Photos Mathilde L’Azou
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Ils ne sont que 7 coureurs dans cette équipe de Milizac VTT Loisirs, et pourtant ils ont glané plus de 9 victoires sur les courses de 3 et 4 ème catégorie de leur Finistère natal. Ce team de Milizac est d’avantage une bande de copains que des compétiteurs affamés de bouquets. Et pour cause, leurs palmarès ils l’ont déjà bâti et n’ont plus rien à prouver. Désormais, la victoire n’est juste que la cerise sur le gâteau, et passer un bon moment entre « anciens » reste leur objectif principal. Ils auraient pu se contenter de la ballade du dimanche matin, tranquille à la « fraîche », mais ces gars là ont préféré retrouver les sensations de leur jeunesse, comme une sorte de fontaine de jouvence. Avec une moyenne d’âge de 40 ans, ces « tontons » flinguent encore sur les circuits, et ils ne sont pas prêt de rendre les armes. Souvent flanqués d’un de leurs jeunes »apprentis » dans la roue durant la course, ils leurs enseignent, en toute simplicité, l’art de se faire plaisir avant tout avec l’amour du vélo saupoudré d’une expérience apportée d’une certaine époque.
Be Celt: » 9 victoires depuis le début de saison, dont une belle de Lionel Le Han cette semaine sur Gouesnou, ca se passe bien pour Milizac. »
Freddy L’Azou: » Oui, il y a une bonne dynamique, mais on roule surtout pour le plaisir. Que l’on gagne, c’est bien évidement, mais ce n’est pas notre objectif principal. On ne cherche pas la victoire absolument. C’est une fois dans le paquet que l’on se sent capable ou pas, et souvent on se prend au jeu comme des gosses que l’on était il y a très longtemps (rires). Allez rouler sur une course, ça nous rappelle notre belle jeunesse, un petit retour en arrière qui nous permet de revivre des sensations. De plus, ça motive nos jeunes juniors qui veulent nous surpasser. C’est surtout notre esprit du vélo, on s’éclate entre potes en partageant notre amour du cyclisme à nos jeunes, et on essaie de leurs transmettre nos valeurs . Ca, c’est notre adrénaline. »
Justement, un team composé d’anciens champions Bretons
F.l.A: « Oui, il y a Lionel Le Han, Xavier Cueff, Gaetan Rivoallon, François Urien et moi même avec nos juniors Morgan L’Azou et Joaquim Le Goff. Cela va faire 2 ans que le club a repris le cyclisme sur route. A la base, je n’envisageais pas de reprendre, mais mon fils Morgan commençait les course et je ne sais pas pourquoi, je l’ai suivi. Et cette année, on s’éclate vraiment sur les routes. C’est notre priorité, se faire plaisir et on a garde cet objectif. On aime le vélo, les courses entre amis, ce moment de partage entre nous, c’est le plus important. »
De plus, vous jouez beaucoup sur l’image des années 80-90
F.L.A.: » Oui, c’est vrai. On arrive avec nos casquettes d’époque, c’est un beau clin d’œil à notre génération. Celle qui nous a tout appris. Le côté casquetteur (crée par notre ami Gianni) est un hommage à Pierre Henri Menthéour. Un grand champion et un grand bonhomme qui savait transmettre aux jeunes sa passion. Je me rappelle que Morgan et moi même, dans notre salon, l’écoutions religieusement quand il parlait de ses courses qu’il avait remportées et des conseils qu’il distillait aux jeunes. C’était un homme riche d’enseignement, aussi bien sur le plan sportif que sur le plan humain. Il était très ami avec François Urien qui lui même a un palmarès impressionnant avec 3 titres de Champions de France chrono, un Essor Breton, 2 fois 2 ème du Tro Bro entre autre. Ils étaient des vrais potes qui marchaient à la passion. Il ne se passe pas un jour sans que l’on ne pense à Pierre Henri. Combien de jeunes savent aussi qui est François Urien quand ils courent contre lui? Ce qu’il a apporté au cyclisme Breton? Ce coureur est un vivier de conseils pour la future génération.
