Marcarini ! Ce nom claque dans toutes les oreilles des coureurs de France, d’Italie et bien au delà de nos frontières. Chez les Marcarini, on vit baptisé avec le vélo, avec un patriarche champion Français, originaire de Bergame et de Brescia en Italie qui fut entre autres l’équipier d’Anquetil, victorieux à maintes reprises comme sur le GP de Plouay en 70. Dans la famille « Marca » comme on le prononce souvent en essayant de les imiter vainement en roulant les « r », on nait, mange et dort avec le cyclisme, avec ce style à l’Italienne tel un Enzo dans le Grand Bleu. Chez eux, on ne triche pas, on râle, on gueule, on pleure, on rit et on partage surtout avec les tripes. Et si ça ne plait pas, tant pis ! Ils s’en foutent comme de leurs premières chemises, ils sont comme ça entiers et directs chez les Marcarini.
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Pas étonnant que le rejeton Gianni junior, que l’on appelle « Nino » soit tombé dedans quand il était petit. Une « gueule » a jouer un flic à la »Serpico », voire même guitariste à faire péter les amplis en jouant « High hopes » (les grands espoirs) à la David Gilmour, car il joue aussi de cet instrument le Gianni. On l’a même entendu faire le DJ dans différentes radios comme Radio Horizon, AVB , Bleue Marine et Help FM. Bref, un « touche à tout » mais toujours avec passion sinon cela ne vaut pas le coup d’être vécu.
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Un amoureux de la vie, avec ce caractère si Italien, fier et bien trempé, capable des plus grands coups de gueules avec son coeur à vif tout comme des plus grands coups de main quand l’un des siens en a besoin. Mais, il aura beau jouer ce « dur » vissé d’une perpétuelle casquette sur sa tignasse noire, il n’en reste pas moins un passionné Gianni Pierre Henri (ses noms de baptême), pas seulement du sport cycliste mais aussi de l’aventure humaine et de cette « chienne » de vie qui ne fait de cadeau à personne, surtout quand elle lui enlève son frère de cœur Pierre Henri Menthèour.
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Gianni , D’où vient votre idée des « casquetteurs »?
Gianni (Nino): « Gianni (Nino): « Le mot » Casquetteur » est le mot que je me donnais tout petit, vers l’âge de 6 ans, comme j’avais toujours une casquette sur la tête, même à l’école je ne la quittais jamais. Ensuite, j’avais gardé ce terme enfoui en moi tout comme mes souvenirs de gosse. Et un jour, j’ai voulu partager ce souvenir avec tous, pour soutenir un ami que je considérais et que je considère toujours comme un frère : Pierre Henri Menthèour. Un concours de photos est né pour un hommage à Henri Monthéour, avec tous les coureurs, du simple cyclo aux pros. Un peu comme si l’on portait l’uniforme ou comme un béret dans la marine. Une sorte de « devoir de mémoire » sur les cents dernières années, à tous ces gars qui ont fait la légende et aux photographes passionnés de ce sport. Ensuite ça a continué, avec l’aide tous, des plus anciens aux plus jeunes qui sont là depuis le début et je tiens à les citer, comme mon pote et bras droit Barnabé Moulin, Stéphane et Paul Mickael, Menthéour, Stéphane Piriac, Nicolas Roux, les Frères Nicolas et Josselin Riou (mes « Poulains »), Christophe Lefort, Les Lefrancois, les Harel, les Redondo, Les Batista ou la famille L’Azou et ma « poulinette » Mathilde par exemple. »
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Justement, vous tentez de faire revivre certaines émotions, certaines anciennes valeurs
G.M: « Il n’y a plus l’ambiance d’avant, et comme je ne supportais plus de voir les coureurs qui sortaient des bus ou quand ils restaient debout sur les podiums de présentation avec ces casques anonymes, sans âmes, affublés de lunettes qui ressemblaient beaucoup plus à des écarteurs de narine, j’ai alors décidé de poursuivre le mouvement. Personne ne reconnaît plus personne avec l’attirail d’aujourd’hui, et certains gardent même leurs lunettes de soleil alors que le temps est gris. Il faut faire bouger les choses chacun à sa manière. Donc j’ai pensé à cet adage: » Mets ta casquette, tu auras l’air d’un coureur! ».
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La casquette devient le symbole de la mémoire de Pierre Henri Menthéour, de tous ces champions et du respect à ce sport cycliste
G. M: » Je ne sais pas si on peut dire ça, mais ce n’est pas une casquette comme les autres, pas comme celles du Base-Ball. Cette casquette est l’empreinte de notre sport, de la mémoire oui, certainement comme celle de Pierre Henri, de tous ces vrais gars. C’est aussi un peu pour les sponsors qui donnent leurs confiance, ceux qui font vivre le team et que le public identifie très vite comme sur les miniatures de notre jeunesse. Parfois, on se retrouve à faire de la pub sans le vouloir. »
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C’est à dire ?
