Photos DR Cycling Academy
Cycling Academy, ce nom ne dit pas grand chose au public Français mais c’est juste la première équipe pro cycliste Israélienne au monde. Ils ne sont peut être qu’une équipe « conti »me direz vous….Mais quelle équipe! Eux, leur « truc » se situe au dessus de tout, loin des querelles des hommes, politiques ou non, loin de ceux qui se pavanent en écrasant l’autre à grands coups de médias ou de bottes, loin de ceux qui doutent encore de leur crédibilité, d’ailleurs ils n’en ont rien à fiche des « on-dit » car ces hommes là, leur « leitmotiv » reste le sport sans frontière, plus de nations mais une cause universelle, celle de la Paix. Ils sont les enfants spirituels de Gino Bartali, le « juste parmi les nations ». Et il aurait été heureux l’Italien de les voir combatifs sur le dernier Tro Bro Léon avec un Dan Craven le Namibien dont le grand père s’est battu contre l’apartheid en Afrique du Sud grâce au rugby ou encore leur champion Estonien Mihkel Raim qui termina 9ème de cet enfer. Dirigé par l’ancien coureur de la Saxo Tinkoff Ran Margaliot, ancien vainqueur du Tour d’Israel, cette équipe est bien plus qu’une équipe continentale, elle est une équipe chargée de symboles, de rêves et d’espoirs de ceux dont Gino Bartali s’est battu.
Cet espoir qui nous fait croire en l’avenir, en l’homme, aux valeurs du sport. Celui qu’avait un père avec ce numéro tatoué sur son bras gauche, ses chiffres de souffrance, du silence d’un survivant. Ce souvenir d’une enfance passée à l’ombre des camps de la mort, de ces réunions familiales sur les tombes vides de nos oncles, tantes, grand père et grand mère. Je me rappelle de ce père s’asseyant après ce pèlerinage douloureux sur son doux fauteuil pour regarder ce Tour de France qu’il chérissait tant, qui fédère tout ses peuples. Je me souviens de ces mots: « Tu vois fiston, si un jour ce monde pouvait prendre exemple sur le sport, on n’aurait plus de problème entre les peuples, plus de frontières, mais bon ce rêve n’existe que dans le sport alors réjouissons nous en les encourageant ». Ce jour n’existe pas encore et on entend, hélas, toujours doucement monter le bruit des bottes qui reviennent du fond des urnes, mais l’espoir commence à se lever.
Ran Margaliot, seulement 28 ans, a monté ce doux rêve de dingue, avec l’aide de l’homme d’affaire Ron Baron, celui de créer d’une équipe pro composée de plusieurs nations différentes et dont tous les coureurs ne sont autres que des Ambassadeurs de la Paix. Il faut juste regarder la liste des coureurs qui la compose. Dan Craven Namibie, Mihkel Raim Estonie, Chris Butler USA, Guillaume Boivin Canada, Luis Lemus Mexique, Daniel Turek le Tchèque, Emanuel Piaskowy le Polonais, Marko Pavlic Le Slovène, Lubos Malovec le Slovaque. Guy Gabay et Guy Sagiv les Israéliens. Leur parrain n’est autre qu’un doux dingue en la personne du Champion Peter Sagan. Tous courent pour la même cause.
Actuellement sur le Tour d’Azerbajan (UCI 2/1 ), ils ont partagé leurs vols, leurs chambres et se sont trouvés de nouveaux amis avec le team d’Abu Dhabi, vous savez ce pays qui est censé être leur ennemi. Mais dans le vélo, on n’est tous dans le même monde, la même galère, le même but. On roule ensemble sans couleurs ni religion, si peut être une…. La foi en notre sport cycliste pour ne plus jamais …
Ran, comment s’est passé votre arrivée en Azerbadjan?
Ran Margaliot; » Bien, très bien. C’est un beau pays et le Tour d’Azerbaïdjan est une belle épreuve. On est arrivée à l’aéroport en même temps que le Team d’Abu Dhabi. On a échangé nos impressions sur ce qui nous attend et ensuite on a pris le même bus pour arriver dans le même hôtel, arabes ou juifs on s’en fiche, nous sommes des coureurs cyclistes, on s’est aidé mutuellement à s’installer. C’était vraiment sympa. Que diriez-vous de cette scène pour la perspective de la paix mondiale par le cyclisme? Nous venons d’arriver, nous une équipe pro israélienne, à notre hôtel à Bakou avec nos vélos, partageant le van de l’équipe Abu Dhabi avec les coureurs du Koweït, s’aidant les uns les autres avec le déchargement des vélos, c’est une scène géniale non ? Surréaliste mais c’est ça le cyclisme. On est des êtres humains avec zéro politique. Demain, nous allons participer à Tour d’Azebaïdjan, dans ce pays musulman et on s’en fout de nos origines. On est tous dans le même bateau, c’est génial. »
Un symbole pour une équipe Israélienne de courir dans un pays musulman..
Ran Margaliot: « Oui, un pays musulman nous accueille. Certains de nos coureurs on couru en Iran ou dans d’autres pays musulman et c’est tant mieux, c’est un magnifique symbole. Ce rapprochement des peuples alors que les politiques nous séparent. Le sport est fédérateur et peut être aussi un Ambassadeur de la paix. On va courir et fêter le sport ici entre nous, loin de toutes ces histoires. C’est un sacré symbole qu’aurait aimé le grand champion Gino Bartali, juste parmi les Nations. »
GINO BARTALI, JUSTE PARMI LES NATIONS
Justement à propos de Gino Bartali, vous allez montrer une vidéo, durant ce tour , de votre rassemblement en son honneur qui a eu lieu le 20 mars dernier.
D.M: « Oui, Gino Bartali a sauvé la vie de 800 juifs des camps de la mort. Il est resté discret sur ce sujet, il était humble mais c’est un juste. Il faisait parti de la résistance Italienne pendant la Seconde Guerre mondiale. En tant que membre de la résistance, Bartali convoyait les visas de sortie cachés dans son guidon et sous son siège pour les Juifs qui était dans la clandestinité, les aidantà échapper à la mort dans les camps d’extermination.On ne la su qu’après 2000, quand ses descendants ont trouvé tous ces papiers. Il n’avait jamais rien dit. Jeudi prochain, on montrera la vidéo dédié à cet homme de paix, à ce grand champion. On le fera un jour important, celui de « Yom HaShoah », de ces victimes des nazis et de leurs collaborateurs, le 4 et 5 Mai. »
LES GRANDS TOURS
Quels sont vos objectifs pour les saisons à venir?
D.M: » Faire les grands tours comme le Giro ou le Tour de France. Notre budget va augmenter et nous pouvons dorénavant avoir ces rêves. Ils peuvent devenir réalité, il nous faut nous battre, nous montrer et gagner notre place. Mais ce rêve peut devenir réalité très vite. »
GINO BARTALI : » « Le bien est quelque chose que vous faites, pas quelque chose dont vous parlez. »