Ce matin, je me suis levé avec une « gueule de bois », une douleur si vive, à verser des larmes salées dans mon café bien amer. Non, pas le faîte d’une prise excessive d’alcool, je reste un coureur du dimanche et j’essaie de monter sur ma monture autant que faire ce peut pour garder la forme, ma santé, du moins si quelques automobilistes imprudents me laissent encore le temps de le pratiquer. Non, mais ce mal à la « tronche », un mal de chien à ce coeur déjà si lourd car notre famille a encore perdu l’un des siens. Antoine Demoitié nous a quitté dans la nuit du 27 au 28 mars dans une chambre anonyme des soins intensifs au CHU de Lille. Je ne connaissais pas bien le champion, je l’ai juste rencontré sur le Tour du Finistère 2014 qu’il avait remporté. Je me rappelle encore de lui avoir poser cette question: Quels sont vos objectifs à long termes? Il m’avait alors répondu » Participer aux plus belles classiques et tenter d’en claquer une. » Il n’en aura plus jamais l’occasion. On n’a pas encore séché nos visages embués par la disparition tragique de Romain Guyot qu’un autre champion le rejoint déjà là haut.
Mais cette fois ci, ce n’est pas à l’entraînement mais sur une course cycliste professionnelle encadrée par des professionnels justement. Une moto l’a percuté avant de lui tomber lourdement dessus… Faut il rappeler que les règles de sécurité s’appliquent à tous, que le code de la route est aussi valable dans une course? 1m5O que dit la promotion sur la sécurité routière ? Alors pourquoi ne pas l’appliquer aussi sur les courses?
Merde, déjà c’est l’hécatombe sur les routes d’entraînements mais si en plus sur les compétitions cela devient de la roulette russe, jusqu’où irons nous avant que nos autorités ne daignent bouger?
C’est bien gentil de dire au public de s’écarter quand le peloton passe, là dessus on est tous d’accord mais il nous faire le ménage dans le convoi qui entoure ce peloton. Rappelez vous du Néerlandais Johnny Hoogerland sur le Tour de France 2011, balayé par une voiture de presse alors qu’il était dans l’échappée. Il finira dans les barbelés avec 33 points de suture. L’année dernière, le Belge Greg Van Avermaet se fait percuter par une moto à 7 km du finish de la Classique San Sébastian. Toujours la même année, Peter Sagan se fait bousculer par une moto pour la énième fois sur la Vuelta et se met a frapper celle-ci, il se alors fait huer par la presse. Toujours en 2015, une autre moto télévision gêne de nouveau Peter Sagan, cette fois Sean Yates, le ds, s’énerve, son mécano aussi et lance une gourde envers le caméraman. Yates est mis hors course pour «comportement grave envers une moto télévision». Ou quand Nibali faillit se prendre un mur, gêné derrière une voiture de presse dans la descente du Port de Balès sur le Tour de France 2014. Et encore dernièrement, Stig Broeckx fut renversé par une autre moto sur Kuurne. Il en faut combien d’autres exemples pour prendre des mesures adéquates pour la sécurité des coureurs? Que la photo d’un maillot jaune ensanglanté finisse par nous faire prendre conscience ?
Eux, les coureurs, n’ont pour seul protection qu’un simple maillot aussi fin qu’une feuille de papier à cigarettes et d’un casque tout aussi léger face à ces machines de 300 kg à une tonne. Mais pour le spectacle, pour le show, des hordes de motos les entourent, flash crépitant de toute part, prenant des risques inconsidérés pour prendre « la photo », filmer l’instant présent avant tout le monde et bien souvent au détriment du coureur. Certains abrutis diront » C’est pour l’image du sponsor, ça lui fait de la pub au coureur et au team » Mais quand une moto tombe justement sur l’un d’eux, on est tous à gueuler au scandale alors que les mesures ne s’appliquent toujours pas par l’UCI. Ce matin, je regarde sur les réseaux sociaux la photo d’un fan de cyclisme et son site très populaire : « La Gazette des sports » lagazettedessports.wordpress.com. Il a choisit cette photo qui parle d’elle même. Il n’a a peine que 20 ans et il croit en ce sport, il continue lui comme d’autres jeunes à y croire…
Les réactions des principaux concernés ne se sont pas fait attendre sur les réseaux sociaux
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Dan Martin, l’Irlandais du Team Etixx résume assez bien la situation en ce twitt; « Les motos sont une nécessité dans notre sport, pour la sécurité et les médias : c’est leur conduite en course qui a besoin de gouvernance »
William Bonnet (FDJ); « A quand une réunion UCI, commissaires, organisateurs, motards, équipes, coureurs. Pour comprendre les attentes des uns envers les autres en course »
Immédiatement suivit par Daniel Bennatti (Tinkoff). « Comme d’habitude, pour résoudre les problèmes il faut toujours attendre qu’une vie soit en jeu « ….
Des formations aux motards et voitures suiveuses ne seraient pas superflues pour pouvoir accompagner les guerriers lors de leurs batailles. Pourquoi pas les anciens coureurs eux même qui savent lire et sentir ce peloton? Les coureurs sont là pour le sport, leurs passions, pour nous faire rêver aussi et pour nous faire sauter de joie à leurs côtés quand leurs grands sourires illuminent la fameuse ligne d’arrivée, mais le salaire de la peur devient trop élevé et notre joie se transforme en une bien amer tristesse. Après tout, réglementer ne suffira peut être pas. Il faudrait qu’une valeur en voie de disparition soit remise en exergue. À votre bon sens messieurs dames!