G.M: « »Un jour, je passe une annonce sur le Facebook des « casquetteurs » pour trouver une paire de lunettes Oakley, comme en avait Greg Lemond pour les refiler à Yoann Offredo, un mec bien toujours souriant qui est aussi le symbole de cette génération. C’est alors que Christophe Le fort m’a répondu et il me les a envoyées. Yoann a toujours joué le jeu, notamment pour le nouvel an avec une série de photos avec 10 casquettes différentes. Je lui ai envoyé des casquettes et il me faisait des photos géniales. Il a toujours respecté les anciens. Il aurait été italien ou Belge, il serait une star, c’est leur culture, mais bon, il ne l’est pas (rires). Ensuite, c’est Paul Mickael Menthéour qui a pris ces lunettes magiques pour son début de saison. Bref, elles ont même traversé les océans et les USA pour se retrouver sur le nez d’un autre champion avec Arnaud Manzanini sur la Race Across America. C’est ça aussi les casquetteurs, un chaîne d’amitié qui fait bouger les choses à sa façon. »
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Beaucoup de gens autour de ce mouvement ?
G.B:« Oui, tous ces gens qui nous soutiennent et certains avec leur site comme « la Gazette des sports » ou le site « Elles font du Vélo », ce sont ces passionnés, tous ensemble, qui forment les casquetteurs, comme aussi Rostollan qui est vraiment génial. A chaque fois que je sors des photos, je les montre à mon poto et bras droit Barnabé Moulin qui me donne toujours son avis, il y a tant de monde qui joue le « truc ». J’ai même su que Museeuw, Nibali, Lefevere, De Caunes et même Laurence Parisot adorent les Casquetteurs. »
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Vous avez été DJ, et coureur , 2 cultures différentes non?
G.M: « Différente, je ne sais pas, la musique j’adore ça car l’émotion et la passion qui en résulte et tout le reste, c’est un peu comme sur le vélo. Oui, j’ai fait les 2 mais j’étais un petit coureur de 1ère catégorie.DJ l’hiver et au printemps, le vélo ressortait. Ma carrière a commencé très jeune. Tout gamin, je faisais des sprints avant les critériums auxquels mon père participait. Les pros s’entraînaient et moi je m’amusais à les sprinter. Alors quand j’ai commencé à faire des courses, pas mal de gars venaient me voir en me disant; « Je te connais toi, tu étais tout petit avec ton petit vélo à l’époque. » Ma carrière était déjà derrière moi (rires). Non, pour parler sérieusement j’ai commencé à faire les courses pour ressembler à mes 2 idoles qui étaient Pierre Henri Menthéour et Alain Bondue. J’ai commencé mes premières compétitions avec ASAL et ensuite le Véloce Vannetais, UCL Hennebont et en Guadeloupe avec US Lamentin. Avec le vélo j’ai rencontré de vrais gens comme avec Didier et Dominique Le Huitouze, j’étais fier de m’entraîner avec eux ou un certain Roger Trehin que je considère comme un frère »
Pierre Henri et Didier Le Huitouze , c’étaient les deux plus beaux coureurs que j’aie jamais vus sur un velo, ils avaient du style, une classe. Avoir roulé avec mon petit niveau à leurs côtés, c ‘était vraiment une fierté. Ils se retrouvaient souvent échappés tous les deux à se livrer ces putains de combats. Didier s’est même cassé une dent dans un sprint final à Pont Aven pour la victoire finale, c’étaient des vrais guerriers. »
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Des bons souvenirs de courses ?
G.M: » Oui, il y en a plein comme le tour du Cameroun par exemple. Mais surtout le tour de Sicile que j’ai fait avec mon idole Pierre Henri Menthéour. C’était énorme. C’est même là que Paul Mikael a été concu, depuis je n’arrête pas de le lui dire (rires). »
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Vous les avez tous connu ces champions des années 80 et 90?
GM; »Oui, bien sûr. Chez nous, c’était l’auberge, ouverte aux amis. Comme Pierre Henri ou Alain, il y a eu du monde qui a dormi à la maison en Août pour les critériums. Toutes les chambres étaient occupées, même le salon. J’ai partagé ma chambre avec Francesco Moser, Claudio Chiappuci et Marco Pantani. Ma sœur Gianna et moi, on les a tous connus à la maison. C’est hors norme pour un gamin, des bons souvenirs indélébiles qui vous restent bien ancrés. Mon père était un bon coureur, même si parfois il en prenait plein la gueule, il était immigré Italien et il avait une famille à nourrir. C’était le plus rapide au sprint mais il faisait les primes et du coup on le surnommait « Josh Randall », c’est Cyrille Guimard qui m’a raconté cette anecdote. Mais il avait des copains partout et la maison leur était toujours ouverte. »
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Et particulièrement Pierre Henri Menthéour
G.M!: « C’était plus qu’un champion, c’était un véritable homme bien. J’ai traversé les 3 périodes cruciales de la vie d’un homme à ces côtés avec mes 15, 25 et 45 ans, 3 étapes qui ont été importantes pour moi. Durant son combat, je venais lui montrer les photos du Concours des Casquetteurs que j avais organisé, pour lui montrer tout ce soutien des tous ces gens. Il a été incroyable jusqu’au bout. A l ‘hôpital, je venais avec ma tablette pour lui montrer des centaines de photos de tous ces gens. J’espérais lui faire du bien. Un vendredi soir il m a écrit: « Je vais mourir Lundi, viens demain » et je suis venu tout de suite à ces côtés. C est l’homme le plus humble que j ai connu dans ma vie, il n’en voulait à personne et m’ a appris tant de choses. Les Casquetteurs, c’est aussi pour lui, pour tout ce qu’il nous a enseigné. »