Ensuite, on roule aussi avec des cuissards noirs, comme à l’époque et nos casquettes vissées sous notre casque, comme pour nous rappeler qu’elles protègent nos souvenirs . »
Vous pensez que le cyclisme est différent maintenant ?
F.L.B: » On ne peut pas vraiment dire ça. Il a évolué très vite c’est sûr, mais je ne dis pas que c’était mieux avant, pas du tout, je n’aime pas ce genre de discours. Simplement qu’un certain esprit a disparu comme le facteur humain. C’est vrai que les jeunes sont plus impliqués désormais, ils s’entraînent comme des pros, avec des capteurs de puissance, de nouveaux outils qui leurs permettent de progresser mais il ne faut pas oublier les vrais valeurs du sport qui sont l’esprit de camaraderie, le respect des anciens et le partage des expériences, tout ce côté humain avec un peu de fraîcheur venus des anciens (rires).
Qui ne se souvient pas du magasin « Bretagne Vélo » à Brest tenu par Christian Esteves? Une petite boutique tenu par un passionné. Il y avait les cadres « vitus » qui nous faisaient rêver, des couvre-selles qui n’existent plus, des casquettes de partout et juste derrière un petit coin café qu’il avait installé où l’on parlait avec les pros de l’époque qui venaient lui rendre visite. Eux, ils n’hésitaient pas à nous donner des conseils, on était des gosses avec des rêves pleins la tête. On écoutait studieusement ces champions et le dimanche après midi on tentait de réciter notre leçon devant le peloton.
C’est pour cela que c’est aussi enrichissant de s’entraîner parfois comme avant. Partir avec son vélo sur un parcours difficile accompagné d’anciens champions qui vous enseignent leurs expériences durant ce moment. Leurs conseils sont beaucoup plus judicieux que n’importe quel programme ou outil électronique car ils viennent de l’homme avant tout. On a tendance à oublier ça je pense. Quand on écoute les cyclistes Anglais comme Wiggins ou Froome, ils connaissent tous sur les anciennes courses, les vainqueurs, leurs palmarès. Ils ont un immense respect des anciens et ils les écoutent énormémenttout en sachant tirer les leçons pour mieux progresser. La culture du cyclisme anglo- saxon est très imprégnée par le cyclisme des années 80-90, ils ont su conjuguer progrès et expériences des anciens, je pense que c’est la clé de leur réussite. »
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Milizac VTT Loisirs est une école d’apprentissage pour les jeunes routiers alors ?
F.L.A: » L’équipe route oui. Mais je ne pense pas que l’on ne va pas continuer cette aventure avec le club. Dernièrement, on m’a fait comprendre que la route n’était plus la bienvenue au sein du club. C’est dommage car de grands champions viennent du VTT comme Cadel Evans, JC Perrault et d’autres. Je pense que les 2 spécialités sont complémentaires. De nombreux clubs jouent sur les 2 tableaux, mais hélas pas chez nous à mon grand regret. Milizac est un grand nom dans le cyclisme Breton, spécialement dans les années 80-90. On voulait faire revivre cette image mais je pense que l’année prochaine, on ne fera plus parti de l’effectif de Milizac VTT loisirs. »
Qu’allez vous faire du coup ?
F.L.A: » On va trouver une solution, on est des anciens avec pas mal de ressources. Pourquoi pas créer une équipe du style « Casquetteurs »? C’est juste une idée lancée comme ça. Le mélange des anciens avec leurs expériences et conseils, ce côté humain avec la modernité des nouvelles techniques d’entraînement, ça peut donner de beaux résultats. On réfléchit, mais on sera encore là auprès de nos jeunes sur les routes. On fait de la résistance (rires). »