général sur le Tour de France. Je veux juste y aller pour les étapes. Mais sur la Vuelta, je voudrais y aller à nouveau pour une place général. Peut-être l’année prochaine, peut-être l’année d’après… »
« Au Tour, c’est difficile en ce moment parce que je ne me sens pas prêt, mais je suis prêt à le faire sur la Vuelta. »