750 km à pied avec son bâton de pèlerin entre la petite ville de Roncevaux et Saint Jacques de Compostelle. Voilà ce que va se « bouffer » ce passionné d’Alain Baniel, le druide de Carhaix , l’organisateur du Kreiz Breizh cette course par étape classée UCI 2.2 située au centre Bretagne. Roncevaux, cette ville justement où Charlemagne déposa les armes, épuisé par tant de combats face aux Vascons, celle où le Chevalier Roland sonna son dernier souffle.
Alain Baniel le Breton sent aussi le dernier souffle des courses de classe 2 arrivé, ces épreuves qui étouffent jusqu’à en crever, de par ces énormes difficultés administratives et de par ces charges de plus en plus astronomiques imposées par les puissant seigneurs du royaume cycliste, par ces dîmes qui servent à remplir les caisses du palais mais seulement celles du palais … Le père Baniel sent en lui cette flamme s’éteindre au fur et à mesure des années passantes. « Merde », que s’est il passé pour qu’un des des plus grands passionnés de notre royaume soit lui aussi épuisé jusqu’à en déposer les armes tel Roland dans cette commune de Roncevaux il y a plus de 12 siècles?
Un ras le bol, sûrement écoeuré, certainement déçu après 22 ans au service de la cause amateur. 22 ans qu’il attend en vain un renfort de sa propre armée, celle dont le quartier général est située à Paris, loin de ces provinces qui se battent pour survivre, située loin de son propre peuple. Lui et son armée de bénévole seront encore là pour 2017 pour organiser le 22 ème KBE (Kreiz Breizh élites), mais pour combien de temps encore? Ces bénévoles vont ils devoir rentrer dans leurs maisons le coeur lourd un soir d’automne, tout en jetant un regard en arrière sur ce pays qui les a abandonnés? Rejoindront ils eux aussi le cimetière des épreuves légendaires qui ont permis aux jeunes champions de devenir ce qu’ils sont maintenant? Nul ne le sait, mais une chose est sûre, ce têtu de Celte d’Alain Baniel se battra jusqu’à son dernier souffle, jusqu’au dernier battement de ce coeur de passionné pour une cause; Celle que ces gamins aient cette chance de pouvoir se montrer encore et encore et de leurs permettre de rêver, même loin de Paris que l’on vous dit !
Dans une indifférence générale, ces organisateurs tentent à bout de bras, à bout de force, à bout de nerfs, de perpétuer cette tradition qui font de notre pays le berceau du cyclisme mondial. Il faut en avoir des « corones » pour continuer et surtout croire en cet avenir alors que même les managers des plus grandes équipes françaises daignent à vous jeter un regard, alors qu’un temps ces derniers avaient besoin d’eux pour former leurs propres armées. Non, ce n’est pas seulement les grandes équipes qui forment les champions, c’est aussi tous ces clubs amateurs et ces courses régionales montés par ces passionnés. On en tendance à l’oublier par chez nous, dans ce royaume de France. Alain Baniel est comme tant d’autres organisateurs, il ne gagne pas sa vie loin de là, contrairement à ces seigneurs de guerre, pour monter ce genre d’événement. Il est juste ce passionné qui veut donner à ces jeunes coureurs l’espoir qu’un jour on puisse les remarquer dans les équipes mondiales. Son trophée au père Baniel est le simple sourire de ces jeunes champions sur le podium de sa « putain » de course. On sait, c’est con mais c’est son histoire, la leurs, la nôtre, celle de notre berceau.
Non, faudra pas venir chialer dans le royaume de la FFC si un jour notre nation n’aura plus de coureurs détectés par manque d’épreuves. Faudra pas venir chialer non plus pour aller bouger des bénévoles pour organiser ces courses de nouveau. Non, quand ils avaient besoin de vous, personne n’a entendu le son de leurs cornemuses vous appelant à l’aide. Non, ils ne viendront plus car ils se souviendront du temps jadis, de ce temps où…
Où est tu cyclisme tricolore? Bateau fantôme toi qui rêva d’or. Des ces batailles nous en demandions pourtant encore. Portés disparus sont devenus nos plus beaux souvenirs, auraient ils sombré sur les récifs de ces multinationales empires? Oh cyclisme tricolore, des années et des années tu dérivas. Et jamais, jamais des tiens tu ne te soucias, jamais tu ne te penchas, jamais tu n’arrivas, pourquoi ?
