Photos Christophe Forest: kalonbreizh.over-blog.com/
1230 km ! Ca en fait une « trotte », mais cela n’a pas empêché environ 5000 fondus de vélos de se donner rendez vous dimanche dernier au vélodrome de Saint Quentin en Yvelines. De « doux dingues » venus des 4 coins de la planète, on y entend toutes langues du globe comme celles des Italiens, Anglais et Américains, Allemands, Espagnols, Russes, Chinois etc…. Ici, pas de frontière, la « famille » ne connaît pas ces barrières. Et l’événement est de taille car il s’agit du 18ème Paris-Brest-Paris organisé par l’Audax Club Parisien
On pourrait croire que la prime de la victoire ou la gloire doit être conséquente pour faire venir autant de cyclos. Mais non! La seule récompense n’est autre que le défi sur soi-même, pas de podiums sous les flash des médias à l’arrivée, ici la victoire se veut discrète, la gagne se fait sur soi-même tout le long du parcours et le seul trophée emporté sera celui du souvenir immémorable de cette épique cyclo, le soir au coin de la cheminée, peut être au fond du pub !
Faut être d’une autre planète, celle du cyclo, pour accepter de rouler durant jours et nuits, refoulant leurs angoisses du grand périple avec ce désir violent d’admirer le lever du soleil sur les plaines de l’Ouest, seul sur leurs montures le long de ces routes vallonnées avec ce qu’offre la terre des légendes sur ces dénivelés qui vous brûlent violement les cuisses déjà bien meurtries par l’effort. Puis s’écrouler de fatigue de tout son poids lors d’une pause entre 2 chevauchées.
Mais il faut se « bouffer » tous ces kilomètres en moins de 90 heures si on veut y inscrire son nom sur les tablettes de cette aventure. Pas vraiment le temps de flâner dans les ruelles du vieux port de Brest, ni de se taper un petit détour touristique du côté de la côte des légendes, à la limite un arrêt pour s’alimenter calmement dans un village typique des Monts d’Arrée.
Faire de ce 18ème Paris Brest Paris l’un des chefs d’œuvre de sa vie de sportif, rouler droit devant, lutter contre les courbatures jusqu’à les ignorer complétement après des heures de souffrance, franchir le seuil de tolérance physique pour atteindre l’extase de l’exploit individuel.
Bref, n’aller pas leur demander quelles sont les raisons de vouloir se torturer physiquement sur les routes, et parfois sur leurs drôles de machines. Eux, ce qu’ils cherchent, c’est de se faire d’abord plaisir, de pouvoir vivre cette drôle d’aventure au fil des rencontres et des paysages. Et sur leurs machines, se donner le courage de finir cette terrible épreuve et se laisser le temps de regagner la surface en se disant: » Je l’ai fais! ». D’ailleurs même les spectateurs dubitatifs sur cette drôle de caravane s’arrêtent pour les encourager tandis que les voitures s’écartent à leurs passages comme pour leurs rendre un hommage tant ils sont surprenants, incroyables et mystérieux ces guerriers inconnus.
Inutile aussi de leur demander si la route leur paraissait longue, la dernière phrase qu’ils voulaient entendre étant: » C’est encore loin Paris ? « . Ce qui les importe, c’est d’y revenir dans 4 ans, histoire de rouler entre amis de cette famille des « cyclos », de revivre cette aventure hors normes.
Le vainqueur, pour l’anecdote, est un Allemand. Björn Lenhard a parcouru les 1230 km de l’épreuve en 42 h 26 (28,9km/h de moyenne). Mais qu’importe le vainqueur, ils le sont tous !