Photo Olivia Nieto
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30 ans ! Cela fait 30 ans, une éternité qu’un Français n’a pas gagné le Tour de France. Le dernier n’était autre que le plus grand des Bretons en la personne de Bernard Hinault. 30 ans que l’on se met à croire que c’est pour cette année! Que c’est lui! Si, si, cette fois c’est sûr, les journaux le disent, ils l’encensent à grands coups de pages entières dans nos divers quotidiens, il est arrivé notre messie ! Si il n’y avait pas Froome, Quintana, Contador, Nibali, Van Garderen, ou à une époque Greg Lemond, Miguel Indurain, Carlos Sastre, il aurait gagné ou il gagnerait le Tour de France, c’est sûr. Mais voilà, les autres sont là et ils ne sont pas Français mais de tous les continents comme la majorité du peloton du tour.
Au détour d’une pinte de Guinness, un soir au fond d’un pub de mon Connemara, je pose la question au Champion, 5 tours de France au compteur : « Crois tu qu’un jour tu verras ton successeur sur le Tour de France? » Il me répondit aussi rapidement que la descente de mon divin breuvage: « Oui, je l’espère de tout coeur, mais il faut qu’il y ait la dalle, une envie de gagne monstrueuse, et de la rage au ventre. Il y a des très bons jeunes chez nous qui ont le potentiel pour gagner le Tour. Mais pour cela, il faut les laisser attaquer, les laisser aller au devant, leur faire confiance et ça c’est pas gagner. »
Maintenant, quand je regarde Chris Froome sur le Tour, je réalise que c’est ce qu’a fait le Kenyan Blanc, ce que m’avait exactement décrit le « Blaireau ». Il a attaqué comme un damné à Pierre-Saint-Martin. Il l’avait prévu ce rendez vous à cet endroit précis, lui et ses « boys » ont tout donné et ont fait explosé le peloton qui ne s’y attendait pas si tôt. On l’a revu se battre, attaquer encore et encore dans les étapes suivantes contre Quintana,Van Garderen ou Contador. La faim, le « rhinocéros » l’a, la rage il en est aussi largement doté. Ca fait déjà quelques années qu’il en fait la démonstration.
De quoi faire bouffer le micro à certains de nos commentateurs nationaux ! C’est sûr, les autres sont sûrement des tricheurs, sinon comment pourraient ils battre nos Français ? Si, si, ils le suggèrent même durant le direct! C’est une parole de télévangéliste: non,on ne peut pas nous battre, c’est impossible sans tricher! Tant pis si il faut de nouveau jeter le discrédit sur un sport qui se relève juste d’une énorme gueule de bois suite à une consommation abusive d’Amstrong, et qui a laissé tant de plaies encore ouvertes au cyclisme mondial. Tant pis si il faut jeter des hommes en pâture sans preuves et sans témoins. Super Dupont est là pour veiller à grands coups de rumeurs!
Nous sommes tel l’emblème de notre nation, nous chantons fièrement même les 2 pieds dans la merde. Je me rappelle que ces même journaux qui s’offusquent aujourd’hui devant la supériorité des équipes étrangères, ne s’étaient pas écriés « tricheur » quand notre Thierry Henry national marqua de la main contre l’Irlande pour se qualifier en Coupe du Monde de football! Et pourtant les preuves ne manquaient pas cette fois là. Même la ministre des sports de l’époque nous avait lancé le fameux » C’est le jeu! ».
On n’aurait aussi pu gagner une 2ème étape sur ce tour si les 2 Français ne s’étaient pas reluqués du coin de l’œil dans le final, pensant eux aussi être seuls au monde, ils auraient sûrement empêché un autre Britannique de leur voler la vedette. Damn it! Encore un Anglais ! On aurait pu vibrer de nouveau sur ce tour comme nous l’avait fait magnifiquement Alexis Vuillermoz , attaquant de toute part à Mûr de Bretagne!
Qu’importe le vainqueur, Français, Anglais, Italien, Espagnol ou Colombien, si il est héroïque. Mais ils le sont tous, de Froome, Gallopin, Barguil, Contador, Quintana jusqu’à l’Irlandais Sam Bennett (lanterne rouge du tour). Ils se battent, se défient, luttent contre les éléments, gravissent ces routes parfois si proches du ciel, souvent contre eux même et maintenant contre la rumeur. On aimerait tous qu’il soit Français, on aimerait tant voir le voir lever les bras aux Champs Elysées, tout de jaune vêtu. Mais pour l’instant, ce sont les « autres » qui dominent. Non, le cyclisme n’est plus une affaire de Français, il ne nous appartient plus depuis longtemps déjà, il est international comme l’est le Tour de France, et nous ne pouvons plus leurs donner de leçons, ce serait même le contraire peut être. Les Alpes arrivent aujourd’hui, alors place aux champions!