A ces questions, Alain Baniel n’a jamais eu de réponses. Alors ce têtu de Breton, celui qui s’est tapé tout de même plus de 14 marathons, va chausser ses chaussures de pèlerin pour aller les poser au mec d’en haut, sans grand espoir d’avoir aussi une réponse bien entendu. Avec son bâton de pèlerin, il va partir pour 750 km de marche, histoire de se retrouver face à lui et de se poser les bonnes questions quand à son envie de continuer ce combat peut être déjà perdu d’avance…
Alain Baniel, pourquoi ce pèlerinage de plus de 750 km à pied?
Alain Baniel; » J’en sentais le besoin. J’ai besoin de me retrouver face à moi même, faire le point et faire le vide. Et je voulais aussi marqueur l’attention sur l’avenir de nos courses de classes 2. Tu vois, chaque année je vois des copains organisateurs qui mettent la clé sous la porte. Regardes le calendrier tricolore! Elles crèvent une par une. Peut être, voir sûrement que cela m’arrivera un jour. Personnellement, si ce n’était que la mienne ça ne serait pas grave. Mais c’est tout le cyclisme espoir qui crève en France. Je n’arrive même plus à dormir tant les énormes difficultés administratives me pourrissent la vie. Alors que la sécurité est déjà notre souci majeur et aussi celles de ces 70 bénévoles qui se consacrent uniquement au passage de la « bulle ». Je ne sais plus si j’ai vraiment envie de continuer. Je vais marcher 30 km à pied chaque jour, cela va durer une vingtaine de jours et j’aurai le temps de réfléchir. Après ce pèlerinage en terre de Navarre , en terre Basque j’aurais peut être trouvé des réponses quand à notre avenir. Je vous le dirais à la fin »
« Le faire en vélo? J’ai plus rien après avoir payé toutes les charges, du coup je le fais à pied. »
En tant qu’organisateur de courses cycliste, pourquoi ne pas le faire en vélo?
Alain Baniel; » Oui, mais on n’a même pas les moyens de se payer un vélo pour le faire. Après une course cycliste, quand tu as payé la sécurité, les charges et tout le reste, il ne te reste rien. Si j’avais pas cette armée de bénévole à mes côtés, je n’aurai jamais pu faire exister le KBE. Sans eux, je ne serais rien. Même ma famille est impliquée avec ma femme Nelly, mon fils et mon gendre Benoit. Je n’imagine même pas dire à tous ces gens; « Ok, on n’arrête, plus de sous dans les caisses. » Tu imagines dire ça à tous ces passionnés? Je ne le peux peux pas et je ne le veux pas. Ce pèlerinage me permet de faire le point et de trouver des réponses en moi pour pouvoir continuer avec cette même ferveur, au nom de tous les miens et au noms de tous ces bénévoles sur les 4 coins de la France, pour tous des gens formidables, passionné(e)s qui attendent 1 heure sur le bord des routes pour un passage de 3 ou 4 mn ….Le faire en vélo? J’ai plus rien après avoir payé toutes les charges, du coup je le fais à pied. Et dans la tradition des pèlerins de Compostelle, je mettrai à Santiago un caillou, non seulement pour nos courses qui crèvent, pour ces bénévoles mais aussi pour tous les coureurs qui méritent un hommage pour nous procurer un formidable spectacle
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Comment peut on vous suivre durant ce périple?
Alain Baniel; » Je ferai un compte rendu des journées 2 fois par semaine. Je rencontrerais des gens et des organisateurs de courses aussi bien Français qu’Espagnols. J’ai envie de rencontrer tous ces gens et de pouvoir discuter sur notre avenir. J’invite tout volontaire à m’accompagner durant quelques km justement. J’ai besoin de savoir où l’on va et quel sera notre avenir. Seuls les passionnés peuvent me répondre. »
Lien du Kreiz Breizh élites