A 42 ans, l’Irlandais David McCann a bien bourlingué à travers le monde, notamment grâce au cyclisme. 5 ans passés en élite en France, puis 15ans dans le monde pro (dont 12 comme coureur), il est revenu en Bretagne au mois d’Août dernier comme directeur sportif de la sélection Irlandaise sur le dernier Kreiz Breizh. Un spécialiste du chrono, et un puncheur amateur de long raid en solitaire. S’exprimant dans un Français parfait, langue apprise lors de ces 2 années passés au VC Pontivy en Bretagne, fin des années 90, le triple Champion d’Irlande sur route et sextuple champion national du chrono (record jamais égalé) n’a jamais réussit à décrocher du monde du cyclisme. Diplômé en mathématique et en « staps », il conjugue ces 2 savoirs pour la formation des coureurs, surtout des plus jeunes, tout en gardant cet adage en tête: « Etre heureux de rouler ».
David McCann, votre nom n’est pas inconnu en Bretagne ?
David McCann: « (Rires), je ne sais pas. J’ai appris le métier de coursier tout d’abord en Irlande avec Phoenix et surtout en Bretagne en 97 -98 au VC Pontivy avant de partir au VC Cahors et Perpignan. C’était une ambiance hors norme là bas chez les cousins Bretons. J’en garde un super souvenir, notamment sur le Ruban Granitier Breton. Je venais d’arriver en France depuis 2 mois et me voilà sur cette classique Bretonne que tous les gars voulaient gagner. Les meilleurs Bretons étaient Gérard Bigot, Michel Lallouet, Fred Delalande ou Christophe Thébault. Ca flinguait grave et les Bretons étaient très solidaires entre eux à l’époque. C’était dur de se faire une place mais je termine tout de même 4ème du général de ce Ruban Granitier, j’étais content de moi. J’étais aussi dans une belle équipe avec le VC Pontivy, il y avait des gars comme Camille Coualan qui terminait sa carrière de coursier je pense ou Sylvain Desbois. On se marrait tout le temps, et en plus on roulait partout en France, le VC Pontivy était selon moi le meilleur club Breton à l’époque. »
20 ans après, vous revenez en Bretagne sur le Kreiz Breizh en Août dernier, vous en avez revu des anciens?
D.M: « Oui, c’était génial de les revoir, ils sont comme moi, ils n’ont jamais vraiment décroché du vélo (rires). Même Rodolphe Henry n’as pas changé, le temps n’a aucun effet sur lui. J’ai revu Yves Bonnamour et plein d’autres aussi, c’était génial de revenir en Bretagne. »
Vous passez pro en 2001 dans le team pro conti CCC Mat puis vous restez 12 ans coureur dans de nombreux teams
D.M: »Oui, je suis resté 2 ans d’abord chez les Polonais, belle aventure pour commencer le monde pro. La même année je gagne le Tour d’Hokkaido au japon le Tour d’Irlande « RAS » et je conserve mon titre sur le chrono national. J’aimais bien l’ambiance, on parlait anglais vu que le Polonais étaitun peu dur pour moi et on se comprenait tous. Par la suite, j’ai appris le Polonais que je parle correctement dorénavant. Ensuite je pars en Belgique rejoindre le team Volsbank Ideal un an, puis le team Endurasport en Angleterre et Ecosse. Et enfin l’aventure Giant Asia Racing devenu Giant Kenda. Je voulais vraiment courir sur le circuit UCI Asie. Je gagne, entre autre, avec eux le Tour de Corée, des podiums sur le tour de Taiwan, une 3ème place au général sur le Herald Sun Tour en Australie, et quelques autres belles courses . Ca a été de belles années à travers différents pays comme l’Australie, Japon, Chine, USA, à voyager partout sur la planète et j’aime vraiment ça, je suis devenu un citoyen du monde (rires). »
Vous terminez votre carrière de coursier chez David McQuaid au sein du Team Baku Cycling Project.
D.M: « Oui, David a fait appel aux coursiers Irlandais pour les débuts de Baku, pour apprendre le job aux jeunes coureurs de chez eux. C’était bien de venir découvrir le cyclisme Azéri, une autre culture, une autre aventure. J’y ai termine dans le staff par la suite. Et ca a été ma dernière aventure pro avant de revenir en Irlande comme coach. »
Justement, depuis des années, il y a un vrai essor du cyclisme Irlandais, quelles en sont les raisons selon vous?
D.M: « Ouf!! Il y en a plusieurs je dirais. D’abord, l’essor du cyclisme Britannique avec Wiggins, Cavendish, Froome et d’autres. C’est devenu très visuel et il y a des télés partout, sur toutes les courses même en élite. Ca a un impact important pour faire découvrir ce sport, sans les médias les jeunes ne viennent pas. Je suis issu de la génération qui regardait Roche gagnait le Tour de France en 1987 ou Sean Kelly sur Paris Nice our Paris Roubaix. Il y eu un frémissement du cyclisme Irlandais dès lors, mais il n’y avait pas de magazine, ni de retransmission télé. Du coup, les jeunes n’ont pas suivit le mouvement. Ensuite, on a eu la prime « Bike to work », cette prime de 500 euros que l’état vous donne si vous achetez un vélo pour aller travailler. Là, tout le monde s’y est mis et le boom est arrivé. Maintenant, il n’est pas prêt de s’arrêter, c’est du vrai show le cyclisme ici dorénavant. Il y a des magazines, des sites, des retransmissions télé constantes et donc de plus en plus de jeunes qui viennent. C ‘est un sport vraiment aimé de la jeunesse. »
L’encadrement des jeunes est l’une de vos priorités justement?
D.M: « Oui, bien sûr. Il y des jeunes qui sont vraiment bon chez nous, avec un réel potentiel ici. Il nous faut les encadrer de façon sérieuse et toujours leur donner ce plaisir de rouler, c’est le plus important ce plaisir. Quand tu vois que certains coach mettent une charge de travail énorme sur certains jeunes, ça fait flippé et c’est vraiment dommage car le jeune va en ressortir rincé et n’aura plus de force pour continuer et donc plus de plaisir. Et c’est le grand « Bye bye » avec le vélo par la suite. Du coup, quand tu entraines un jeune, le côté plaisir reste le plus important pour moi. Ensuite, il faut le faire avancer de façon progressive, constante et juste. C’est comme les équations en mathématiques, il faut que tout soit bien respecté et bien aligné si tu veux en faire un bon résultat,un bon coursier, et surtout un coureur heureux et épanoui. Je suis coach, en j’en vois passé beaucoup, je leur explique les fondamentaux de l’entrainement, de la nutrition mais aussi je leur donne une approche psychologique de ce sport. Si tu arrives à insuffler tout ça au jeune coureur, tout le monde est gagnant et surtout lui. »
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Justement, votre nom circule dans le staff d’une équipe pro qui verra bientôt le jour en Bretagne
D.M: »(Rires), je ne peux rien vous dire pour l’instant, faut laisser les rumeurs circuler je pense. Mais j’aime bien la Bretagne (rires). »