A 33 ans, le Namibien Dan Craven détonne dans le cyclisme mondial avec cette drôle de gueule. cette barbe, son flegme naturel et ses actions. Champion national sur route, il est surtout un symbole dans ce « drôle » de monde qui s’enferme sur lui même ces derniers temps. On le prend pour un « hipster » dont il est l’une des icônes mondiales (Rapha lui a même fait signé un contrat) mais Dan Craven ne joue pas un rôle, ne cultive pas cette image, il est ce pourfendeur d’un message: « nous sommes tous des citoyens du monde, qu’importe nos origines, nos religions, nos couleurs de peaux et nos cultures ». Lui, les guerres de clochers entre différentes fédérations, il n’en n a que faire, il en est à milles lieues. Il a un message à faire passer, qu’importe la manière quitte à rouler sur un vélo classique et une tenue non habituelle durant le chrono derniers JO et même si certains journalistes se sont gaussés tels des ignares…
Il est le petit fils de Danie Craven. (Daniel Hartman Craven 1910-1993) surnommé » Doc Craven ». Grand joueur international de rugby, président de la fédération de rugby à XV d’Afrique du sud et anti apartheid convaincu. Intellectuel, docteur en psychologie, anthropologie et éducation physique, il a crée la « Craven week », ce grand tournoi réservé à toutes les races en Afrique du Sud pour donner une chance à tous d’évoluer dans les plus grandes équipes de rugby au monde. En 1988, il a même rencontrer les leaders de l’ANC au mépris du danger et de la politique des Afrikaners. Il est à l’origine de la « South African Rugby Football Union » ex SARFU, l’actuelle Fédération de Rugby Sud Africaine. Il a été aussi président d’honneur de la Fédération Française de rugby. Il était un symbole, il avait un message, son petit fils Dan Craven en a repris le flambeau avec fierté. Voilà de qui Dan Craven a hérité…
Dan Craven aime l’Afrique, ce continent qui coule dans ses veines, son coeur bat pour lui. Il se bat pour cette cause et pousse les jeunes à aller en Europe tenter leurs chances, il est de cette trempe, de ce que pourquoi il court. Il roule pour ce message d’universalité que nous sommes tous des enfants d’Afrique. Nous nous sommes simplement dispersés à travers le monde comme le disait un certain Johnny Clegg un autre pourfendeur de la cause Africaine, « we r’e scaterling of Africa ». Dan Craven a rejoint le team pro conti Israelien « Cycling Academy » pour plusieurs raisons. Il aurait pu aller rejoindre un team plus important tant l’homme et son message sont appréciés sur les réseaux sociaux et la presse internationale. Non, pour Dan Craven, seul le message l’importe, ces valeurs sportives qui n’ont aucune frontière et un écho internationale pour nos jeunes, notre futur.
A l’heure où l’Afrique va désigner bientôt son meilleur coureur avec des gars comme Natnael Berhane (Erythrée Data Dimension), Joseph Areruya (Rwanda), Issiaka Cissé (Côte d’Ivoire-SC Nice Jollywear); Metkel Eyob (Erythrée-Dimension Data for Qhubeka); Tsgabu Grmay (Ethiopie-Lampre-Merida); Daryl Impey (Afrique du Sud-Orica BikeExchange); Reinardt Janse van Rensburg (Afrique du Sud-Dimension Data); Adil Jelloul (Maroc-Skydive Dubaï), Clovis Kamzong (Cameroun), Azzedine Lagab (Algérie); Abderrahmane Mansouri (Algérie), Louis Meintjes (Afrique du Sud-Lampre Merida); Valens Ndayisenga (Rwanda-Dimension Data for Qhubeka); Jean-Bosco Nsengimana (Rwanda-Team Stradalli-Bike Aid); Tesfom Okubamariam (Erythrée-Sharjah Team); Mathias Sorgho (Burkina Faso) et Daniel Teklehaimanot (Erythrée-Dimension Data) entre autre, ce continent n’a plus de complexe à avoir face aux Européens et ce n’est plus qu’une question de temps avant de voir le premier de nationalité Africaine remporter un grand tour.
Dan Craven, après toutes ces années à défendre le cyclisme Africain, pensez-vous que les gens réalisent enfin que ce cyclisme a un réel potentiel ?
