Article et photos par Camille Le Saux.
Dans notre série « Inside Team », Be Celt a suivi le Team Armée de terre durant tout ce week-end Breton! Une chose nous a frappé dans le team de Jimmy Casper, ici on ne se prend pas la tête, on ne subit pas la pression et on ne se la joue pas « star », le « melon »n’est pas de rigueur aux seins des biffins! Non, eux la pression ils en jouent, cette bande de « potes » est prête à suivre leurs chefs dans toutes les batailles les plus folles, les plus insensées, les plus risquées, bref ils défient les pronostics des plus critiques, avec ce panache comme réponse! Derrière ces guerriers couleurs « Cam », c’est un véritable clan soudé, ce subtile mélange de guerrier du bitume comme Jimmy et celui des « OPEX » comme Vincent, qui part à la bataille
Trois coureurs dans le TOP 20, des attaques à répétition et de la présence à l’avant, saupoudré de hargne et d’honneur, voilà ce qui résumera les 204 kilomètres du Tro Bro Leon au sein de l’équipe cycliste de l’Armée de Terre. L’équipe continentale omniprésente depuis le début de la Coupe de France a vécu une course mouvementée. Retour sur ce « Paris-Roubaix breton ».
Préparation
8h47, (H-3 et 13 min) le soleil légendaire de la ville du Bout du Monde se réveille à peine. Pour l’Armée de terre, ce réveil s’est fait depuis longtemps et c’est déjà l’heure du briefing pour le « Tro -Day ». C’est dans une chambre d’hôtel que se rassemblent les 8 coureurs de l’équipe. Après une observation minutieuse, sur la carte topo, des nombreux ribines nord-finistériens avec une analyse des conditions de courses, du vent et des modalités météorologiques, le chef du commando prévu pour cet Enfer Jimmy Casper, directeur sportif de l’équipe Armée de Terre, passe en revue les informations de la journée. Les mots d’ordre sont ceux-ci : aller dans tous les coups et ne pas hésiter à informer l’équipe si la forme et la « gnac » sont là. Avant ce week-end de classiques Bretonnes comptant comme manches de Coupe de France PMU, l’Armée de Terre est en tête du classement général par équipes. Mais à l’heure du briefing, l’équipe militaire cumule 35 points au classement général par équipe de la Coupe de France soit 2 points de retard sur la machine Cofidis et 3 points d’avance sur l’ogre FDJ. Mais Jimmy Casper le souligne : « l’objectif principal est la victoire collective», soit au moins 3 coureurs dans le TOP20. Néanmoins, l’ancien cycliste professionnel n’exclue pas la victoire individuelle si les jambes sont là. Son adjoint est l’adjudant Chef Bengochea, vincent de son prénom ne dit rien. Ils sait que les « boys » ont compris et connaissent exactement leurs rôles. Ce vétéran d’Afghanistan, du Kosovo et d’autres théâtres d’opération est le fusible de ces hommes, il connaît tous les trucs pour leurs faire aborder une mission sans pression et trouve toujours les mots justes pour les rassurer, ce n’est pas un Tro Bro qui fait peur à ce genre de bonhomme.
46km/h
12h00, le départ réel est lancé. Les coureurs entament dès à présent ce que l’on appelle dans le langage des terres bretonne, ar ifern breizhek (l’enfer breton). Très vite les militaires doivent faire face à un tempo d’une intensité hors-norme. Dès la première heure de course, le compteur affiche une vitesse de 46km/h.
Le Tro Bro Leon n’est pas une course qui se gagne seulement « à la pédale ». Un concours de circonstance, des choix tactiques et un grand nombre d’autres facteurs exogènes feront qu’un coureur réussira à sortir du lot et se détacher du reste du peloton. Le premier coureur de l’Armée de Terre qui en paie les frais, c’est le jeune Bryan Alaphillippe. Le frère cadet de Julian Alaphilippe (Etixx-Quick Step) a chuté en début de la course. « Au mauvais endroit au mauvais moment dira t-on », puisqu’un chien l’a propulsé au sol. De nombreuses brûlures notamment aux mains,l’obligeront à abandonner. Stéphane Poulhiès a également été victime de la malchance. L‘ancien pensionnaire des rangs de l’équipe Cofidis été victime de 6 crevaisons et d’une chute mais comme le soldat qu’il est, il continue en serrant les dents, son chemin de calvaire, son chemin des Dames!
« Honnêtement les gars, je pense aujourd’hui que vous êtes tous ici capable de gagner ».
Jimmy Casper, directeur sportif de l’ADT
De la combativité
Malgré cela, la course suit son chemin. Et des coureurs comme Jordan Levasseur ou encore Thomas Rostollan sont en forme depuis l’entame de ces 204 km. Le premier des deux guerriers, après avoir fait péter sa grenade dans une peloton déjà épuisé, a réussi à intégrer une échappée à deux reprises tandis que le second a entamé un raid en solitaire à 40km de l’arrivée. C’est donc une équipe incisive et ambitieuse avec leur niveau continental face aux worldtours et pro conti que l’on voit aux abords de Lannilis. Ils ont osés mais malgré leurs panache, cela ne suffira pas à dompter ce terrible pays du Leon.
Le finish
Un groupe de six unités mènent les débats dans les derniers kilomètres de la course. Aucun coureur de l’Armée de Terre n’est présent dans cette échappée qui ira au bout mais derrière, pas très loin, il y a du mouvement. Les coureurs aux couleurs « cam » sont bien placés à l’amorce du sprint pour les places d’honneur. Au final l’objectif principal est accompli. Yannis Yssaad se place 12ème, Alexis Bodiot et Julien Duval sont positionnés respectivement à la 19ème et à la 20ème place. Ils en avaient du coeur ces soldats comme ce song de « Fever Ray: If i had a heart » ! Mais l’année prochaine, ils seront de retour sur ce champ de batailles avec des envies de revanche, question d’honneur !