Photos DR Armée de Terre
Le « Team Armée de Terre » entame sa 2ème année de professionnalisme cette saison. Une équipe « hors normes » puisque la majorité de ses coureurs et membres du staff sont des militaires sous contrat. Outre le métier de coureur pro qui demande déjà beaucoup de sacrifices, ils ont aussi des devoirs militaires à remplir, pas vraiment une sinécure pour ces sportifs haut niveau mais qu’importe, ils s’éclatent dans leurs drôles de tenues camouflées. Unique en Europe, quoique les « Rangers » made in UK ont aussi des sportifs haut niveau mais non-professionnels, on ne retrouve ce concept que chez les « Navy Seals » Américains. Ils l’ignorent sûrement mais ces derniers sont suivis par leurs frères d’armes répartis sur les 4 coins de la planète, des zones les plus arides des déserts à la jungle de Guyane: « ça réchauffe le cœur de voir nos couleurs et nos gars se donner à fond sur les routes des courses pros auprès des meilleurs » nous confiait un officier basé en « OPEX » (Opérations Extérieurs), « On ne savait pas que ça existait, depuis on les regarde et on les encourage, cela nous permet de nous enfuir quelques heures de notre quotidien. Nous sommes fiers d’eux! ».
Car ces guerriers ont rempli leur mission cette saison, peut être pas en OPEX, mais sur celle des forçats de la route, celle aussi de se battre devant, d’en faire baver l’adversaire et de montrer que la « Grande Famille » n’est pas là que pour défiler en ordre serré. L’un de leurs « DS » (Directeur sportif) n’est autre que Jimmy Casper. Non, Il n’a pas signé son engagement dans les forces armées mais il s’est réellement engagé auprès des ces coursiers pour leur montrer que le chemin de la gagne se fait pas à pas, à grands coups de sueurs, les dents serrées, la souffrance en guise de cadeau. Jimmy Casper, pro durant 14 ans, victorieux à multiples reprises comme sur le Tour de France, le Tour D’Oman, les 4 jours de Dunkerque, des 3 jours de la Panne Occidentale puis des classiques comme le GP De Denain et les Belges comme le Championnat des Flandres ou le Samyn, ce genre de batailles qui n’ont rien à envier à un stage commando tant la souffrance et la misère des pavés vous donnent l’arrogant sourire éclatant d’un guerrier fier des ses faits d’armes. Quoi de plus normal que ce champion vienne transmettre son art du combat cycliste à ces soldats. Ce week-end, leurs objectifs seront le GP de Denain, le Tour du Finistère et le Tro Bro Léon avec cette devise en tête « Qui ose, gagne ! «
Jimmy Casper, on sent un dynamisme positif au sein du team » Armée de terre » cette saison…
Jimmy Casper: « Oui, cette année, les gars ont beaucoup moins de complexes je pense. La première année était celle de la découverte. Ils ont roulé aux côtés de gros moteurs comme Chavanel, Boonen et d’autres. Ils les regardaient d’en bas avec un peu trop de respect et cette peur de frotter aussi. Du coup, ils n’ont pas osé s’exprimer réellement. Cette saison c’est différent, ils ont le couteau entre les dents, ils ont su négocier ce virage. Ils ont pris de la caisse sur le plan psychologique. On a aussi recruté des nouveaux comme Yannis Yssaad, Kevin Rostollan et Stéphane Poulhiès entre autres, qui sont de véritables renforts pour le team. »
Sur la Coupe de France, les couleurs camouflées se sont bien battues…
J.C: « Oui, par exemple avec les raids menés par le jeune Kevin Lebreton, Yannis Yssad sur le podium d’une manche de coupe ou la 2ème place de Benoit Sinner sur le tour de Normandie, on rentre dans cette spirale positive. Kevin est un coureur en pleine progression, il se débrouille bien cette année, il s’applique et écoute religieusement. Et cela se ressent dans les résultats, lui qui n’avait jamais connu vraiment l’international avant l’Armée de Terre, il n’a jamais été retenu en équipe de France quand il était plus jeune par exemple. Quant à Benoît, il était malade l’année dernière et cette saison il est présent avec cette envie de prouver que l’on peu compter sur lui. On est pour l’instant premier de cette Coupe de France PMU devant AG2R et FDJ, ce n’est pas si mal non? C’est notre objectif principal cette victoire par équipes. «
Justement, sur le GP de Denain (Coupe de France), quels sont vos conseils auprès d’eux, vous le quadruple vainqueur de cette épreuve?
J.C: » D’être bien placé dans le peloton et arriver pour disputer le sprint massif. le GP de Denain n’est pas vraiment compliqué. C’est l’une des épreuves les plus faciles du calendrier car c’est plat tout le temps donc ça finit généralement par un sprint massif du peloton, une fois tout les 10 ans il y a une échappée, c’est très rare! «
Ce week-end, il y a le tour du Finistère et le Tro Bro Léon, quels sont objectifs?
J.C: » On verra sur place. Notre priorité c’est le classement par équipes. On court pour le team d’abord, on préserve notre place de leader. C’est un peu ça l’Armée de Terre, on bouge ensemble pour le collectif. Si l’un de nous se sent capable d’aller chercher la victoire individuelle, mais vraiment si il se sent capable, on le laissera y aller mais avant tout ça sera de travailler pour le team et on se battra pour garder notre place. Ca serait énorme de faire un top 3 sur l’une ou l’autre et ça nous permettrait d’asseoir un peu plus notre leadership sur la Coupe de France. «
Vous étiez coureur durant de nombreuses années et maintenant directeur sportif, quelle est la différence entre ces deux rôles?
J.C: » Quand on est coureur, on est un peu égoïste. Tout le monde est aux petits soins pour vous, c’est aussi beaucoup de sacrifices pour votre famille. On ne s’en rend pas vraiment compte quand on est pro. Tout tourne autour de vous et vous vivez dans votre bulle. Quand on est directeur sportif, c’est différent, on pense au team, on pense collectif pour aller chercher une victoire avec l’équipe, et on est toujours à l’écoute et présent pour répondre à leurs questions afin de leurs permettre de « performer », c’est l’envers du décor et cela me plaît énormément, une autre vie à penser aux autres moi qui ne pensait qu’à moi étant coureur. «
Enfin, quelle différence entre une équipe pro classique et militaire ?
J.C: » Les objectifs sont les mêmes pour tous. La différence majeure reste la discipline. C’est le pied, quand on leur dit d’être prêt à partir à 8 h, ils sont déjà dans les véhicules à 7H59. Je me rappelle que dans les équipes classiques, quand on nous donnait une heure précise, il fallait compter 20 à 30 minutes de plus avant que tout le monde soit là (rires) ! »