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Dan Craven; » Il y a toujours eu des talents secrets et inconnus en Afrique, mais nous avons maintenant une chance de nous montrer, même si ce n’est qu’une petite fenêtre. C’est encore très difficile. Le plus important, c’est que le monde devient conscient que les coureurs africains sont là et qu’ils sont de plus en plus nombreux. Les gens s’impliquent plus et c’est très prometteur pour l’avenir, ce qui est excitant pour le futur. »
La Namibie, votre pays, a compté 2 coureurs féminines aux Jeux olympiques, une première. Encourageant pour le cyclisme Africain?
Dan Craven; « La Namibie a effectivement au moins deux coureurs à chaque Jeux olympiques depuis Pékin mais c’étaient toujours des hommes. À Rio, nous avions 3 athlètes et deux d’entre eux étaient des femmes avec Vera Adrian et Michelle. C’est très encouragent pour nous! Mais cela est dût à certaines circonstances. Les règles ont changé pour les qualifications, ce qui nous a permit d’avoir plus de coureurs africains sur ces grand rendez vous. Donc plus de coureurs se qualifient pour ces rendez vous et aussi plus de places disponibles pour le continent Africain. Résultat, plus de coureurs nous donne plus de couverture, plus de possibilités, plus d’enthousiasme, ces 3 critères de momentum vont vers la bonne direction pour nous! »
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Vous êtes un véritable ambassadeur du cyclisme Africain, quels sont vos objectifs pour les prochaines saisons pour ce cyclisme ?
Dan Craven; « Merci, mais il ne me semble pas toujours être un ambassadeur. Parfois, je me rappelle que ma présence en Europe ne signifie rien pour les gars de chez nous. De temps en temps, je reçois un message sur Facebook ou Twitter. Mais c’est vrai que certains certains coureurs du continent sont motivés et m’encouragent.
L’année prochaine, comme toujours, je vais tenter de faire plus de courses en Afrique, ce qui n’est jamais facile dans une équipe internationale. Mais je vais aussi essayer tout simplement de faire mon travail aussi bien que possible. Plus je me bats sur un vélo, plus de gens nous suivent et veulent nous imiter. »
Barbe, un certain look et un esprit différent des autres, pensez vous être un peu à part dans ce cyclisme mondial? Cultivez vous ce look ?
Dan Craven; » (Rires). Je suis toujours amusé avec la perception des gens à propos de ma barbe et la façon dont ils réagissent. Mais la raison principale est limpide, j’ai cette barbe parce que je n’aime pas comme je suis sans elle. C’est un peu certainement un part de narcissisme non?? (rires). Je dois également admettre que dans ma façon de travailler, obtenir une attention supplémentaire n’est jamais une mauvaise chose et c’est certainement utile sur ce point (rires).
Vous avez signé de avec Cycling Academy (Pro conti). l’ équipe Israélienne avec ses différentes cultures et religions. Comment vous y sentez vous ?
Dan Craven; » J’aime vraiment l’équipe, et ceci depuis que je suis avec eux. Il y a un aspect vraiment multiculturel et ils aiment permettre le développement des jeunes coureurs issus de pays qui ne sont pas traditionnellement des pays cyclistes forts. Les mentalités de mon manager Ran Margaliot et les différentes personnes du staff que j’ai rencontré sont vraiment comme ça, c’est vraiment spécial dans le bon sens du terme.
Évidemment, Israël soulève beaucoup d’interrogation et parfois de scepticisme chez certains. Mais il y a de bonnes personnes et très impliquées dans n’importe quel pays. Peu importe comment quelqu’un se sent par rapport à Israël dans son ensemble, on ne peut nier qu’il y a des gens étonnants aussi qui vivent là bas et c’est un beau pays. Je suis fier et heureux quand je dis aux autres que j’ai vu tant de grandes choses et rencontré beaucoup de gens exceptionnels là-bas. Je l’aime vraiment et je conseille à tout le monde de le visiter. »
Vous verra t-on peut-être en France l’année prochaine?
Dan Craven; » Bien sûr. Comme toujours! Nous avons un gros calendrier de course et certaines des courses nous emmèneront en France et j’en suis vraiment impatient! Surtout et évidemment pour le Tro Bro Leon (rires) !