Tu avais été Champion de Bretagne 1966 entre autre. Avec ce palmarès de guerrier Breton, tu en as fais craché des coursiers dans ta roue comme sur cette terrible côte de Cadoudal lors du Triomphe Breton. Toi, Raymond Berthou, tu nous a quitté hier après midi à la suite d’une « saloperie » de crise cardiaque, ce cœur que tu avais pourtant si gros. Tu es parti dans les bras des tiens ! Parti trop tôt en nous laissant ce sentiment si fort d’avoir perdu un être cher et d’incontournable dans notre paysage quotidien. Tu faisais parti de nos vies à tous, et face à notre colère contre ce « coquin de sort » comme dirait l’autre, la tristesse nous envahit.
Tu étais un passionné, par ta famille avant tout, par la vie et par ta seconde famille le cyclisme. Tu étais le genre d’homme qui n’aimait pas trop se faire marcher sur les pieds non plus, tes coups de gueules étaient aussi vifs que tes coups de tendresse, et tu savais toujours bien nous les transmettre. Tu marchais comme ça Raymond, au cœur et à la passion, tes seuls mots d’ordre comme te l’avais enseigné ton père, l’un des créateurs du Mythique Essor Breton et organisateur du « Feu » Critérium cycliste du circuit de la rade de Brest où les plus grands venaient se frotter comme Louison Bobet. C’est durant ces moments là que tu as a découvert que le cyclisme était ta passion. T’étais alors que ce gamin avec cette casquette vissée sur la tête. Elle ne te quittera plus jamais.

Tu ne fus pas pro, les places étaient peu nombreuses et trop périlleuses dans ces années là et il fallait bien te trouver un travail à cette époque pour nourrir ta famille aux côtés de ta femme Nelly que tu chérissais tant. Mais tes 2 rejetons ont repris le flambeau ou plutôt le guidon vissé sur ce vélo.
C’est David qui s’élança le premier et qui assuma l’héritage cycliste familial, sans que tu ne l’y pousses d’ailleurs. Il ramena des bouquets de la Flèche Finistérienne et du circuit du Morbihan entre autre, « putain » ce que tu étais fier!
Mais c’est le p’tit dernier, le Rico, qui rentra chez les pros. Ton « Rico » que tu soutenais même dans les moments les plus durs comme ce Tro Bro Léon 2013 où terrassé par une terrible fringale qui lui enleva la victoire, tu le serras dans tes bras. Ce jour là, près de toi je te vois encore lui poser tendrement ta veste sur ses épaules tout en lui disant ces mots d’un père rassurant; » Tu as été bon Eric, tu as donné le meilleur, ne regrette rien, tu étais le meilleur, c’est le principal! »

Ton vélo ne t’a jamais quitté, tous les jours qu’il pleuve ou qu’il vente (ca arrive parfois à Brest même !), on pouvait voir ta silhouette montant la côte de Quimper. Tu t’en allais à l’aventure sur les routes en finissant souvent par un passage sur ce port de Brest que tu aimais. C’est d’ailleurs là que Rico ouvrit son magasin. C’était devenu ta halte, ta « récup », ton p’tit moment. Tu trainais toujours dans cet atelier pour apprendre encore les nouvelles techniques, les nouveaux concepts, tu restais toujours assoiffé de connaissances . Et ensuite, derrière un café, tu nous racontais les exploits de ces champions qui t’ont tant fait rêver, celles que tu racontais avec ton cœur.
Maintenant, qui va venir nous raconter les histoires de guerriers ? Qui va me pousser ou me « chambrer » quand je me faisais larguer par les « jeunots » durant la ballade du mardi soir? Qui va venir prendre le café du matin au coffee shop où il fait si doux même durant les jours de grandes marées?
Je n’aurais jamais pensé t’écrire un mot, ni encore moins un « truc » comme ça. Oh non, je n’aurais jamais imaginé devoir faire cet hommage, quelle »putain de vie »! Mais tu es parti si vite que je n’ai pas eu le tant de le te dire. Je pense à Nelly, à Rico, à Gigi et tout les autres.
Bobet et les autres t’attendent là haut, je suis sûr que vous devez vous tirez la bourre comme tu l’aurais rêvé et je suis persuadé qu’ils ne te lâcheront pas comme ça!
Les obsèques de Raymond Berthou auront lieu à Guipavas lundi après-midi 18 Janvier à 14H.