Actuellement, il ne se passe pas une journée sans apprendre que l’un des nôtres, pères, mères, soeurs, frères, amis, soient victimes de ces « assassins » de la route. Derrière sa tonne de ferraille, la route est à lui et gare si un cycliste ose se traîner sur son terrain de chasse, son bitume. Après tout, personne dans les parages, pas de témoins et surtout pas de caméras « GoPro » sur ce coureur qui le ralenti en roulant sur son « territoire » car le chauffard, lui, ne partage pas. Un petit coup de tôle, un frôlement, un bruit sourd et dans le calme de la campagne française un coureur gît au bord de la route.
Quand au « connard »derrière son volant, ça fait bien longtemps qu’il est arrivé chez lui, auprès des siens, en embrassant ses enfants tendrement. Pour le cycliste, par contre …
Rouler sur les routes de France, d’Europe et d’ailleurs est devenu de la véritable roulette russe. « 1m50 » dit l’article R414-4, mais les chauffards criminels n’en ont que faire de celui-ci et nos vies sont toujours en danger. Dans le berceau du cyclisme, on assassine impunément malgré cette loi qui nous protège.
Aujourd’hui, l’un de nos jeunes a failli rejoindre la liste noire. Antoine Benoist, junior du VCP Loudéac, a rencontré l’un de ces meurtriers qui sévissent sur nos routes. Une voiture l’a percuté en l’envoyant dans le décor. Bilan: un mal aux fesses et à l’épaule. « Seulement ! » diront certains ! Rien de grave diront les chauffards … Justement si, c’est grave car c’est devenu une banalité horrifiante dans ce monde qui ne tourne pas tout à fait rond où le simple fait de vivre en société est devenu impossible. Antoine Benoist est un miraculé qui a frôlé la mort. Aujourd’hui encore un champion du monde de moto, l’américain Nicky Hayden, s’est fait aussi percuté par une voiture près de Rimini en Italie alors qu’il roulait à vélo avec ses amis. Mais lui n’aura pas la chance de serrer les siens dans ses bras ce soir. Souffrant de graves traumatismes au thorax et à la tête, le pronostic des médecins reste réservé. Antoine Benoist est rentré auprès des siens en les embrassant sûrement, tout en réalisant cette chance inouïe de pouvoir le faire de nouveau après son malheur. Malheureusement, demain la liste s’allongera encore et encore dans l’indifférence de nos élus plus occupés à sauver leurs places. Les automobilistes sont sûrement un potentiel de votants qu’il ne faut surtout par irriter. Un jour, peut être que l’un de nos champions, à l’impact médiatique important et influent, ira soumettre un projet de loi à un député et saura mobiliser ces derniers qui viennent honorer, chaque année, de leurs présences les coureurs du tour de France devant des hordes de photographes. Ils nous sortiront encore qu’ils sont derrière l’article R414-4 tout en nous racontant qu’ils font du mieux qu’ils peuvent. Mais sont ils en sûr? Pendant ce temps là, pour nous autres, c’est toujours la « roulette russe » sur nos routes !
Antoine Benoist, que vous est il arrivé aujourd’hui?
Antoine Benoist : » Je roulais seul sur la route en Plancoet et Lamballe. Un petite sortie matinale, à peine 10 minutes de sortie. la route était large avec aucune voiture en face de moi et de la visibilité. Et là une voiture est venu me percuter par l’arrière. J’ai voltigé vers le fossé. »
La voiture s’est elle arrêtée pour vous porter assistance?
Antoine Benoist; » Non, même pas. Surprenant n’est ce pas? Le conducteur ne s’est même pas inquiété. Je n’ai même pas pu voir quelle était la marque et la couleur du véhicule. J’étais complètement sonné dans le fossé. Lui il a continué, il s’en foutait je pense. »
Comment vous sentez vous?
Antoine Benoist; » Un peu sous le choc. Mais je réalise que j’ai eu une chance inouïe dans ce malheur. Je suis rentré à la maison avec seulement mal aux fesses et à l’épaule. Quand tu vois tout le nombre de cyclistes qui se font « shooter » puis que cela t’arrive à toi aussi un jour et que tu en ressors avec pas grand chose, oui je me dis que j’ai vraiment de la chance. Aux automobilistes, soyez responsable, la route se partage. »