
Joël Pelier, le sculpteur, l’ancien champion vainqueur d’étape sur tour, était présent sur le Tour de France 2016 avec ASO. 26 ans que le Franc Comtois n’avait pas remis les pieds dans le monde du cyclisme, 26 ans qu’il ne regardait plus le cyclisme que du coin de la lucarne de son atelier de sculpture au fin fond de sa forêt de Haute Saône. Lui, le combatif à fleur de peau avec un langage direct et sans concession, a retrouvé des émotions pourtant enfouies depuis fort longtemps quand Romain Bardet et les AG2R la Mondiale ont attaqué sur la 19ème étape du tour de France, bouleversant les choses établies et donnant un second souffle au cyclisme Français.
Joël Pelier, on vous a vu ému quand Romain Bardet et les AG2R ont remporté la 19ème étape.
Joël Pelier; « Oui, là ça m’a fait fait quelque chose de voir Romain Bardet remporter cette étape en champion, à la pédale en prenant tous les risques. Je ne le connais pas personnellement mais je connais bien Vincent Lavenu. Sérieux, il était 5ème au général à ce moment là. Ce jeune ne se pose pas de question et il attaque pour aller chercher le podium. La 5ème place ne le suffisait pas, il voulait la plus haute marche et il a osé. Il aurait pu tout perdre ce jour là si il avait flanché. Vous imaginez le risque? Il l’a fait. Ca faisait longtemps que je n’avais pas vu ça sur le Tour de France. Romain Bardet et AG2R ont eu des couilles, ils m’ont fait frissonner. »
Ca faisait longtemps? Que voulez vous dire?
J.P: » Je ne veux pas passer pour un vieux con qui pense que les choses étaient mieux avant, chaque époque est différente. Je n’ai aucun conseil à donner, je ne suis pas un donneur de leçon, je n’en ai pas les moyens de toute façon. Non, mais j’aime les belles batailles, les dépassements de soi, bouleverser les choses établies. Contrairement à Romain, je n’étais pas vraiment un coureur qui avait une lecture parfaite de la course, j’étais un fonceur et je me lançais facilement sans me poser trop de question, un peu « bourrin » (rires). Mais depuis longtemps sur le Tour de France, on remarque que les 10 premiers ne prennent aucun risque. Ils assurent juste leurs places au général et parfois juste s’assurer d’être le meilleur Français. Mais qu’est ce qu’on en a foutre d’être le premier Français, Belge ou Anglais? Une seule chose est belle, c’est le podium. Là, le jeune Bardet ne s’est pas posé de question, il voulait cette victoire, Froome ou pas il s’en foutait à l’instant « T ». Il fallait oser quand lui et Mikael Cherel se sont lancés dans cette descente bien avant l’ultime montée. Les AG2R avaient prévu ce coup, ils ont bouleversé les règles et ils ont été magnifiques. La preuve, le lendemain sur les routes du tour le public s’est retrouvé un champion qui avait du panache, ils ont donné de l’espoir au public Français. Les médias ont parlé du meilleur Français mais cette victoire est bien plus que ça, elle est le renouveau du cyclisme tricolore je pense, ils ont visé la plus haute marche et pas seulement le meilleur Français. »
Combatif et toujours à l’attaque
J.P: « Oui, c’est ça. A l’image de leur manager Vincent Lavenu. Il y en a qui critique les meilleurs équipes mondiales, qui crache un peu sur les meilleurs coureurs, mais pas Vincent. J’ai lu votre interview à ce sujet justement quand il dit qu’il faut prendre exemple sur les meilleurs et que rien n’est impossible Là, ils l’ont fait. On va pas créer un tour spécialement pour aider les Français Si tu veux devenir le meilleur, il faut battre tout le monde, sinon on reste chez soi. Ils n’étaient pas attentistes et le meilleur Français n’était pas leur première priorité, ils voulaient la gagne, ils avaient la rage. Vincent était comme ça quand il était coureur. Ensuite, il a monté cette équipe « Casino » à bout de bras et le voilà avec l’une des meilleurs équipes au monde avec un budget pourtant si inférieur aux grandes armadas. Pourquoi? La rage et l’envie point barre!.Vincent est un amoureux du cyclisme, il passé par tout les stades vous n’imaginez même pas sa vie! Ce sont ses enfants, ils les aiment ses coureurs. Ses gars sont à son image. «